12. QUE LE JEU COMMENCE

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ELEYAH

Je passe les battants de la salle d'arcade et tombe face à Alden répétant en cœur qu'il s'en irait si j'ai le malheur de l'agacer. Bien que je pense la même chose, une partie de moi lui en veut davantage. Suis-je si pénible ? Qu'ai-je bien pu faire pour qu'il m'ait en horreur à ce point ? Ai-je un problème ? Je reste le fixer un instant, ne sachant que faire.

Je  me retrouve soudain dans la peau de la gamine de 12 ans ayant perdu ses parents et n'arrivant pas à se lier d'amitié avec les autres.

A-t-il vu en moi à quel point je suis seule ? S'est-il aperçu que je ne serais jamais pleinement heureuse ?

Je chasse les pensées de ma tête et passe à côté de lui, le heurtant de mon épaule sans lui accorder un regard de plus. Il ne bronche pas, et maintient la porte derrière moi s'échappant de ma portée. Il traverse le seuil et je l'observe discrètement s'adosser à la vitrine.

Ses larges épaules s'affaissent et sa tête retombe en arrière contre le carreau. Oh... Il est si exaspéré que ça ?

Je lui tourne le dos, pas le moins du monde vexé par son comportement. Je fixe les deux paires d'yeux qui me fixent en face et je fronce les sourcils. Ils s'adressent un regard entre eux, entendus, et Mathew s'approche de moi.

– Ne le prends pas personnellement, commence-t-il. Il est assez réservé comme garçon.

– Je ne le prends pas mal. Grand bien lui fasse s'il préfère m'éviter.

Il semble désemparé et pose une main sur mon épaule. Surprise, je me recule. Il semble réaliser ce qu'il vient de faire car il s'excuse systématiquement.

– Excuse-moi, je voulais simplement t'accorder un peu de réconfort.

– Ce n'est rien. C'est juste moi. Je ne suis pas à l'aise avec ce genre de proximité.

Il me lance un sourire et retourne auprès de son rencard qui m'observe sévèrement. Qu'a-t-elle aujourd'hui ?

Je  m'approche des machines sur le côté gauche du bâtiment. La salle est recouverte d'une moquette grise et les lumières tamisés dû aux guirlandes de couleur rose, jaune et verte rendent le lieu très convivial. On y trouve des billards, des bornes d'arcade en tout genre dont PacMan, Mario Kart et bien d'autres. D'autres jeux m'attirent dont celui des palets, des tirs au panier et le simulateur de conduite racing moto qui scintillent.

Je me rappelle qu'un jour mon beau-père m'avait installé à bord d'une de ces machines. J'étais si heureuse de pouvoir partager ce moment avec lui. Je rêvais de le rendre fier en conduisant une moto à mon tour.

Il a glissé une pièce dans nos automates et s'est installé sur l'autre bolide. Tout se déroulait à merveille, malgré mes petites jambes qui ne touchaient pas le sol. Je me souviens avoir choisi un modèle rose, comme les princesses. Il avait ri en voyant le résultat.

La course a démarré et, ne réalisant pas la violence de l'activité, j'ai failli tomber de tout mon long lors d'un virage. La moto bougeait en même temps que le jeu avançait. Je n'avais aucun équilibre sur l'engin et je glissais au moindre mouvement de ce dernier. Il a dû quitter son poste et me maintenir en place me laissant gagner.

Une larme naît au coin de mon œil mais je la ramasse du revers de la main.

– Tu veux faire de la moto ? me demande une voix masculine derrière moi.

M'attendant à voir Mathiew, je me retourne tout sourire mais celui-ci disparaît aussitôt. Il me faut quelques secondes avant de réaliser de qui il s'agit. Alden me surplombe de toute sa hauteur. Je n'avais jamais eu conscience de sa taille avant cet instant. Il fait deux têtes de plus que moi, l'obligeant à la baisser pour me regarder.

CalendulaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant