~ XXXIII ~

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~ JAYDEN ~






Samedi, 8h30, Avril.



     Les visites étaient autorisées depuis une petite demi-heure. J'étais le premier à bousculer les infirmières à l'entrée, leur demandant avec ardeur si Austin était réveillé. Sur les papiers, Austin était seul, abandonné aux affaires médicales sans quiconque d'inscrit qu'il faudrait appeler en cas d'urgence. J'ai comblé ce vide avec mon nom, mon numéro, mon adresse... tout ce qui faisait mon identité est devenu le signe qu'il avait quelqu'un à ses côtés.

     Si l'hôpital ne m'avait pas contacté, c'est qu'il allait bien, disait mes parents. Aller bien est un grand mot, avec un poids qu'ils ne prenaient pas en compte lorsqu'ils l'ont prononcer. Qui, allonger misérablement dans un lit blanc, au milieu de câbles et d'une odeur trop propre, peut se vanter de dire qu'il va bien ? La vision d'Austin endormi est loin d'être présente. Elle représente un fardeau si lourd que je suis contraint de m'assoir pour le supporter.

     Trois balles. Un compte ridicule si l'on mentionne le basket, mais ahurissant une fois qu'on s'écarte sur le chemin obscure. Caleb a tiré à trois reprises sur celui à qui la vie se devait de donner le meilleur d'elle même. Son échec est cuisant de réalisme. Ne voit-elle pas qu'il a assez souffert pour le restant de son existence ? Ou, a-t-elle fait le choix égoïste que c'était la fin de sa course effrénée ?

     Le fauteuil sur lequel je repose, est dur et gelé. Il n'est que l'évocateur de la froideur que représente la mort. La blancheur de la chambre est un drap de neige qui recouvre toute chaleur, étouffant la moindre lueur de vie sous son sillage. Les allers et retours des infirmières, du médecin, sont les annonciateurs d'un mal qui détruira l'intégralité de mon être. Les annonces qu'ils s'évertuent à m'annoncer sont toutes aussi ridicules les unes que les autres.

     — Votre ami n'est pas dans le coma, répéta-t-elle, à cinq reprises, afin que je l'assimile.

     — Pourquoi il ne se réveille pas ?

     — Nous pensons qu'il s'agit d'un effet secondaire des sédatifs sur son organisme, ainsi qu'une fatigue extrême accumulée depuis trop longtemps, m'explique-t-elle en rangeant son calepin. Ne vous inquiétez pas, il finira par rouvrir les yeux. Il n'est plus en danger.

     Elle sourit généreusement et s'éclipse. Dix minutes avant elle, le médecin était venu à son chevet pour surveiller certains points qui le chiffonnaient. Selon son expertise, Austin fut accro à certaines substance par le passé, de ce fait, son corps réagit d'une manière extrême à ce retour forcé. Tout ce que je sais, et ose comprendre, c'est qu'il n'y a qu'un fautif à ce foutoir qui s'acharne sur mon estomac.

     Mes doigts qui ne voulaient pas se séparer des siens, ont été libéré par l'un des arrivants. La chambre, auparavant si terne et affreuse, s'est soudainement peint de couleur et de rire. Félix, Ryker, Landon et William, se sont groupés autour du lit en blaguant pour détendre l'atmosphère. Leur tentative désastreuse ne m'a ni atteinte, ni soulagé. Ma conscience n'était qu'un amas de liens enchevêtrés qui ne se défaisaient pas, augmentant un stress incongru et invivable.

     Ils m'ont comté l'attaque, chacun leur tour, appuyant sur des détails si insignifiant et pourtant si criant de nécessité. Les faits, j'avais besoin des faits. De tout ce qui pourraient me créer une scène exacte de ce qu'ils avaient enduré. Je me confondais dans la folie de l'absence de ses mots, les seuls qui auraient pu me rassurer.

     L'indigeste peur qu'il préfère ne jamais se réveiller, était une idée qui se ressassait sans cesse dans mon esprit. Il n'est pas dans le coma. Tout dépend de lui, n'est-ce pas ? S'il ne le veut pas, il ne les rouvrira pas, ces yeux qui me font perdre la tête.

Sous les coups [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant