9. PREMIER SOUFFLE

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« La valse d'Amélie » - Yann Tiersen

ELEYAH

Ok.
Ses deux petites syllabes résonnent dans ma tête comme un boomerang. A peine ai-je accepté que le regret me frappe en pleine face. Un sourire satisfait apparaît sur le visage de mon convive et l'envie de lui en mettre une me traverse l'esprit. Dans quoi est-ce que je m'embarque encore ? J'essaie de me rassurer en me disant qu'il ne s'agit que d'une danse, rien de plus, mais l'expression qui passe sur son visage ne m'annonce rien de bon. Il ramasse une liasse de billets et les feuillette, songeur.

- Je vais pouvoir réaliser un de mes fantasmes, fait-il, toujours la tête baissée.

J'écarquille les yeux, surprise. À quoi peut bien penser ce pervers ? Je reste silencieuse et croise les bras, agacée.

- Je vais enfin pouvoir glisser mes billets dans l'élastique de ta petite culotte...

Il relève enfin le regard dans ma direction, une lueur de malice les animant. Je tousse dans mon poing, piquée au vif. Je sens mes joues chauffer mais pas de gêne. Je suis furieuse.

Je m'avance vers lui, prête à le baffer, mais il se relève et intercepte mon bras dans sa lancée. Il me dévisage toujours avec ce mauvais rictus et je grommelle dans ma barbe.

- Tu peux crever, craché-je entre mes dents.

Il ne me lâche pas lorsqu'il passe sa langue sur ses lèvres, fixant le bout de peau que mon tee-shirt remonté lui dévoile.

- Ooooh, on a conclu un marché... Amanda. Je n'avais pas terminé d'établir les règles quand tu as accepté.

Il pose un doigt sur ma joue le faisant glisser jusqu'à mon menton, et relève ma tête dans sa direction.

- Tu n'auras jamais rien de plus, enfoiré ! Une danse sans contact, dis-je en insistant bien sur ces derniers mots, et mille cinq cent dollars. Après ça, ma dette sera réglée.

- Ouuuuuh, ne sois pas si agressive... Ça m'attire encore plus.

Je me défais de son emprise en lui assénant un coup de genou dans ses parties intimes, le tordant de douleur. Je m'éloigne de lui et lâche une dernière réplique :

- J'espère que tu ne pourras plus procréer. Une race comme la tienne ne devrait pas perdurer.

Alors que je me dirige comme une furie vers la sortie, son rire me parvient jusqu'aux oreilles et je pousse un juron.

Je quitte la salle, et m'adosse au mur sur ma droite. J'expire longuement en fermant les yeux. Qu'est-ce que je viens de faire ? Cette idée de danse est totalement ringarde. Rien que de l'imaginer me reluquer dans toute ma splendeur me donne un haut le cœur. Et je viens certainement de ruiner toutes chances d'obtenir mes papiers en le frappant. Mais il l'a bien cherché.

Ce type m'insupporte. Je savais que je n'aurais pas dû traiter avec lui, mais je ne pouvais pas refuser. C'est peu payé pour pouvoir me libérer de l'emprise de mon demi-frère. Je serais prête à tout pour y parvenir. Après tout, ça ne va pas me tuer...

Je reprends mes esprits, et me dirige vers l'escalier. Alors que mon pied se pose sur le première marche menant au rez-de-chaussée où m'attend mon amie, quelques notes de musique me stoppent sur ma lancée. Je tourne lentement la tête sur ma droite, tentant d'en localiser la source, mais ces dernières s'arrêtent.

Je marque une pause, tendant l'oreille dans l'espoir de les entendre à nouveau, mais rien. Un instant je crois avoir rêvé. Peut-être que ce n'était que le fruit de mon imagination, ou l'écho des chansons passées sur la piste.

CalendulaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant