16. UNE ENVIE DE MEURTRE

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ALDEN

Lorsque je reviens dans la voiture, Naomi est endormie sur le siège passager. Je pose ses affaires sur la banquette arrière et ferme ma portière aussi délicatement que possible. Je l'observe quelques instants, la panique ayant laissé place à l'apaisement sur son visage. Le pli entre ses sourcils s'est dissipé et ses larmes ont cessé de rouler sur ses joues, laissant un léger rosissement sur ses pommettes.

Je la préfère comme ça que recroquevillée sur elle-même et vulnérable. L'expression sur son visage va me hanter jour et nuit. Elle qui garde toujours un air assuré a révélé une toute autre facette ce soir et cette vision m'a affecté plus que de raison.

Je ne veux plus jamais ressentir ça. Mon cœur s'est soudainement comprimé et une rage accablante s'est emparée de mon corps. On aurait dit qu'un esprit ravageur avait pris possession de mon être n'ayant qu'un objectif : la vengeance.

Abattre mes poings sur la mâchoire de ce dégénéré m'a fait énormément de bien, mais ce n'était pas assez. Son regard a perdu de sa vivacité, ce soir. Elle n'était plus avec nous, perdue ailleurs dans sa jolie cervelle. Et rien que pour ça, j'aurais dû battre à mort l'homme qui a osé la toucher, ou plutôt la sous-merde qui lui a fait ça.

Je roule sans m'arrêter jusqu'à l'hôtel où elle réside, déterminé à la mettre en sécurité. Une fois garé sur le parking, je la remue légèrement pour la réveiller. Elle bougonne dans son sommeil, la tête calée contre la vitre.

Eley... Naomi ? me repris-je de justesse. Réveille-toi, on est arrivé.

Elle bouge légèrement, puis finit par ouvrir les yeux. Elle regarde autour d'elle, réalisant enfin où nous sommes.

Mmmh... On est déjà là ?

Je lui souris, même si elle ne me regarde pas et je sors du véhicule. Je récupère son sac et ouvre sa portière. Elle se détache, non sans ronchonner et me suit jusqu'à sa chambre. Elle traîne des pieds enroulée dans le plaid que j'ai trouvé au club. Elle ressemble à une enfant ainsi vêtue et je me surprends à vouloir la protéger à tout prix.

Ça ne fait pas partie de ta mission, Alden, me rappelé-je.

Mais à quel moment ai-je commencé à jouer au juste ?

Elle ouvre la porte de sa chambre et alors que je m'apprête à rebrousser chemin, elle saisit ma manche me tournant vers elle.

... ici.

Je l'interroge du regard, n'ayant rien compris à ce qu'elle baragouine.

Ne... Ne me laisse pas.

Il ne t'arrivera rien. Tu es dans ta chambre, ne t'en fais pas.

Elle fait la moue, et tire sur ma manche me forçant à franchir le seuil. C'est dingue la force qu'elle a soudainement. Je ne l'aurais jamais deviné. Avant même que je ne puisse riposter elle ferme la porte et se dirige vers son lit. Elle se laisse tomber comme une masse sur le matelas et rit à gorge déployée.

Elle a bu ou quoi ?

Pourtant je ne l'ai pas quitté des yeux de toute la soirée et jamais je ne l'ai vue un verre en main. Je m'approche d'elle, et l'examine de près. Je prends son visage en coupe et observe ses pupilles. Celles-ci sont dilatées, camouflant la quasi-totalité de son iris vert. A-t-elle pris un cachet avant de monter sur scène ?

Semblant enfin réaliser que je suis si proche d'elle, elle m'offre son plus beau sourire. Le même que celui qu'elle affichait sur cette foutue piste de danse, le jour de notre rencontre.

CalendulaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant