Chapitre 19 : Sur le camp

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Une trappe s'ouvre dans la grande porte en bois et laisse entrevoir une paire de jeunes yeux bleus plissés.

— Qui êtes-vous? demande l'homme en dévisageant Joseph.

— Je viens voir Sam, explique-t-il.

— J'ai interdiction de laisser passer qui que ce soit, lui annonce l'homme.

Joseph relève sa manche, retire sa montre et la passe dans la fente. L'homme la prend et l'observe un long moment sans réagir.

— Allez le chercher, s'il vous plaît, il me reconnaîtra.

— Je ne peux pas quitter mon poste.

— Alors envoyez quelqu'un lui dire que Joseph est devant la porte !

Alison s'avance et retire aussi sa montre pour la donner à l'homme. Il la prend mais ne s'y intéresse pas. Il dévore libidineusement la grande brune du regard.

— T'es mignonne, toi. Comment tu t'appelles?

Joseph souffle et s'approche de la porte pour que l'homme ne puisse voir que lui.

— Hé, écarte-toi garçon ! Tu ne vois pas qu'on discute avec la dame?

— Elle ne te parlera pas.

— Oulah, c'est ta pouliche, c'est ça? T'es pas partageur?

— Non, je... commence-t-il, énervé. On a une enfant avec nous qui a besoin de manger !

— Montre la gamine.

Joseph recule et vient soulever Manon pour qu'elle soit visible depuis la trappe. L'homme fait claquer sa langue d'agacement avant de disparaître en fermant la trappe.

— Qu'est-ce que ça veut dire? demande Alice.

— Je n'en sais rien, répond Joseph. Ils sont beaucoup plus méfiants que d'habitude...

— C'est quoi une pouliche? demande Manon.

Joseph n'a pas le temps de lui répondre que la trappe s'ouvre de nouveau sur un regard fatigué et ridé. Amélia a l'impression de l'avoir déjà vu quelque part.

— Hé ben ! Tu m'en ramènes du monde aujourd'hui mon petit ! s'écrit-il en voyant le groupe.

— Sam ! Les dieux soient loués ! s'exclame Joseph. Il faut absolument qu'on entre, on est en cavale.

— Ah, bah tiens ! Le contraire m'aurait étonné !

Il ferme la trappe et la porte s'ouvre lentement vers l'extérieur, obligeant le groupe à se décaler pour ne pas se faire bousculer. Amélia observe le vieil homme pour savoir d'où elle le connaît mais elle ne voit pas grand-chose à travers sa barbe hirsute et ses cheveux en bataille. Ils entrent dans le camp, Manon cramponnée à la main de Joseph, et suivent l'homme sous les regards curieux d'une trentaine de personnes assemblées sur leur droite. À l'écart du groupe, un grand homme aux épaules larges les observe et commence à les suivre de loin.

Sam les fait bifurquer dans une ruelle en terre et s'arrête devant une grande cabane en bois. Il sort une large clé et ouvre la porte avec un sourire aux lèvres. Joseph entre juste après lui et éclate de rire en voyant une chevelure courte blonde de dos. L'homme se retourne en l'entendant.

— Oh, putain, Chris ! s'écrit-il en se ruant vers lui pour l'enlacer.

Chris l'accueille dans ses bras et le serre de toutes ses forces avec un sourire surpris aux lèvres. Dès qu'ils se lâchent, Amélia vient prendre la place de Joseph et enfouit son visage dans le cou de Chris. Joseph recule d'un pas et les regarde s'enlacer alors que Chris, mal à l'aise, embrasse le crâne d'Amélia. Il avait bien compris ce qu'il se passait mais le voir était encore différent.

Exécution secrèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant