~ XXXIV ~

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~ AUSTIN ~





Mardi, 4h58, Avril.



L'impression qu'une armée de fourmis de glace grimpent à l'intérieur de mon bras, me démange et me force à arracher la perfusion plantée dans le plis de mon coude. Émerger de ce sommeil a été plus fastidieux qu'il n'y paraît. L'impression d'être coincé dans son propre corps, sans pouvoir se lever, bloqué dans un rêve sans fin, n'a rien d'agréable. Se battre pour se réveiller n'est pas commun, pas au point d'en transpirer à ce niveau... Quelle saloperie m'ont-ils donné ?

Je ne préserve nul bons souvenirs dans les hôpitaux, de quoi me mettre sur pied dès ma reconnexion avec le monde. Puisque mon dossier médical est soigneusement resté à l'autre bout du pays, ils n'ont pas su. Ils ne savaient pas que j'étais né en étant accro à de nombreuses drogues et médicaments. Merci la mère pour n'avoir jamais arrêté, pas un seul instant de sa grossesse, à pourrir sa vie et la mienne avant qu'elle ne commence. Elle ne l'a fait qu'avec moi. Édouard en a eu de la chance.

Cette connerie m'avait provoqué des retards d'élocution, de croissance... Mon existence était vouée à l'échec sans que je ne puisse rien y faire. Elle avait fait des choix sans penser à ce que je devrais subir, à ces conséquences désastreuses qui ne m'ont pas aidé à me faire une place. Catégorisé comme une ordure avant de savoir marcher, avant d'être capable de parler... avant d'être en mesure de réfléchir.

Mes pieds nus rejoignent le sol avec flegme. Être assis est une épreuve que je ne croyais pas si dure jusqu'à aujourd'hui. Les pansements m'arrachent la peau à chaque mouvement, chaque respiration. Les effets de l'anti-douleur sont encore là, car il est impossible que je ne souffre pas des blessures qu'il m'a infligé. L'une de ses balles a frôlé ma hanche, assez pour que sa brûlure atteigne mes côtes. Une autre a traversé ma cuisse, tandis que la dernière a fait son trajet dans mon épaule.

Par réflex, je lèves les deux bras, puis me met debout. Tout fonctionne. Mes muscles endoloris suffisent pour me rassurer et me faire soupirer de soulagement. A quoi bon vivre si je n'étais plus apte à bouger ? A jouer ? Un second handicap aurait marqué la fin de mon aventure, mon mental n'aurait pas suivit. J'en ai ma claque. Je suis fatigué. Épuisé de faire face. Perdre la vue n'était pas suffisant ?

Ces questions ridicules sont écartées par mon extrême envie d'uriner. Bordel. Je marche jusqu'aux chiottes et me libère de cette compression. La seconde suivante, je me rappel que dans les hôpitaux, on est à moitié à poil. Putain. Sortez moi d'ici où je vais sauter par la fenêtre. Je cherche désespérément des vêtements potables, mais rien. Que dalle. On m'a dépouillé sans m'apporter de quoi me changer.

Si cela suffisait à me décourager, ils se sont tous fourvoyés. Décidé à me barrer, j'ouvre la porte de ma chambre, dans un silence parfait. Mon aptitude au cambriolage me servira de nouveau pour me sauver. Qui plus est, si les infirmières savaient que je m'étais réveillé, elles finiront par me faire chier avec le paiement des soins, non ? Dommage pour eux, je suis fauché. Et j'ai déjà une dette chez leurs confrères qui s'élèvent à bien trop pour que je ne fasse pas un syncope en tentant de la rembourser.

Mes pas me mènent à un panneau qui m'indiquent à quel étage je suis, et quelle direction prendre pour les escaliers. Accepter de monter dans l'ascenseur me renverrait illico sur ce lit merdique que je viens de fuir. C'est sans un doute que je sais les infirmières et internes de gardes, en bas, près de l'accueil et de ce fait, en face des ascenseurs. L'expérience a du bon, finalement. Ces abrutis construisent toujours tout de façon presque identique.

Ce qui n'était pas dans mes plans, c'est qu'un patient avec le bras dans le plâtre se pointe sous mon nez, attiré telle une mouche par le distributeur de snacks. On se toise une minute, puis il finit par me sourire après avoir donner un coup de pieds à la machine.

Sous les coups [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant