2. LE COUP DE FEU

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ELEYAH

Me voilà dans de beaux draps.

Je vais me faire attraper maintenant, après cinq ans de fuite, pour un putain d'éternuement. Qui l'aurait cru ? Certainement pas moi. J'ai connu des situations nettement plus compliquées que celle-ci et pourtant... Je n'ai jamais été aussi proche de me faire prendre.

Le voilà qui s'approche dangereusement vers moi, et je ne peux absolument rien faire pour l'en dissuader. Je suis à sa portée. Il n'a plus qu'à me cueillir. Je ferme les yeux, espérant que ce ne soit qu'un mauvais rêve.

Je l'entends déplacer des meubles, cherchant certainement une ouverture quelconque. Il se déplace dans les autres pièces et reproduit la même action, mais ne trouve rien. Il revient sur ses pas et tape sur les murs espérant entendre un son creux. Il fait tout le tour de la pièce, mais il n'entend rien de suspect. Il s'approche de moi.

Lorsque je rouvre les yeux, je l'aperçois s'emparer d'un balai. Il le met en l'air au-dessus de sa tête et commence à soulever les plaques du faux plafond.

Et merde. Il a compris.

Il en fait bouger une, mais n'y vois rien. Il fait le même geste avec les autres plaques à côté, sans succès. Mais contrairement à ce que j'espérais, il ne se démoralise pas. Il a l'air persuadé d'avoir entendu quelque chose d'anormal, et il ne partira pas avant d'avoir mis la main dessus. Le décompte commence alors...

Il ne lui reste qu'une dizaine de plaques avant de m'atteindre. Il faut que je réfléchisse à une stratégie et vite. J'attrape mon téléphone dans ma veste, et tente de repérer un objet quel qu'il soit autour de moi avec la faible luminosité de mon écran. Le geste provoque un bruit insoutenable. Mon cœur bat la chamade.

9...

Je guette à ma gauche. Il y a une barre de fer, mais celle-ci semble fixée à un mécanisme. En espérant avoir tord, je me décale aussi doucement que possible vers mon objectif. Chaque mouvement provoque des  frottements que je redoute par-dessus tout. S'il tend un peu l'oreille, il saura exactement où me trouver. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, menaçant de faire capoter le plan. Je suis au bord de la crise de panique, je le sens. Et pourtant, je persiste. Il le faut.

Ressaisis toi. Il ne va rien t'arriver.

Je tente de me rassurer au mieux, tout en prenant une grande inspiration. Je poursuis mon chemin et je finis par atteindre mon objectif. Je tends le bras et la serre entre mes deux mains. J'essaie de m'en saisir, mais elle résiste. Je tire dessus de toute mes forces, mais rien à faire. Elle ne bouge pas d'un poil. Il faut que je réfléchisse vite. Il n'est plus très loin.

8...

A ma droite, ma valise de secours m'attend sagement. Un éclair de génie me traverse l'esprit. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Mon pistolet est dedans ! Je retourne sur mes pas. Ma peau nue rappe contre les grains de poussière et la saleté qui roulent sous mon poids. La sensation est extrêmement désagréable, mais je continue mon chemin. Je déclipse les deux ouvrants dans un CLIC qui résonnent dans mes oreilles. Je prie intérieurement que l'agent à quelques mètres d'ici ne l'ai pas entendu. Je le scrute par l'orifice. Il a sorti son arme et continue son inspection.  J'ouvre délicatement la valise, et fouille l'intérieur jusqu'à en sortir un étui noir.

7...

Une fois en main, je saisis mon Glock 17 calibre 9 mm et insère le chargeur. Une bombe au poivre est également dissimulée dans l'étui. Je la pose à côté de moi. Ça peut être utile. Je pourrais tout aussi bien l'aveugler et m'échapper par les toits.

CalendulaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant