Les roses sont en feu

Chapitre 3

Ma nuit fut terriblement agitée. J'eu beaucoup de mal à dormir et quand j'y arrivais enfin, je me réveillais une heure plus tard avec des images horribles plein la tête. Mes cauchemars étaient hantés par des tueries de masse. Ces images étaient si réelles. J'avais l'impression que tout ce que j'imaginais avait vraiment eu lieu. Le lendemain matin, quand je me réveillais, j'entendais encore résonner des cris. J'avais besoin de sortir. Je descendis rapidement de mon lit, ouvrant la fenêtre de mon balcon et me précipitant à l'extérieur. Mes pieds nus rencontrèrent la pierre froide, un frisson parcoura ma colonne vertébrale. J'étais vivante, je n'étais pas là bas, j'avais certainement tout imaginé. Je pris une grande inspiration, laissant l'air frais du matin entrer dans mes poumons. J'étais vivante.

Je rentrais dans ma chambre, m'enfouir sous mes draps. Je récupérais le livre que je lisais hier. Je l'ouvris et recommençais ma lecture. L'auteur décrivait une scène de combat, une scène de massacre. Le héros la menait, il éradiquait les monstres. La réalité me frappa, et si ce "héros" était en fait le méchant du point de vue de l'auteur ? Après la lettre que j'avais lu, je n'étais plus tout à fait sûr que ce livre soit une fiction. Peut-être que tout ceci était réel et que ces "monstres" n'en étaient pas vraiment... Je chassais tout cela de ma tête, j'y réfléchirais plus tard, aujourd'hui, Althéa rentrait. Je sortis de mon lit, délaissé l'ouvrage que je tenais dans mes mains pour aller m'habiller. Ruri entra à ce moment-là; Je lui souris et choisis ma robe du jour, bleue pâle comme le ciel, avec de larges manches tombant sur mes poignets et une jupe assez longue pour m'effleurer les chevilles. Un oiseau volait sur mon corset, chassant les nuages qui s'étendaient sur le reste du vêtement. Il ne faisait pas froid, cette tenue était parfaite. Quelqu'un toqua à la porte au moment où Ruri finit de me coiffer. Je me levais pour ouvrir et poussai une exclamation de surprise. Althéa se trouvait devant moi, dans son uniforme de soldat. Elle s'inclina avant de me gratifier d'une étreinte amicale. Elle n'avait pas changé pendant ces trois mois, toujours les mêmes cheveux blonds, les mêmes yeux bleus océan, la même cicatrice qui lui barrait la joue droite. Elle avait pourtant l'air soucieuse. Je l'invitais à entrer dans ma chambre, ce qu'elle s'empressa de faire. Elle s'assis d'elle-même sur mon lit, saluant Ruri d'un petit geste de la main. Celle-ci sortit rapidement, elle avait un rendez-vous avec quelqu'un, je souris en la voyant si empressée. Après tout, elle n'avait que quatorze ans, c'était normal à son âge... Je crois ? Althéa prit la parole la première :

Comment allez-vous depuis la dernière fois ?

Plutôt bien et vous, comment était ce voyage ?

Le peuple semblait plus heureux, la nouvelle de la paix future se répand et elle est très attendue par ceux qui en souffrent encore.

Cela est rassurant je suppose ?

Effectivement, c'est un constat plutôt encourageant. Et vous, comment voyez vous cette paix, sachant que vous allez devoir vous marier à un monstre pour qu'elle ait lieu ?

Je... Je pense que c'est la bonne chose à faire, si personne ne le fait, la guerre continuera et des dizaines de personnes mourront. Et puis, le prince... Le prince ne ressemble en rien aux rumeurs. Je n'ai eu l'occasion de lui parler que quelques fois, mais il semble... Moins meurtrier que ce qu'en disent les bruits de couloirs.

La jeune fille souffla doucement, un léger sourire se formant sur ses lèvres.

Peut-être que vous avez raison princesse. J'attends de voir cela de mes propres yeux. On m'a dit qu'il comptait venir à l'entraînement de ce matin, allez vous venir également ?

Quand Althéa était au palais, j'allais presque tout le temps la regarder s'entraîner. Elle me fascinait, sa force et sa grâce me faisaient jalouser sa situation. J'aurais tant aimé apprendre à manier l'épée, vivre toutes les aventures qu'elle a vécu... Malheureusement, je suis une princesse, ce n'est pas correct pour moi de me conduire comme une chevaleresse, cela déshonorerait ma famille.