~ XXIII ~

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~ AUSTIN ~





Mercredi, 13h09, février.



Taylor range les courses que nous venons de faire pendant que je monte la commode de la chambre. Ce qu'elle a fait en mon absence est incroyable. Elle a appelé quelqu'un pour la moisissure, puis a repeint tous les murs, seule. Ayleen et sa famille lui ont proposé leur aide, mais elle a refusé.

Selon elle, cet appartement est notre foyer à nous. Un foyer que nous partageons et que nous devons être les seuls à rendre meilleur. L'assurance qu'elle a prise me fait plaisir. Elle fait moins misérable. Elle ne se force pratiquement plus à être celle qu'elle n'est pas.

— Hélène m'a montré comment faire du poulet à la crème, m'annonce-t-elle. Tu veux essayer ce soir ?

— Peu importe.

Je frappe deux coups dans le bois de merde et ce meuble est enfin monté. Je ne sais pas qui a inventé la notice, et je le maudis. Il a fait son boulot à l'envers.

— Il ne sera pas aussi bon que le plat qu'elle nous a fait dimanche, marmonne-t-elle.

— Je m'en tape. Ça se mangera.

— Tu pourrais tout manger ?

— J'aurai toujours mangé pire.

Elle ne me répond pas. Ma réponse l'a touché. Je n'ai pas fait attention à mes mots et j'ai simplement sortit une évidence, sans filtre. Il y a eu des jours où voler dans les frigos étaient une nécessité, que ce soit périmé ou pas. Des fois où on mendiaient dans les restos pour bouffer les restes. Les cambriolages nous aidaient à ne pas crever. Ils ne nous sauvaient pas de cet enfer, au contraire. On y plongeait sans cesse.

Puisque Vynn s'est décidé à continuer à me payer, cet argent nous permettra de vivre, elle et moi. Ce n'est pas autant que mes deux anciennes payes cumulés. Heureusement que le plus gros des travaux a été fait pendant que Taylor avait encore son compte d'ouvert. Après tout, elle avait retiré une somme importante avant que la banque lui refuse l'accès.

Savoir qu'elle avait tout prévu prouve qu'elle a conscience que son père ne changera pas. Il est plus ignoble que je n'osais le croire. Espère-t-il qu'elle finisse par revenir ? Pauvre de lui. Cet homme est un imbécile à qui il faut une bonne droite. Je ne laisserai Taylor aux mains de personne, si ce n'est à la famille de Jayden.

— Est-ce que tu iras à la fac, demain ? demande-t-elle avec réticence.

— J'y réfléchis.

L'université m'a appelé à de nombreuses reprises. Je n'ai pas répondu, excepté hier. La secrétaire dit que je devrais au moins participer aux cours que la bourse m'a payé. Il parait que le coach a maintenu ma place dans l'équipe, et donc elle n'a pas sauté malgré mes absences. Jayden m'a expliqué qu'il l'avait fait pour m'éviter de devoir la rembourser.

La gentillesse de cet homme ronge ma culpabilité. Elle me bouffe de l'intérieur. Je ne lui ai rien apporté contrairement à lui. Je n'ai joué qu'à six matchs officiels. Bien que nous les ayons tous gagnés, ça n'est pas le tiers de ce que l'on m'a offert.

J'ai beau lui avoir dit que j'y réfléchissais, ma décision est en réalité prise. Jayden, ce petit con, ne m'a pas laissé le choix. Il compte reprendre les cours particuliers qu'il m'avait proposés. Un seul n'était pas suffisant... de plus, j'ai énormément de choses à rattraper. L'ultimatum était clair : si je continue à sécher les cours, c'en est finit des pipes et des branlettes.

Sous les coups [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant