~ PROLOGUE ~

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~ AUSTIN ~





Septembre.
Dimanche, 11h30.


Affalé sur le vieux banc de l'église, je ne retiens pas ma jambe droite de bouger frénétiquement. Je n'en peux plus d'être assis là à faire semblant d'écouter un vieux croulant aux paroles saintes et ridicules. S'en suit un discours à gerber et hypocrite de mon oncle à la tenue pimpante. Ses larmes de crocodile ne font d'effet que sur la dizaine d'enfoirés qui perdent leur temps autant que moi.

Vivement qu'on la mette en terre, que je me casse. Je ne sais même pas ce que je fous là. Pour la forme ? Pour l'argent de mon oncle qui m'a fait du chantage pour venir ? Sûrement ça ouai.

Lorsqu'il faut dire adieu au cadavre je me lève et me dirige au cercueil. Ma génitrice est étalée de tout son long entre les parois, apprêtée d'une robe somptueuse qu'elle ne mérite pas. Son maquillage alourdis ses traits disgracieux qu'elle doit à la drogue et l'alcool, mais elle est belle, elle fait vivante. Pourtant elle est bien morte, il y a une semaine. L'un des plus beaux jours de ma vie.

Je lâche un rire amère et tourne le dos à l'horreur qu'elle est, sous les cris de mon oncle qui m'ordonne de revenir. Il m'a déjà fait le virement, je m'en tape de rester plus longtemps.

Je descends les quelques marches et me dirige vers ma voiture en piteux état. Je tire une clope de mon paquet, l'avant dernière, et me l'allume rapidement. Je grimpe à l'intérieur et démarre en trombe, hâtif d'arriver à ma destination. Je traverse la ville, puis une autre, et enfin j'arrive au cimetière, le seul où j'ai un jour mît un pied.

Je me dirige au fond, du côté où il n'y a ni marbre ni fleurs, rien, seulement de la terre battue. La tombe devant laquelle je m'arrête est récente, et ça me tue de savoir que notre génitrice est morte la même année que lui. Un petit cadran est l'unique chose qui informe de qui il s'agit.


"ÉDOUARD"
18/05/95 - 18/05/20
Un frère et un ami aimant


Il n'y a pas de nom de famille, nous n'en avons pas. Jamais déclaré à la naissance, une horreur pour faire nos papiers. Malgré ça on est resté. Pas de foyers, pas de familles d'accueils. Seulement deux garçons paumés dans une maison de tarés.

- Elle est morte Ed.

Je sais qu'il ne m'entend pas. Je ne crois pas en ces conneries de l'au-delà, des âmes ou de la réincarnation. Mon frère est mort, il a disparu le jour où il a arrêté de respirer. Je ne veux pas me morfondre d'avantage, il se foutrait de ma gueule, et je détestais ça.

J'opte pour fumer ma dernière clope. Celle qui signera la fin de cette vie minable qui m'a été offerte à leurs côtés. J'aime mon frère, mais il n'était pas un saint, loin de là. Je ne le suis pas non plus. Ça, on le doit à notre salope de mère, qui n'a laissé derrière elle que des déchets, dont je fais partis.

- Je ne reviendrai plus.

J'avais passé mon été assis contre l'arbre en face de sa tombe. Mon hommage avait été long, mais il est terminé. Je n'ai pas fais mon deuil, c'est douloureux, mais je ne pleurerais plus. Sa mort était l'exception à ma promesse d'enfance, et je ne la trahirai plus.

Sous les coups [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant