Chapitre 36

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Deux semaines plus tard, on passait une semaine dans la villa de rêve de l'oncle de Charlotte qui avait fait fortune dans l'immobilier. La maison était en haut d'une falaise avec une piscine à débordement dans la mer. C'était une villa d'architecte blanche aux formes rectilignes, elle me fit penser à celle de James dans les Hamptons. Non, je n'allais pas penser à lui, j'étais en vacances avec mes amis.

On passa la semaine entre restaurants, soirées, baignades, plages, apéritifs, rires, colères. Max et Charlotte avaient toujours une dispute durant le séjour. C'étaient deux tempéraments forts qui voulaient toujours prendre en charge l'organisation et parfois l'autre ne voulait pas suivre. Ils arrivaient toujours à se réconcilier. Plus je les observais, plus je trouvais que leur relation avait changé. Il y avait des regards échangés qu'ils n'avaient pas auparavant. Je fis par de mes doutes à Sophie.

- Tu as remarqué aussi ?

- Je me disais que je devais me tromper.

- Je suis sûre qu'il se passe quelque chose.

On les regarda se chamailler sur les points à compter en jouant au volley. Mon portable vibra me tirant de mes observations. J'avais reçu une photo de Georgina d'une main portant une bague ornée d'un solitaire scandaleusement énorme. « fiancée ! » ajoutait la légende de la photo. Je mis quelques secondes à comprendre ce qu'elle venait de dire. Paul l'avait demandé en mariage, je n'en revenais pas et elle avait répondu oui. Je ne pus retenir un sourire, j'étais tellement contente pour elle, pour eux.

Moi : Mais non ??? Oh la la, c'est fou ! La meilleure nouvelle que j'ai jamais reçue! Félicitations !

G : nous aussi

Moi : je veux tout savoir : la demande ?

G : dans sa cuisine il y a une heure, il avait fait le petit déjeuner, j'aurais dû m'en douter

Moi : genoux à terre ?

G : Evidemment ! Je n'aurais jamais dit oui autrement

Moi : il a assuré et la bague on en parle ?

G : je sais

Moi : elle est énorme ! et elle te va très bien !

G : je voulais te demander quelque chose

Moi : dis-moi

Elle m'appela en visio. Elle était dans l'appartement de Paul et souriait, ses yeux en amande brillaient, sa peau était lumineuse à la lueur du soleil de midi. Elle reprit un air sérieux mais malicieux.

- Ce que j'ai à te demander c'est uniquement de vive voix.

- Tu me fais peur.

- Je voudrais que tu sois une de mes témoins.

Je bloquais.

- Vraiment ?

- Je sais qu'on ne se connait pas depuis longtemps mais si tu n'avais pas été là, je ne sais pas si Paul et moi on serait ensemble.

- Je suis sûre que si, dis-je. Il n'aurait jamais lâché l'affaire.  Mais évidemment que j'accepte.

J'étais tellement touchée que j'en avais les larmes aux yeux.

- Merci !!! Cria-t-elle.

- Elle a dit oui ? Dit Paul derrière elle.

- Oui !

- Félicitations Paul, tu ne pouvais pas mieux choisir.

- Tout à fait d'accord. Tu es où ?

- En Espagne avec des amis.

- Wouah, ça a l'air beau !

- Très beau ! On est bien !

Il sourit à l'écran. Je mourrais d'envie de lui parler de James mais m'abstins, c'était leur moment à eux.

Je regardais mes copains autour de la piscine. Le soleil se couchait et était rasant. Tim et Sophie assis l'un à côté de l'autre, Charlotte chapeau sur la tête, le style à toute épreuve en train de lire un livre. Jean et Max qui se lançaient un ballon.

Ils avançaient tous, Tim et Sof construisaient leur couple, Max sa société et ce je-ne-sais-quoi qui se passait avec Charlotte qui était plus qu'une simple passade, et Jean, l'éternel ado qui travaillait sans relâche et qui construisait sa carrière pas à pas.

Je ne me sentais pas à la même vitesse qu'eux.

La trentaine était censée être la décennie de la construction, on devait moins se perdre et trouver un sens à sa vie. La mienne avait perdu tout goût depuis la mort de Léonard. Sauf quand j'étais avec James, me dis-je. Cela faisait presque deux mois que j'avais quitté New-York et pourtant j'avais l'impression que c'était la veille.

J'avais un sentiment d'inachevé mêlé à de la déception. Ma rupture avec James avait été brutale, j'avais l'impression d'être passée à côté de quelque chose, d'avoir raté une opportunité. Je m'en voulais de ne pas avoir dit quelque chose quand il avait rompu. Je l'avais laissé faire et je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'Amanda avait quelque chose à voir avec ce qui c'était passé. Non, James n'était pas du genre à se laisser influencer par qui que ce soit, Amanda ou quelqu'un d'autre. C'était un homme réfléchi et sûr de lui et pourtant j'avais vu sa carapace se fendre, l'associé senior devenait un homme drôle, spontané, l'inverse de l'image qu'il renvoyait chez Talian. Nous n'avions pas eu assez de temps, ce sentiment de frustration m'empêchait de pouvoir passer à autre chose. Il était partout, dans mes journées, à commencer par quand je mettais du lait dans mon café et que je voyais son regard désapprobateur, ou, dans mes nuits. Parfois, lorsque je fermais les yeux et que je me concentrais sur un souvenir, c'était presque si je sentais ses doigts glisser le long de mon bras et ses lèvres sur mon épaule.


De Paris à New-York : au-delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant