38. Instant de magie

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Je ne rêve pas, Alexandre me fait face. Il est métamorphosé. Ses cheveux sont plus longs, son teint pâle et de nouvelles ridules entourent ses yeux. Il est toujours aussi beau.
Une multitude de questions se bousculent dans ma tête. Il devait arriver dans cinq jours seulement, il me prend au piège et je n'aime pas cela.
— Que fais-tu là ?! m'écrié-je, décontenancée, en frottant mon visage inondé de larmes.
Passé l'effet de surprise, la colère et la honte me gagnent. Je me sens si vulnérable. Je ne suis pas maquillée, à peine coiffée. Ma maigreur est visible. Il me contemple d'un air grave, agenouillé à mes côtés, ses mains toujours apposées sur mes épaules.
— J'ai eu peur que tu prennes la poudre d'escampette... Je... J'ai menti sur mon jour d'arrivée, pardonne-moi... J'avais besoin de te revoir, tu me manques, je n'arrive pas à vivre sans toi, Delf. J'ai essayé, je te jure...
Il marque un silence sans quitter mon regard. Mon cœur bat à tout rompre tandis que j'essaye d'assimiler ce qu'il me confesse. Suis-je en train de rêver ?
— Comment vas-tu ? se reprend-il, plus calmement.

Alexandre a l'air sincère tout à coup. Il me connaît si bien. Je l'observe, mon cœur s'apprête à exploser. Je ne sais pas si c'est l'effet de surprise, de peur ou de colère peut-être... Ses yeux sont implorants, empreints d'authenticité. Je m'effondre. Il s'installe au sol à mes côtés et se penche pour me prendre dans ses bras. Je me laisse aller sans réfléchir dans cette rencontre réconfortante. Je me blottis dans ses bras musclés, son parfum de musc poudré pénètre dans mes narines et me plonge dans un tourbillon de souvenirs. Des soubresauts me secouent, comme si mon corps ne pouvait plus contenir ces émotions retenues depuis plusieurs mois. Je m'agrippe à ses bras, ma gorge geint, je ne retiens rien et pleure comme une enfant, resserrant mon étreinte de plus en plus fort.
— Je crois que ça ne va pas... je suis perdue... et je me sens si fatiguée...
— Ma chérie... lâche-t-il dans une plainte sincère.

Mon mari, mon ami du lycée, mon confident, le père de mon enfant. Voilà ce que je vois à cet instant précis. Ma colère se volatilise laissant place au chagrin. Je laisse s'écouler la culpabilité, la douleur, les doutes, je me vide de toutes les émotions négatives prises au piège dans mon corps meurtri. Alexandre se rapproche, désormais nos jambes en tailleur entourent nos corps respectifs, nos bras encerclent nos épaules, nos visages sont lovés contre notre cou. J'entends les reniflements de mon mari et comprends alors qu'il pleure aussi. Nous nous laissons porter par cet instant, ainsi agrippés l'un à l'autre, pris par l'urgence de trouver du réconfort.
Le temps s'étire, nos corps s'entremêlent. Alexandre caresse mes cheveux avec douceur, me renifle comme un animal, puis ses lèvres humides effleurent mon épaule. Il remonte en m'embrassant le long du cou, ses gestes sont de plus en plus pressants. Je me surprends à aimer ce contact, je crois qu'il m'a manqué. Une vague de chaleur me saisit, je bascule ma tête en arrière, m'accroche à sa chevelure et l'invite à poursuivre sans attendre.

Je suis certaine qu'il m'a manquée. Terriblement manqué.

Je frissonne, ma respiration s'accélère, les pleurs cessent et nous nous embrassons avec une impatience ardente. J'ai le sentiment que mon corps renaît de ses cendres. Alexandre attrape mon visage, caresse mes cheveux, pétris mes épaules, m'entoure de ses bras et me serre contre lui, sans quitter mes lèvres des siennes. Des larmes de joie perlent dans le coin de mes yeux. Oui, le bonheur de le retrouver. Je cesse de lutter et accueille cette émotion nouvelle en m'offrant à lui dans un lâché prise total. Comprenant mon invitation, Alexandre se lève sans cesser de m'embrasser et me guide jusqu'à la paroi du camping-car contre laquelle il me plaque fiévreusement. Ses gestes sont fébriles, ses mains agrippent mes seins et ma réponse est sans équivoque.
— Je ne peux pas vivre loin de toi, souffle-t-il. Je t'aime.
Mon cœur explose, mes jambes se redressent dans un saut et entourent ses hanches. Alexandre me porte à l'intérieur, en prenant le soin de refermer la porte derrière lui. Il m'installe sur le lit et me regarde dans les yeux pour obtenir mon consentement. Un baiser de ma part l'invite à poursuivre cet instant de magie. Il me déshabille, retire ses vêtements tandis que je me perds dans son regard. Il s'allonge doucement sur moi et je succombe immédiatement aux ondulations de son bassin. Ses mains se baladent sur ma poitrine, et sa bouche me couvre de baisers. Le rythme s'accélère, sa respiration se fait bruyante, il rugit presque et me susurre des mots tendres à l'oreille. Nous faisons l'amour dans une intensité jamais égalée. La chaleur de sa peau irradie contre la mienne, mes ongles s'y incrustent comme une invitation à intensifier ses mouvements dans l'antre de mon bassin. Ce geste le rend fou, il répond à mon excitation jusqu'à ce que nos corps se tendent dans une récompense ultime.

Les falaises ocreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant