Sous les coups [BxB]

~ XXIX ~

~ AUSTIN ~

Mardi, 23h56, Avril.

     Deux dents en moins, un hématome au foie, un bras brisé, des côtes cassées, un traumatisme crânien. C'est ça. C'est ce qu'il a vécu. C'est ce dont il ne se souvient pas. Les séquelles physiques. Brett Hecker. Oh Brett Hecker, tu as commis une erreur. Celle d'hanter les cauchemars de Jayden. Celle d'être dans sa ville. Celle d'être si souriant, ton verre de vokda à la main. Crois-tu que le monde est beau ? Il ne le sera plus pour toi, car il a mit gueule d'ange sur mon chemin.

     Il est dans sa maison, à rire devant la télé avec ses amis. Si ce n'était pas eux avec lui ce soir là, ce n'est pas grave. Ils restent coupable d'être en lien avec ce connard. Tout coupable mérite punition. S'ils ne sont pas en prison, c'est que Jayden s'est vengé, n'est-ce pas ? Il a certainement tabassé ces déchets. Et ça n'a pas suffit... ils vont bien. Il s'est attaqué physiquement à eux. Alors qu'il est atteint mentalement.

     Du moins, pour l'instant.

     Mes pieds me guident dans le jardin. La caméra de surveillance n'a pas la moitié de la vigilance de celle de Jayden. C'est une babiole, à mes yeux. Il n'y a qu'une seule chambre au rez de chaussé. Il s'agit de la piaule de la mère. C'est celle que je vise en priorité. Je toque gentiment au carreau, puis attend qu'elle vienne l'ouvrir. La femme qui s'affiche sous mes yeux, est morte. Elle n'a pas un signe de vie dans son regard. Elle va s'éteindre.

     — Fermez votre porte à clé.

     Pas une bribe d'un fort caractère ne s'échappe d'elle. Sa soumission est totale, que ce soit face à mon ordre ou car je suis un homme, elle obéit. Son fauteuil roule jusqu'à la serrure qu'elle comble d'une clé. L'odeur qui émane de cette pièce me donne la gerbe. Depuis quand n'a-t-elle pas reçu de soin ? A quand remonte sa dernière toilette ? Bordel. Je vais détruire ce fils de pute.

     Ma seconde destination est la cave. En général, les baraques comme la sienne ont leur compteur électrique au sous-sol. Jackpot, je ne me suis pas foiré dans ma déduction. Après tout, j'en ai cambriolé assez pour le savoir. Mon but est simple, il me suffit de tout faire disjoncter. Il doit faire noir dans toute la maison. Sinon, ils ne trouveront pas cela drôle ?

     Une fois fait, je remonte et escalade la façade, une lampe de poche dans la bouche. J'atterris dans une salle de bain après avoir brisé la fenêtre avec délicatesse. Les abrutis gueulent en bas, rageant sur la télévision qui ne fonctionne plus. Ma curiosité me pousse à ouvrir toutes les pièces. J'ai besoin de savoir où. De voir par moi-même la pièce qui le hante. Il me faut voir pour ne serait-ce qu'imaginer ce qu'il a pu ressentir. Lorsque je trouve la chambre de Brett, je comprends.

     Il n'y avait rien. Rien qui puisse lui faire échapper à cet enfer. J'aperçois une batte de baseball dans un coin. Les initiales B.H y sont gravés. Quel heureux hasard que ce bâtard ait laissé le cadavre de son sport ici. Quelle joie d'apprendre que je vais pouvoir l'y remettre. Il sera fou de joie de jouer à nouveau, alors que l'alcool a détruit tout ses espoirs, non ? Un rire jaune me traverse. L'enquête que j'ai mené sur sa personne n'était pas longue. Il avait un avenir et il l'a bafoué. C'est simple.

     Mon gant touche la dureté du bois. Bien, il est temps. Je fais demi-tour et frappe le mur avec la batte. Elle est solide, c'est parfait.

     — Putain c'était quoi ça ? braille l'un d'eux en bas.

     Je brise un cadre photo, une porte... je veux leur attention, qu'ils écoutent attentivement les mots que je vais leur adresser. Qu'ils tremblent sous mes paroles.