Sous les coups [BxB]

~ II ~

~ JAYDEN ~

Lundi, 16h15.

Je suis venu chercher mon cousin, ce con a éraflé sa bagnole il y a deux jours et elle est encore au garage. Alors je me tape les trajets car il déteste les transports en commun. Il a de la chance que mon dernier cour se soit terminé à 16h00. Une heure d'attente ce n'est pas la mort.

Une fois dans le gymnase je compte automatiquement le nombre de tête que je ne reconnais pas de l'année dernière. Les premiers années ont l'air de galérer à se faire à leur nouvel environnement, c'est normal, c'est le stress de la rentrée. Il n'y en a qu'un, qui se révèle à mes yeux comme un très bon joueur.

Le tatoué au regard sombre.

Il use de force pour passer les balles, elles semblent simplement voler, toujours au bon endroit et au bon moment. Il est putain de bon. Et putain de beau.

Ses biceps se contractent et se décontractent à chaque mouvement, ses tatouages se mouvant sous ses gestes calculés. Telle une bête sauvage, il garde ses distances, il parle avec ses yeux bleus métallique et ça me passionne. Sa façon d'être attire notre attention, du moins, il a entièrement la mienne, mais il ne le remarque pas.

Ce n'est qu'une fois que Karston vient me voir après lui qu'il daigne poser son dévolu sur ma personne, alors que je retire le miens de lui. Il est intrigué, je le ressens.

Mon cousin me fait son pitch habituel, que j'écoute brièvement. Il m'explique qu'il a des aprioris mais qu'il est content du nouveau, qu'il me montre en tournant la tête vers lui. Et là, il me donne son prénom.

Austin.

Mes yeux posés sur son visage, je remarque qu'il me dévisage de la tête aux pieds, en commençant par ma montre. Ses sourcils, toujours froncés, appuient la forme de sa cicatrice qui me frappe seulement. Elle lui offre un air plus dur, plus féroce. J'aimerai l'observer de plus près, mais je me force à garder mon cul sur ce banc.

Et il part, son ballon à la main.

- Il n'est pas bavard, et ne semble pas s'intéresser à nous, me souffle Karston.

- Un animal sauvage que vous devez apprivoiser.

Il les mordra. Il leur parlera mal, voir pas. Cet Austin à l'air aussi agréable qu'un loup blessé par un piège de chasseur. Qui l'a blessé ? Qui le soignera ? Ça m'intrigue autant que ça me donne envie de rester à ma place. Je suis un boxeur sans attaches, ma vie et ma conscience ne sont que pour ce sport. Je n'ai pas le temps d'avoir l'esprit ailleurs.

- Bonne chance, je plaisante et Karston me suit dans mon rire. Je t'attends à la moto ? Je suis garé comme d'hab.

- Euh... en fait le coach a donné une demi-heure de plus pour les p'tits jeunes... je suis obligé de rester.

- Je vais les flinguer.

Je ne supporte pas de rester à l'université alors que je pourrai aller courir, ou m'entraîner à la salle sur le ring ou au punching-ball. Je perds mon temps et ça m'énerve.

Il me balance un excuse sincère et je me contiens donc. Ce n'est pas de sa faute. C'est celle des gamins. Alors je ferme gentiment ma gueule et jette toute ma haine à travers mes yeux sur les p'tits nouveaux. Autant leur foutre la trouille pour leur passer l'envie de faire à nouveau les cons.

Une fois qu'ils vont tous dans les vestiaires je sors et me dirige vers ma moto. Autant attendre avec elle, une compagnie dont je ne me passe pas. J'ai envie de me tirer une clope. Mon désir de nicotine augmente de jour en jour. Au lieu de ça, je sors de ma poche une sucette à l'orange, mon goût favoris.