~ XVII ~

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~ JAYDEN ~





Lundi, 17h29, Décembre.



     Assis dans un café, Baxton et Claire se chamaillent un marshmallow. Il parait que c'est le bonbon préféré de Baxt, mais il ment. Il adore la réglisse ce fou. Par contre, c'est véritablement les préférés de Claire, et il le sait. Il le sait si bien qu'à chaque occasion il lui en offre, tellement il est amoureux. Ils sont mignons et agaçants. L'étalage de leurs sentiments me rend maussade.

     L'amour c'est bien, je le sais. Au début ça l'est. Après ça se dégrade, les disputes s'accumulent, ainsi que les concessions, le mensonge, l'âge... et la mort. Il faut un mélange de tout ça pour que ce soit réel, authentique, vivant. Un mélange de conneries, d'erreurs, d'angoisses, et s'il y a de véritables sentiments, tous se termine par le pardon. Mon entourage a des soupçons de joie, de rire, de cadeaux et de bien être. Mise à part grand-mère qui a perdu sa raison de vivre, les couples que je connais ne vivent que pour l'autre.

     Et je n'ai pas eu le droit à cet idylle que je chérissais.

     J'ai été prit de plein fouet par la trahison, la peur, l'abus, et rien que le sexe. Karston et Oliver parlent de relation toxique provoquée par une obsession maladive de vouloir faire du mal. Une obsession qui ne provient que d'un sentiment répugnant qu'est l'infériorité. J'étais trop lumineux, trop parfait, trop inaccessible, disait-il. Il s'excusait, parfois. Des excuses creuses et dénuées de réel. Et j'ai été prit dedans, comme un engrenage qui ne peut s'arrêter si un boulon ne saute pas.

     Ce boulon il a finit par sauter. Ce n'était pas beau. Ils m'en ont tous voulu, j'ai failli faire de la taule, et tout a finit par s'arranger. En une menace, la plainte s'était envolée et mon calvaire enterré. Les restes de cette période ne se déclare que par des cauchemars, l'angoisse de me retrouver seul... d'avoir les yeux ouvert et n'y voir que du noir.

     Ce connard m'a ruiné toute envie de ressentir cet amour qu'ils ressentent tous. Je n'en veux plus. Comment pourrai-je faire confiance de nouveau alors que j'y croyais, à ce moment là ? Comment faire pour ne pas imaginer que tout se déroule à l'exactitude ? Que tout recommence ? Je ne serai pas capable de le supporter, ni de le remarquer. Je suis naïf.

     Assez naïf pour, au fond de moi, jalouser ce bonheur auquel ils ont goûté.

     — Jayden, mange le, finit par choisir Baxt en me tendant la sucrerie. Cette folle va m'étriper !

     — Je suis ta copine imbécile ! Râle-t-elle en levant les yeux au ciel, son sourire étincelant étiré sur ses lèvres fines. Je vais te frapper si tu oses le manger !

     — Moh mais poupette ! C'est pour mon halène fétide que je veux le manger !

     Je me marre tout seul au surnom pourri qu'il lui a donné, et Claire se rassoit sagement dans sa chaise. Leur délire bizarre de se surnommer de pire en pire a le don de bien m'occuper.

    — Espèce de chacal. Tu sais utiliser la ruse désormais ?

     Ils ne cherchent pas à être drôle, seulement à se lancer des piques en continue. Ils agissent en chien et chat depuis leur rencontre. S'ils ne s'insultent pas une fois dans la journée, c'est que l'un d'eux se sent mal. Ou que c'est moi qui ne suit pas d'humeur. Après tout, je suis une chandelle transportable en toute circonstance. Ils me trimballent partout comme si j'étais leur gosse, alors ils font attention à mon humeur.

     Ils se soucient de moi.

     Au final ils ont tranché le marshmallow en trois et j'ai eu ma part. Ces idiots auraient dû demander que les serveurs en mettent plusieurs dans le milkshake. C'est d'ailleurs étonnant que Brenda ait laissé passer une telle boisson avec si peu de condiments. Il y a eu du changement dans les cuisines ?

Sous les coups [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant