Elle n'était pas revenue. Pourtant, j'avais attendu, trois jours plus tard, j'étais toujours seule. J'avais pris le temps de fouiller la petite maison, je n'y avais pas trouvé grand-chose, à part des réserves de plantes séchées et des livres traitant de sujets étranges ou dans des langues que je ne comprenais pas. Des idées commençaient à émerger dans mon esprit, cette jeune fille pratiquait peut-être la magie. Cela m'avait choqué avant de me rappeler que nous n'étions pas à Aromas, les utilisateurs de magie étaient les bienvenus ici. J'avais récupéré des objets, des livres et des provisions. J'allais partir, pas parce que je voulais fuir, pas parce que j'avais peur. Je voulais des réponses et manifestement, je ne les trouverais pas ici. Mes cauchemars avaient changé, je me réveillais avant qu'aucun souvenir ne resurgisse, comme si mon esprit les avait bloqués derrière un mur en me hurlant d'avancer. J'avais rattrapé mes heures de sommeil, recommençais à manger. C'était étrange, comme si tout allait mieux, en l'espace de quelques jours. Mon esprit était maintenant tout entier à une chose ; trouver des réponses. Et je n'avais qu'un seul endroit pour commencer mes recherches : je devais me rendre au lac d'Hymbra.
J'étais partie quelques jours plus tard, j'avais attendue un peu plus, espérant voir la jeune fille revenir. J'avais peur de partir seule, mais elle ne semblait pas revenir alors, aujourd'hui, je fermais la porte de la petite cabane vide. Seule. Je remontais mon sac de toile sur mes épaules et resserrais la ceinture qui maintenait le pantalon trop grand que je portais. Il me fallait des réponses et je ne pouvais pas me permettre d'attendre plus. Chaque minute comptait et j'avais une responsabilité énorme sur les épaules : je m'étais promis de ramener la paix, j'allais le faire. Mon père avait perdu la tête, il fallait que quelqu'un le raisonne, et je ne voyais que moi pour cela. Pour atteindre ce but, il fallait que je me rende au lac d'Hymbra. J'inspirais profondément et me tournais vers la forêt. Elle ne me semblait pas inquiétante, mais elle ne me rassurait pas pour autant. Je préférais donc partir vers la plaine, quitte à passer près de la ville. Je regardais une dernière fois la carte que j'avais tracée dans le petit carnet que je tenais. Je savais où j'allais, il me suffisait, pour le moment, de suivre la route principale. Je rabattis ma capuche sur mon visage et commençais à marcher. Après quelques minutes, j'étais arrivé près des hauts murs d'Akrir. J'accélérais le pas pour rejoindre la route le plus vite possible et m'éloigner de la ville. Je fus surprise du monde qui attendait devant les portes de la capitale. La queue immense s'étendait à perte de vue et était composée de toutes sortes de personnes : marchands, paysans, soldats... Je baissais la tête et longeais la foule. Heureusement, l'agitation était telle que personne ne me remarqua vraiment, j'étais certainement une personne de plus pour eux. Mon coeur accéléra soudain quand j'entendis les sabots de chevaux se rapprocher de moi. Le stress serra encore plus ma gorge quand je me rendis compte que c'était des soldats aromiens. Je me forçais à respirer calmement et continuais d'avancer comme si je ne les avais pas vu. Ils passèrent à côté de moi, je sentis quelques étranges regards, mais il passèrent sans s'arrêter. Une bagarre venait d'éclater juste derrière moi, j'entendis bientôt leur voix intimer aux autres de se calmer. J'accélèrais le pas, et ne fus pleinement rassuré que lorsque j'atteignis la fin de la queue et que je me retrouvais presque seule sur la route. Il n'y avait plus autour de moi que des champs et des champs à perte de vue. Le stress du passage près de la ville était tombé, je respirais normalement et mon cœur s'était enfin calmé. Je continuais ma route avec une nouvelle peur cette fois : celle de se perdre, de ne plus savoir où aller. Mais je me forçais à croire en moi. Il fallait que je réussisse.
Il faisait chaud. Je ne m'étais jamais vraiment rendu compte, mais il faisait chaud, vraiment chaud. Cachée sous ma lourde cape noir, je transpirais abondemment mais j'avais trop peur de perdre ma seule protection, alors je la gardais. Mais plus je regardais autour de moi, plus je voyais les rares signes de civilisations disparaître. Et puis, je n'en pus plus, le besoin physiologique pris le dessus sur la peur et je me débarrassais de la cape. J'étais ruisselante, mais aussitôt, je me sentais mieux. Le petit vent frais sur mes bras nue me donna un regain d'énergie. Mon pas se fit plus léger. Momentanément, j'oubliais que j'étais potentiellement recherchée et que ma quête pouvait me conduire à la mort. Je me sentais libre, je n'avais jamais eu l'occasion d'explorer le monde comme cela. J'avais hâte, j'avais peur, mais c'était une peur douce, elle me réconfortait car elle était synonyme de découverte. Je chantonnais une petite musique joyeuse. Je ne l'avais pas chantée depuis un moment, mais elle me venait si facilement que j'en fus surprise. Je souriais bêtement, seule dans cette immensité vide de civilisation. J'étais heureuse, enfin, je crois que j'étais heureuse. Peut-être la peur me faisait-elle halluciner ? Peut être étais je en train de perdre la tête ? Au moins, je faisais quelque chose. Je n'étais plus coincé par les souvenirs, une force nouvelle faisait bouger mon corps et me permettait d'avancer. Je préférais devenir folle que ne rien faire.
Une brise chaude fit voleter mes cheveux lâché. Elle portait des parfums de pâtisseries sortant du four. Je pris peur, il y avait des gens. Je remis rapidement ma cape et baissais la capuche sur mon visage. J'eu raison de le faire, bientôt, je vis des maisons apparaître devant moi. Plus j'avançais, plus leur nombres augmentait. Je finis par arriver à un village. J'avais décidé de le contourner, je ne voulais pas prendre plus de risque. En même temps, j'avais peur de me perdre. Je me persuadais que tout allait bien se passer. Je bifurquais vers la droite, un petit chemin couvert d'herbes m'indiquait la direction. Je marchais à travers les champs, le plus vite possible, je voulais m'éloigner à tout prix.
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Les roses sont en feu
פנטזיהMusa est la princesse d'Aromas, mais cela ne lui a pas toujours facilité les choses. Enfermée dans le palais de son père depuis toute petite, elle rêve de liberté. Le jour où l'occasion se présente, elle saisit sa chance, quitte à devoir se marier a...