Chapitre 6

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Je sortis du palais peu à l'aise. Personne ne m'avait prévenu qu'il y aurait tant de monde pour le départ. Ruri et Dusan marchaient près de moi mais cela ne me rassurait pas pour autant. J'inspirais un grand coup et serrais ma veste contre moi. Aujourd'hui, je partais pour Itéria, aujourd'hui, je quittais le château dans lequel j'avais été enfermée pendant tant de temps. J'avais pris la journée d'hier pour dire au revoir aux personnes auxquelles je tenais : la bibliothécaire, mon frère et mes parents. Même s'ils étaient tous là aujourd'hui, je tenais à leur dire au revoir de manière un peu spéciale. Ils ne m'avaient pas semblaient particulièrement triste, je ne l'étais pas non plus, c'était ma rare chance de sortir alors. Non, définitivement, ce n'est pas les gens qui allait me manquer mais bel et bien les endroits que je connaissais par coeur, le jardin et la bibliothèque notamment. En plus, Ruri, Dusan et Althéa m'accompagnaient dans mon périple alors je ne laissais presque rien derrière moi. Cela m'avait grandement rassuré lorsqu'il me l'avait annoncé. Au moins, je ne serais pas seule. Kian s'approcha de moi et prit ma main, m'accompagnant dans la descente des escaliers. Tout allait bien se passer, j'en étais persuadé, ou, tout du moins, je tentais de m'en persuader. Rapidement, j'arrivais devant la calèche, une voiture de bois tirée par deux chevaux à la robe couleur liège. Kian m'aida à monter, en croisant son regard, je vis qu'il y avait quelque chose qui clocher. Lui aussi, n'était pas rassurée par ce monde. Je gardais mon sourire, fit un petit signe d'au revoir avant de disparaître dans la voiture. Ruri était déjà installée à l'intérieur, je savais que Dusan et Althéa allaient nous suivre de prêt. Pourtant, cette étrange sensation ne me quittait pas. Pourquoi me sentais-je aussi étrange ? Pourquoi Kian était dérangé lui aussi ? J'inspirais à fond, et tentais de distraire mes pensées. J'allais sortir du palais, sortir d'Aromas, voir le monde. J'imaginais ce que je pourrais voir, j'en savais déjà beaucoup grâce au livres que j'avais lu, mais voir tout en vrai serait certainement beaucoup plus impressionnant, beaucoup plus beau. Je laissais ma tête tomber en arrière, sur les coussins de la calèche. Elle commença soudainement à avancer, me faisant légèrement frémir. Cela provoqua le rire de Ruri, rire contagieux car je me mis moi aussi à rire. Je devais évacuer le stress, tout ne pouvait que bien se passer. Tout devais bien se passer, tout aller bien se passer. Les portes s'ouvrirent et la voiture s'élança dans les rues de la ville. Il y avait du monde, beaucoup de monde. Je m'empêchais de regarder par la fenêtre. Ils n'étaient pas venus pour moi, juste pour l'animation que cela provoquait. Ruri écarta les rideaux, saluant la population. Cela me tenta et je jetais un coup d'œil dehors. La foule était composée d'adultes, d'enfants, tout une ribambelle d'Hybrian et de leur Ian. Je souris quand je vis une petite fille me saluer. Peut-être que je n'étais pas si détestée que cela ? La clameur diminua soudain, un cheval à la robe noir passa entre la foule et la calèche. Kian se plaça à ma hauteur, sur son cheval, il ressemblait à un général menant son armée. J'en resté bouche bée. Il se tenait droit et son regard toisait la foule, pas méchamment, non, c'était le regard de quelqu'un soucieux de la sécurité. Effectivement, rien n'avait été mis en place pour maintenir les gens loin des carrosses et chevaux, un geste de côté pourrait blesser quelqu'un. Il me sourit et avança un peu plus vite pour aller retrouver le meneur du convoi. Je le suivis du regard. Sa seule présence avait fait taire une foule entière. Je n'y avais pas vraiment fait attention, mais il savait définitivement se faire respecter. Personne ne pouvait contredire cela. Je me retournais vers la foule pour saluer les gens.

Rapidement, nous sortîmes de la ville. Les maisons laissèrent place aux champs. J'ouvris la fenêtre pour respirer l'air frais de la campagne. Ruri somnolait, je n'avais vraiment aucune idée de comment est-ce qu'elle faisait, la calèche bougeait trop pour que je pense seulement à m'assoupir. J'appuyais ma joue contre le bois froid de la voiture. L'hiver commençait doucement à arriver, je resserais mon châle sur mes épaules. Je levais les yeux vers le ciel, il était bleu, parsemé de nuages. Alors que je me concentrais sur le ciel pour oublier ma peur, je sentis quelque chose bouger dans ma robe. J'eu un petit moment de panique avant de me rappeler que c'était là que j'avais caché Lux. Je récupérais le petit flacon dans lequel il s'était rétréci, faisant bien attention que Ruri se soit endormi. Il nageait fièrement, me regardant de ses yeux marron. Je lui souris avant de lui faire signe de ne pas faire trop de bruit, je le cachais de nouveau contre ma jambe. Son regard m'avait transpercé, comme d'habitude, je savais qu'il avait lu mes peurs. Je souris en regardant le paysage. J'étais peut-être une sans-forme, mais j'avais très certainement le meilleur Ian du monde. Je décidais de lire. Il n'y avait pas grand chose à faire et le voyage était long, il faudrait bien que je trouve comment m'occuper.

Les roses sont en feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant