14. DEGRINGOLADE

33 6 18
                                    

Klonk !

Klonk !

L'impact de la balle percutant contre la surface dure de la cible résonne dans l'obscurité de la salle, malgré mon casque. Les yeux rivés sur cette dernière, je m'applique pour ne pas la manquer. Je maintiens mon arme de mes deux mains et tire une nouvelle fois.

Mon corps recule à chaque détonation par la force de l'impact, et me fait perdre confiance en mon agilité. Bien que je manque rarement le morceau de métal face à moi, celui-ci me nargue lorsque la balle le frôle de justesse.

Je lâche un long soupir en laissant retomber mon bras le long de ma jambe. La surface froide de mon arme entre en contact avec la chaleur de ma peau et je sursaute, surprise par ce contraste. Je sillonne les lieux des yeux, gênée que quelqu'un ait pu me voir bondir si bêtement. Mais la pièce est pratiquement vide. Deux types semblent se chamailler au niveau des casiers pour récupérer leur équipement personnel, et seul un silence de plomb me répond.

Je retourne à mes occupations. Il faut vraiment que je m'améliore. Ce n'est pas sur ma pitoyable chance qu'il faudra miser le jour fatidique. Je n'aurais le droit qu'à une tentative. Si je manque le tir qui m'amènera à ma liberté, il prendra le dessus sur moi d'un simple geste et je serais perdue à jamais.

Totalement enveloppée dans le cocon que forment les cloisons autour de moi, je rassemble mes idées et concentre toute la haine présente au plus profond de mon cœur pour la mettre entre mes mains. Je resserre mes poings autour de la poignée du revolver et le pointe vers mon objectif. Je plisse un œil et tente d'aligner le guidon sur la poitrine de mon adversaire.

Un peu plus à droite...

Je déplace minutieusement mon bras, mon index titillant d'impatience contre la gâchette. J'appuie sur la détente et mets le feu aux poudres. Le projectile file à toute vitesse dans cet espace-temps et se loge en plein centre laissant une traînée rouge sur son passage.

Des applaudissements retentissent faiblement dans mes oreilles et lorsque je me retourne, je tombe nez à nez avec Nimrod.

Il ne manquait plus que lui...

Je retire mon casque de mes oreilles que j'enroule autour de mon cou avant de lui adresser un mince sourire.

– Dis donc, tu t'es nettement améliorée depuis nos derniers cours ! Tu es presque devenue bonne.

Il insiste sur ce dernier mot, comme pour laisser sous-entendre que je suis à son goût mais je ne m'y attarde pas. Il ne le mérite pas.

– Il faut bien que l'élève dépasse son maître un jour.

Il secoue la tête de gauche à droite amusé par ma répartie.

– On n'y est pas encore, conclue-t-il en levant son cigare dans ma direction et m'adressant un clin d'œil. Mais peut-être sous peu.

Il place l'objet cancéreux entre ses lèvres et me tourne le dos. Il se dirige vers la sortie en agitant une main, me laissant perplexe.

Je suis surprise qu'il n'ait pas refait référence à notre dernier échange. Aux dernières nouvelles, je lui devais un striptease... D'habitude il ne se serait pas fait prier pour ajouter une petite note salace, mais pour mon plus grand bien, il n'en est rien.

Je chasse cette pensée et replace mon appareil anti-bruit sur ma tête. J'attrape l'arme que j'ai lâchement abandonnée sur la tablette sur ma gauche et ouvre le barillet vérifiant le nombre de balles restantes. Deux. Je la recharge donc, faisant tourner la manette et faisant un mouvement brusque pour la refermer en un clic parfait.

CalendulaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant