Chapitre 4

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Les dernières semaines avaient filées si vite... Le jour du bal était arrivé trop tôt. Je commençais à me sentir bien dans ce palais dans lequel j'avais toujours vécu. Grâce à Kian. Je m'étais levée stressée mais tellement plus heureuse que les années précédentes. Le bal du solstice de la lune rouge était l'un des événements les plus importants pour les Aromiens. Le rouge était pour nous une couleur de vie et de renouveau, nous pensions que le lune prenait cette couleur pour nous rappeler ces deux préceptes. Je n'avais presque jamais assisté à ce bal, le roi m'en avait interdit l'accès depuis mes dix ans, j'en avais dix-sept aujourd'hui. Ruri entra dans la chambre, me saluant joyeusement. Elle avait compris que j'allais mieux depuis quelques semaines. Et cela semblait la ravir. Elle s'approcha et aussitôt me parla de ma robe :

- J'ai vu votre robe hier... Elle est absolument magnifique. J'ai hâte de vous voir la porter.

- Eh bien, j'ai d'autant plus envie de la voir !

Effectivement, elle était incroyable. Elle avait de longues manches qui me tombaient sur les poignets, un corset parfaitement ajusté à ma silhouette et une jupe bouffante légèrement plissée comme je les aime. Elle était blanche mais des rangs de perles rouges tombaient tout autour de la jupe et des détails de la même couleur étaient brodés sur les manches et le buste. En un mot : sublime. Comment ne pas se sentir honoré de la porter. Devant mon admiration, Ruri rit. Elle était aussi heureuse que moi. Elle m'aida à l'enfiler et, en laçant mon corset, elle m'avoua :

- Vous savez, princesse, chaque année, vous voir malheureuse en ce jour de fête me rendait triste. Alors je suis si heureuse que vous puissiez enfin participer à cet événement...

Elle s'arrêta, sa voix tremblait légèrement. Elle passa devant et me sourit. Dans ses yeux, j'aperçus quelques larmes. Je la pris dans mes bras et la serrais le plus fort que je pus.

- Merci d'être là pour moi Ruri. Merci d'être là pour moi tous les jours.

Elle s'écarta, on se regarda dans le blanc des yeux avant d'éclater de rire. Ce que ça pouvait faire du bien d'être heureuse.

Dehors, tout le monde s'affairait. J'avais déjeuné dans ma chambre et Ruri avait ensuite fini de me préparer. J'étais magnifique. Je crois. C'est ce qu'elle affirmait. Elle avait coiffé mes cheveux en un chignon haut et avait maquillé mes yeux avec divers fard à paupières rouge. qui allait tout à fait avec la cérémonie. Je sortie de ma chambre à quatre heures. Ruri avait passé la fin de l'après-midi à me rassurer mais j'avais toujours très peur en sortant. A croire que j'allais me marier... Pour moi, ce jour était presque aussi important que le mariage. On allait annoncer mon union future, je retournais à un bal après sept ans enfermée dans ma chambre. La princesse oubliée reparaissait et cela grâce à un homme : Kian. Nous nous étions beaucoup rapprochés et il m'avait donné un peu de confiance en moi. Il m'avait appris en peu de temps que j'avais le droit d'être moi. Dusan me regarda, lança un regard admiratif à Ruri et me proposa son bras. J'aurais aimé attendre Kian mais le temps risquait de manquer, je devais être dans la salle au plus tôt avec les autres membres de la famille royale. J'espérais tout de même croiser le prince d'Itéria avant mon arrivée dans la salle. Malheureusement, je me retrouvais sans lui face à la foule qui entrait. Je fus obligé d'entrer seule, sous les regards de tous ces gens. Ils me faisaient sentir que j'étais une étrangère. Dusan resserra sa prise sur mon bras pour me rassurer. Dans mon dos, j'entendais chuchoter. Je gardais la tête haute. Il le fallait. Jusqu'à ce qu'une voix détestable se fasse entendre :

- La princesse oubliée sort de son trou ?

Je m'arrêtais. Elle osait s'en prendre ainsi à un membre de la famille royale. Je jetais un regard autour de moi. Avait-elle raconté tellement de chose horrible sur moi que tout le monde lui pardonnait cet affront ? Mon frère n'était pas présent comme le reste de la famille royale et Dusan ne pouvait rien faire que de brûler de rage sans le montrer. Je me tournais pour regarder Ly Joseline, celle qui avait prononcé ces mots. Sa robe entièrement rouge était somptueuse, ornait de froufrous et de bout de tissus volant à chacun de ses pas. Ses longs cheveux blonds formaient des boucles sur ses épaules, sa peau de lait brillait à la lumière des torches et ses yeux, gouttes d'océan, en auraient fait tomber plus d'un. Elle s'approcha pour se mettre à ma hauteur, tournant son ombrelle couleur sang sur son épaule. Elle ouvrit ses lèvres pour, une nouvelle fois, m'écraser :

Les roses sont en feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant