~ III ~

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~ AUSTIN ~





Mardi, 23h00.

C'est mon premier jour en tant que videur alors je ne dois pas faire de la merde. Hier j'ai bien géré mon rôle au bar-restaurant, et je dois faire de même ici, car je reviens vendredi soir et samedi. Trois jours par semaine, tandis que pour le resto c'est cinq. Les deux payes me sauveront de la misère alors je tiens à faire bien.

Évidemment, il fallait que trois connards fassent chier un adolescent inconscient pendant mon tour à l'intérieur. Je n'ai pas su retenir ma force et l'un d'eux a vu le sol de très près. Il est rouge de colère. Le pauvre, il ne se rend pas à l'évidence que son avis, je m'en tape. Il pourrait crever la bouche ouverte que je ne bougerai pas un doigt pour lui.

Je déteste me répéter. Lorsque j'ai dis ce que j'avais à dire, si on ne m'écoute pas, ce n'est plus de mon ressort. Alors ce connard qui me toise comme s'il était triple champion du monde de karaté me fait bien marrer. Qu'il essaye de m'en mettre une pour voir. La légitime défense me laissera lui casser un bras.

- C'est bon on va y aller, déclare le barbu, le plus censé des trois. Allez les gars on se casse !

Ils rechignent un moment mais un regard dans ma direction leur suffit pour se liquéfier telles des merdes pendant une chiasse. Ils fuient.

J'attends de voir qu'ils sont bien sortis pour tourner le dos et observer l'adolescent en manque de cul. Un imbécile qui ne sait pas que les interdictions ne sont pas là pour être transgressées. Cependant, je ne lui ferai pas la morale. J'ai fais pire et ça fait de moi quelqu'un d'absolument pas légitime pour faire la leçon.

Par contre il y en a un qui ne se garde pas de le faire. Le motard aux yeux sombres l'incendie de mots brûlants d'autorité. Sa mâchoire se meut sous ses paroles, le biceps gauche contracté sous sa chemise serrée. La nouveauté est ses deux boucles d'oreilles qui pendent dans son cou, chatouillant sa peau blanchâtre.

Merde. Il est canon.

Je ne sais pas pour quelle raison il a joué avec moi cette après-midi, mais j'avoue que ça m'a bien aidé. Je devais travailler ma vision. Ma façon de combler mon léger handicap. L'équipe n'est pas au courant, le coach veut qu'ils le découvrent eux même sur le terrain, et moi j'essaye de camoufler ça comme je le peux, à sa demande. C'est un test. Ce n'est pas moi le visé, mais bien eux.

Puisque c'est mon travail, je m'approche des deux et me racle la gorge pour attirer leur attention.

- Carte d'identité.

Le gamin se mord la lèvre inférieure et me la donne. Je sais direct que c'est une fausse, j'en ai vu quarante des similaires en cinq ans. Ed nous en faisait souvent. Je sais reconnaître ceux qui fraudent. De toute manière son langage corporel parle pour lui. Des gouttes de transpiration, respiration rapide, regard fuyant, mordre sa lèvre... il est si évident que ça m'en crève les yeux.

- La vraie.

- C'est celle là je vous jure !! S'égosille-t-il, me faisant serrer les dents.

Je hais les mensonges, autant que les retards.

- La vraie, répété-je avec plus de hargne.

- Allez gamin, donne lui ton âge... il va te bouffer tout cru si tu ne te dépêches pas, s'enquiert le motard.

Son intervention a le don d'être utile car il me tend sa véritable carte. 16 ans. Il est au lycée et il vient en boîte de nuit où tous viennent pour trouver un mec à qui l'enfoncer. Ou pour se la prendre.

Sous les coups [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant