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~ AUSTIN ~





Lundi, 8h00.

Le campus est inutilement grand. Si je ne m'étais pas forcé à le visiter lors de la seule fois où j'y ai mis les pieds, pour rencontrer le coach, je m'en serai voulu. Car même perdu, je ne demanderai pas d'aide.

Aider c'est hypocrite. C'est avoir la satisfaction et le besoin de se dire "j'ai fais un truc bien, aujourd'hui". Souvent c'est ceux qui sont parfaits, ceux sans aucun défauts, qui adorent faire ça.

Les gens friqués qui se donnent de grands airs en aidant les pauvres.

Ces personnes me donnent la gerbe. Je ne suis pas une âme à sauver, leur aide je m'en tape. J'ai eu besoin d'aide quand j'étais petit, j'en avais demandé, j'ai essayé d'en recevoir. On m'a juste craché à la gueule comme un malpropre. Qu'ils aillent tous se faire foutre maintenant. Même cet oncle à la con qui s'est rendu compte à la mort d'Edouard que j'existais.

Je vais à l'administration, je prends mon emploi du temps en format papier, mes codes pour me connecter à mes comptes et tous les trucs chiants.

À me rendre à l'évidence, je n'ai pas cours avant 9h00, et j'ai entraînement dans l'après-midi. Ça me laisse le temps de taxer l'électricité d'ici en branchant mon téléphone à une prise, dans la cafétéria. J'ai pas l'argent pour abuser du courant de chez moi, je n'utiliserai pas le frigo pour le moment. Pas avant d'avoir eu ma première paye, le mois prochain.

Je ne me sens pas à ma place, et les étudiants ne m'y aide pas. Leurs regards curieux me courent sur le système. Ça m'agace.

Je ne suis pas une bête de foire. Pas l'un de ceux qui aiment recevoir de l'attention. C'était le truc d'Ed, pas le mien.

Il parlait, je suivais.

Mes vêtements noirs et délavés ne font qu'appuyer leur envie de deviner ce que je fous ici, dans cette cafet' toute propre. Des nouveaux, tous les ans y'en a plein, c'est juste moi. Moi et mes tatoos. Moi et ma cicatrice.

Elle barre mon visage, de mon sourcil au milieu de ma joue. Mes cheveux la cachent en majorité, mais elle est bien là. Ils la voient et ça m'énerve car leur attention se porte sur elle. Putain d'abrutis. Ils n'ont pas de vie. Je quitte vite fait les lieux lorsque l'heure arrive.

Le cour de 9h00 est barbant à souhait. L'amphithéâtre est plein à craquer, et moi je suis assis comme un con tout au fond. Je n'ai rien. Pas de cahier, pas de feuille, pas de stylo. Je n'ai pas l'argent pour acheter ces merdes. Sauf que je dois être présent, le coach m'a donné une feuille à faire signer en fin de cour pour s'assurer que je n'en rate aucun. Je n'ai pas le choix.

De ce que j'ai compris, on m'a foutu dans la filière de sport, j'étudie donc des trucs sportifs, pour au cas où je devrais devenir coach dans le futur. C'est un bon compromis, de toute façon à part ça ou être joueur, je n'ai que le cambriolage comme atout.

J'étais à chier au lycée, je n'y allais même jamais, c'était une simple torture. Un endroit où on regroupait tous les jeunes du même âge, tous en trop pleins de sentiments et émotions nouvelles, avec des envies totalement différentes. Je passais donc mon temps avec Ed.

C'était le bon temps.

À 11h00 le prof nous lâche, je me hâte dans les marches et lui fourre la feuille sous le nez. Il comprend qu'il doit la signer et me la rend.

Sous les coups [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant