Calendula

10. THE TARGET

ALDEN

Je suis toujours en compagnie de la rouquine, Naomi, lorsque l'on frappe à la porte. La tête de mon ami passe dans l'entrebâillement de la porte et se fige à la vue de nos deux corps posés sur le canapé. Il nous fixe tour à tour, et je sais à l'avance quelles idées lui traversent l'esprit. Il doit penser que je lui fais la cour et que je suis reparti dans mes travers, mais ce qu'il ignore c'est qu'elle ne m'intéresse guère. Je lâche la main de la jeune femme et pose la toile sur la table basse devant nous, avant de le rejoindre dans le couloir.

- Alors c'est à ça que tu passes ton temps alors que je te cherche partout dans le club ?

Dit-il alors qu'il a passé sa soirée à reluquer des nanas en string...

Je referme la porte derrière moi et lui colle un regard noir. Il se penche sur le côté pour la regarder une dernière fois avant que le battant ne lui bloque la vue.

- T'as pas chômé, elle est canon, ajoute-t-il d'un ton taquin.

- Ce n'est pas ce que tu crois, le coupé-je dans ses jérémiades.

- C'est ce qu'on dit quand on est pris sur le fait !

Un sourire niais au visage, il me dévisage attendant une explication de ma part. Mais il n'y a rien à en dire. Je le laisse s'imaginer le pire tandis que je sens une vibration dans ma poche.

Ça doit être un énième message de mon patron. Il m'a bombardé de notifications toute la soirée. Je ne le sors pas, ignorant ses nombreux appels, ce qui me vaut une remarque de Mathew.

- Tu devrais peut-être répondre, non ?

Face à mon silence, il comprend.

- C'est lui, c'est ça ? demande-t-il en connaissant parfaitement la réponse.

- Il me harcèle depuis deux jours.

- Et tu comptes l'ignorer longtemps ? Je n'ai pas envie de le voir débarquer à l'appartement comme la dernière fois...

Le souvenir de son pic de colère me revient en mémoire et je déglutis. Je n'ai jamais su pourquoi il avait débarqué en trombe chez nous et renversé tout le mobilier haut de gamme, mais ce devait être un gros problème pour qu'il agisse de la sorte. J'ai horreur de traiter avec lui, mais il me tient. Je ne peux pas faire autrement.

- Je te ferais tomber avec moi si tu oses ne serait-ce que me contredire, m'avait-il menacé.

Et je sais qu'il avait tout ce qu'il fallait pour m'entraîner dans sa chute, ce pourquoi je flique des gens à sa demande. Le métier de détective privé n'est pas toujours facile, mais j'aime ce que je fais car il permet certaines fois de rapprocher des familles qui se sont perdues.

J'aurais aimé pouvoir le faire également, n'ayant jamais connu mes parents, mais malheureusement quand on ne souhaite pas être repéré on peut se fondre dans la masse et disparaître à jamais. Mathew me serre l'épaule affectueusement pour me rassurer que je gratifie d'un sourire triste.

- Il veut sûrement me mettre sur un nouveau dossier, dis-je en sortant mon portable.

De nombreux messages s'affichent, dont des menaces de mort, mais je ne m'y attarde pas. Je fais défiler les nombreuses informations devant mes yeux et mon ami se penche également dessus.

- Bordel, on est fichu... annonce-t-il en se frottant le front.

- Mais non, il a l'habitu...

Je me stoppe net devant une image. La jeune femme sur la photo détient un regard que j'ai déjà aperçu auparavant. Mathew fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi je fige. Je zoome sur l'appareil pour m'en assurer, mais oui, mes soupçons se confirment. Ses cheveux ne sont pas identiques. Sur ces clichés elle est blonde et adopte un visage plus enfantin mais il n'y a pas de doute possible. C'est bien elle. Je fais défiler les messages à nouveau, à la recherche d'une explication, quand un appel entrant s'affiche. Je décroche instantanément.