21. LE RAPPEL À L'ORDRE

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ELEYAH

Je n'ai qu'un mot qui tourne en boucle dans ma tête. Les syllabes du mot chaleur s'enroulent autour de ma langue et menacent de franchir la commissure de mes lèvres.

Il n'est qu'à quelques centimètres des miennes et je peux sentir sa respiration me brûler la peau tel un supplice.

J'ai envie de lui.

Aussi fou que cela puisse paraître, je ne peux nier cette évidence. Son emprise se referme autour de mon corps et je manque d'air. Il me bloque un peu plus contre la surface dure dans mon dos, me faisant grimacer.

Il faut que je sorte d'ici au plus vite avant de commettre l'irréparable. Je déglutie, quelque peu décontenancée face à ce revirement de situation et affiche le sourire le plus faux jamais produit aux Oscars. C'est ma seule chance d'en échapper, de lui échapper.

Il me toise d'un air dépité, entrant dans mon jeu comme un débutant. Je suis presque déçue qu'il tombe aussi facilement dans le panneau. Mais peut-être qu'il joue, lui aussi.

J'ai bien pu voir au cours de ces quelques semaines quel genre d'homme il était. C'est le style de personne à ne jamais baisser les bras, quoi qu'en coûte son obstination. Il est intelligent et manie les gens avec une certaine aisance.

Aurait-il du mal à me cerner ? Moi, la gentille fille ? J'en doute fort. C'est pour cette raison que je reste sur mes gardes.

D'autant plus lorsque cette personne parvient à me troubler. Je n'ai jamais été une grande adepte des surnoms. Je n'en ai jamais donné à qui que ce soit au cours de ma vie et entendre des couples s'appeler "bébé" ou "mon p'tit chou à la crème" me donne la nausée. Pourtant, lorsqu'il m'a surnommée "darling", mes sens se sont décuplés. Il a une façon de rouler le r, de l'étendre sur la durée qui me provoque des frissons jusqu'au bas de mon dos. Ma respiration n'est plus que halètement et je retiens de justesse le râle coincé dans ma gorge sous la frustration. Je le déteste.

Je m'approche un peu plus alors que ce mouvement peut provoquer ma perte, ne voulant pas lui laisser une sensation de victoire. Nos lèvres s'effleurent et enfin je vois une issue. Les yeux clos, attendant la douce délivrance que notre baiser provoquerait, il me laisse une maigre faille pour me dérober. Il ne me faut pas une seconde de plus pour saisir cette opportunité. Je caresse sa joue dans un geste délicat, sentant les poils de sa barbe naissante me chatouiller la pulpe des doigts. Il laisse échapper un soupir de ses lèvres pleines alors que je me détache de lui et passe sous son bras pour me défaire de ses griffes.

Je cours presque jusqu'à l'attroupement devant moi, sans jeter un seul regard en arrière. Je ne peux pas me le permettre de peur de filer sur lui pour assouvir cette soif naissante de son contact.

Je l'entends m'appeler alors que je m'enfonce tout juste dans la foule en folie comme s'il ne s'était rien passé, seule témoin de mon trouble.

Il fait chaud, trop chaud. Une demi-heure s'est écoulée depuis notre altercation mais je ne parviens toujours pas à chasser notre échange de mon esprit. Isaac tente de me dire quelque chose mais je ne l'entends pas. Le seul son qui résonne dans mes tympans n'est autre que sa respiration saccadée. Je regrette presque de ne pas avoir succomber. Ce n'était pas si désagréable lorsque nous étions bloqués ensemble au laser game.

— ... envie de te faire découvrir mes dons, continue désespérément le blond face à moi, ne se rendant même pas compte de mon absence.

Ses quoi ?

— Hein ? Tu disais ?

— Tu ne m'as pas écouté ?

— Non, il y a trop de bruit ici, mens-je lamentablement. Désolée.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 31 ⏰

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