Sous les coups [BxB]

~ XXVII ~

~ AUSTIN ~

Dimanche, 15h00, Mars.

Brenda est un ange tombé du ciel. Il ne fait aucun doute que sa bonté égal ma culpabilité. Quitter mon poste sans l'en informer, sans m'excuser ni m'expliquer, ne l'a pas empêchée de m'aider à nouveau. Prendre sur moi a été le plus dur. Être en tord me fou mal. Pourtant, elle m'a accueilli les bras ouverts, attendant mon retour impatiemment. Elle savait que je reviendrai et n'a embauché personne pour me remplacer.

Cette femme est folle, car ce n'est pas tout ce qu'elle a fait pour moi. Non, elle est allée plus loin dans sa gentillesse démesurée. Lorsqu'elle a su que je ne pourrai pas réintégrer l'équipe de basket de la fac, elle a remué la terre et l'océan. Uniquement pour me trouver une équipe qui m'accepterait avec mes défauts, et mon putain de handicap. Sa volonté est si forte, qu'en une semaine, un coach a répondu positivement.

De ce fait, je suis actuellement dans un gymnase inconnu, entouré de jeunes délinquants aux petits prépuces, qui pètent tous plus haut que leur cul. C'est bien fait pour ma gueule. Il me suffisait d'aller en cours pour que l'on me garde non ? Tant pis. Ce groupe fera l'affaire. Tant que je peux jouer, je m'en fou d'avec qui ça peut être.

— Allez les gars, tous en rang ! beugle l'entraîneur chauve.

Sa tête est typique de celle d'un gars qui sort de prison. Ce qui est en réalité véridique, selon les dires de Brenda. C'est un reprit de justice qui a réussi à se relever en créant un club de basket. En conséquence, il adore s'occuper des jeunes délinquants, car il est franchement flippant.

— Aujourd'hui vous ferez des 3 vs 3. L'objectif est de trouver avec qui Austin a le plus d'affinité sur le terrain. Vous tournerez donc régulièrement, signale-t-il en frappant mon épaule pour me mettre en avant. Va avec eux, gamin.

Le pivot et l'ailier fort me font face. J'en conclus que je jouerai avec eux. Il semblerait que le capitaine soit celui de droite, un fin et grand type aux cheveux blonds flamboyants. Son nez aquilin et sa mâchoire carrée dessine un caractère compliqué. Il n'est en rien le capitaine que Karston était, je le lis dans son regard désapprobateur. Je ne serai accepté qu'avec des résultats.

Les adversaires sont le meneur, un arrière et un ailier. Génial. Je me positionne dans mon coin favoris, le côté gauche, près de la ligne de délimitation. Ne plus voir ne m'atteint pas autant qu'ils le croient tous. Certes, ça fait chier, et je galère pas mal. Sauf que je me suis entraîné comme un malade. Le cache œil me servait drôlement bien, au final, car sans lui, j'aurai été incapable de faire cette démonstration à cet instant.

Mes dribbles sont correctement effectués, mes trois points passent la majorité des filets, et mes passes sont attrapées sans difficultés. Ces idiots de la faculté étaient trop fluets pour que mes balles ne les ébranlent pas, s'il s'agissait d'autre que Karston ou Cole, en général. La force que j'y mets plait à mes coéquipiers qui suivent le mouvement et mon rythme.

A la fin, nous menons tous les matchs. Je change trois fois de partenaires à la demande calculée du coach qui observe attentivement. Deux heures et demi passent, pour que je sois remis avec les deux premiers. Sans surprise, c'est avec Félix, le capitaine, et Ryker, le pivot, que je m'entends le mieux sur le terrain. Si je ne vois pas assez, ou que je me sens fébrile quant à l'attaque, la passe va à Ryker. Alors que quand je tente une percée pour attirer l'attention, c'est Félix qui la reçoit avec joie.

— Parfait ! Venez tous ici !

On obéit sagement à Warren, l'entraîneur. Ici, pas de demoiselle pour nous servir à boire. On doit se démerder, de même pour les serviettes ou la bouffe.