Un monde de masque et de magie

Chapitre 20 (Kallias)

Je sentis un pic d'énergie provenant du lien me reliant à Lylina, et une profonde colère l'accompagnait.

Je me demandai ce qu'il s'était passé, je l'avais laissé avec Kisa, et normalement il ne devrait rien lui arriver, cependant je ne comprenais pas la raison de cette émotion soudaine.

Je me levai de la chaise, sur laquelle j'étais assis, et me dirigea vers le portail le plus proche, allant la voir.

Entre âmes sœur, lorsque qu'on croisait le regard de celle qui nous est destinée un lien se concrétisait, reliant les deux âmes comme les deux face d'une même pièce, quand l'un éprouvait une émotion forte, comme dans le cas présent, l'autre le ressentait et la partageait. Le seul moyen de couper cette connexion était le rejet d'un des deux membres.

Une rage commença à fleurir en moi, telle une fleur empoisonnée, avide de partager son pollen. Le plus perturbant était sans nul doute que j'en ignorais la cause.

Une fois sur le terrain d'entraînement, je vis une orbe de lumière entourant une personne et un puissant sentiment s'en dégageait et faisait suffoquer les personnes aux alentours. J'étais le seul à ne pas être affecté, même Kisalia avait du mal à respirer.

Le relâchement de son pouvoir ne faisait que confirmer mes doutes à son sujet, elle était extrêmement puissante, et ses années passées à réprimer sa force ne l'avait pas préparé à l'utiliser.

Je m'approchai prestement de Kisa, et lui demandai la raison de la rage qui animait Lylina. Lorsqu'elle m'expliqua la situation, je compris ce qu'il c'était passé.

J'avais eu une réaction similaire lorsque j'avais appris le traitement immonde qu'elle avait reçu dans la meute du Crescent, cependant, malgré ma colère indescriptible j'avais su me maîtriser grâce à mes siècles de pratique, ce dont elle ne disposait pas.

Je marchai jusqu'à elle, sentant l'intensité de son pouvoir augmenter plus je m'approchais, et traversai le halo lumineux qui s'était formé autour d'elle.

Ses yeux était révulsé et ses cheveux flottait autour de sa tête, formant une auréole doré, son corps irradiant. Elle ressemblait à une déesse vengeresse, magnifique et létale.

Je l'admirai encore un peu, puis l'enlaçai. Ses prunelles, dans le vague jusqu'à lors, se rivèrent sur moi, ses lèvres pleines et serrées s'entrouvrir, ses mèches bicolores retombèrent, le halo disparaissant.

Je sentais pourtant que sa colère n'avait en rien disparu et se muait en haine tenace, je le voyais à l'éclat au fond de ses prunelles.

  -  Que t'est-il arrivé ? Me demanda-t-elle, ses yeux flamboyants.

J'exhalai un soupir bruyant, plongeant mes iris dans les siennes, et déployai mon pouvoir de dissimulation pour nous faire disparaître au yeux des autres et qu'il ne puissent nous entendre.

  -  Un jour, quand j'avais 7 ans, j'étais en train de m'entraîner au combat, lorsqu'on vint me voir pour me prévenir que mon père m'avait convoqué. Dans son bureau, se trouvait une femme rousse au yeux dont le globe était entièrement noir, c'était une sorcière noire. Mon père m'a confié à elles pour assurer sa pérennité, de plus, cela le déchargeait de sa peur, car il craignait que je ne le tue pour m'emparer de son poste. Il savait que j'étais et serait bien plus puissant que lui, il s'est donc assuré de me faire disparaître tout en faisant une alliance lucrative. J'ai passé quinze ans avec elles, à m'endurcir. Elles pratiquaient des expériences sur moi, et toute sorte de torture, jusqu'à que j'ai le dessus sur elle et que je les anéantissent les unes après les autres.

Je vis l'éclat dans ses yeux pâles disparaître à mon annonce, apprenant qu'elles étaient mortes. Si elles avaient été vivantes, elle ne leur aurait laissé aucun répit jusqu'à toutes les débusquer et les abattre, telle des souris prise dans un piège, dont elles n'avaient aucun moyen d'échapper.

Je connaissais parfaitement cette sensation car j'en avais ressenti une similaire lorsque j'avais vu la condition de vie déplorable de Lylina. Je ne l'avais réprimé uniquement pour lui laisser sa vengeance qu'elle avait tant désiré.

Pour la torture d'un être cher, la mort était le seul châtiment possible.