Dix : Tentations

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Matthias.

Je suis excité

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Je suis excité. Putain, ça faisait longtemps. Erika est sexy et elle sait ce qu'elle veut. On a longuement discuté tous les deux au bar, après trois Margaritas que j'ai bu sacrément vite vu le bol que c'était, je suis plus vraiment sûr de réfléchir correctement et en réalité, j'ai juste envie de me faire plaisir.

Ces derniers mois, hormis m'astiquer sur des pornos, je n'ai rien fait de plus et la chaleur d'une femme m'avait manqué. Erika et moi nous sommes isolés, elle ne cesse de m'embrasser, son gloss a le goût de la fraise et ses fesses sont bien fermes dans mes mains. Elle tire si fort sur ma chemise que les boutons sautent, elle regarde un instant mon torse puis passe ses mains dessus en se mordillant la lèvre. Ses doigts s'accrochent à ma ceinture qu'elle défait bien rapidement, elle me jette un regard langoureux puis s'agenouille devant moi.

Elle commence à me masturber et me faire une fellation en même temps. Je me pince les lèvres, ferme les yeux, et laisse ma tête aller en arrière un instant. Bon sang que c'est bon et elle y prend plaisir. J'ai envie de l'attraper et de la...

— Je t'ai dit de me lâcher, putain ! Vous êtes tous complètement barges !

Je reconnais la voix de Julia et aussitôt, l'excitation redescend. Je repousse gentiment Erika et rattache mon pantalon à la hâte.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquit-elle.

— Je suis désolé, est-ce qu'on peut se voir plus tard ?

Elle hausse les sourcils. A la hâte, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je l'embrasse puis la laisse en plan et rejoins l'arrière du bar, là où Julia et son italien sont en train de se prendre la tête. Il tire sur son sac à mains qu'elle est bien décidée à ne pas lâcher, la bretelle de sa robe est déchirée et elle semble plutôt ivre, peu stable sur ses jambes.

— Tu prendras pas mon argent espèce d'enfoiré !

Je m'empresse de saisir le t-shirt moite de l'italien et le tire en arrière. Lorsqu'il lâche le sac de Julia, elle tombe sur les fesses, les cheveux devant le visage. L'italien s'agrippe à ma chemise déboutonnée, je le repousse et pris d'une violente pulsion, mon poing s'abat contre son nez qui se brise sous mes phalanges. Il tombe en arrière, à moitié sonné, par l'alcool et probablement par le coup qu'il vient de se recevoir.

Je m'avance vers Julia et lui tend la main mais elle la pousse brutalement, se relève, la jambe égratignée et récupère son sac.

— Ne m'approche pas toi ! gronde-t-elle.

Elle passe ses mains dans ses cheveux ébouriffés et me jette un regard. Son maquillage a coulé, ses yeux sont gorgés de larmes, elle est ivre.

— J'espère que tu t'es bien amusé avec ta rouquine... putain !

— Je te raccompagne, déclaré-je en la suivant.

— Non ! Vas baiser ta copine ! Je veux rester seule !

Elle part rapidement et je me retrouve seul avec l'abruti allongé sur le sol, les mains sur le visage en train de gémir. Je me frotte le visage frénétiquement, pousse un juron, serre le poing que j'aimerais frapper contre le mur mais je me retiens avant de me faire du mal. J'ai la fâcheuse tendance à frapper ce qui fait mal quand je suis frustré ou contrarié. J'ai de très mauvaises colères depuis l'Afghanistan mais j'ai travaillé dessus et ça s'est atténué. Parfois, au lieu de dire ce que je pense ou ressens, je préfère taper un mur et me casser la main plutôt que d'affronter mes émotions.

La route est longue vers la guérison mais j'ai presque atteint l'arrivée.

Mais là, j'ai merdé.

Quel con.


Je rentre à l'hôtel bredouille, les mains dans les poches, le torse à l'air. Je m'arrête devant la porte de chambre de Julia et tends l'oreille. A vrai dire, les murs ne sont pas très épais et je l'entends qui parle par téléphone avec quelqu'un.

— Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de tout foirer, Gabin ? Putain, tu m'écoutes ?

J'entends la voix de Gabin mais avec la qualité du haut parleur d'un smartphone, impossible de comprendre ce qu'il dit.

— Je suis trop conne... on ne me respecte pas, on ne me prend pas au sérieux et les mecs pensent que je dis oui à tout.

Elle pleure, ça s'entend dans sa voix.

— Merci... souffle-t-elle après avoir reniflé. Et puis, ce pauvre con de Matthias... aah... il m'énerve !

Aïe.

— T'as raison, reprend-elle après quelques secondes, plus sûre d'elle cette fois. Matthias a perdu. J'appelle mon père demain et je lui dis tout.

Putain. De. Merde.

Mon Garde du CorpsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant