La sainte prononça quelques mots en itériens, je ne les compris pas, mais le silence s'était fait dans la salle. Elle attrapa des objets posés sur le petit autel et commença à réciter en itériens. Ses gestes étaient lents et doux. J'avais l'impression qu'elle dansait. Je la regardais attentivement, je ne voulais rien rater du spectacle qu'elle nous offrait. Elle préparait une offrande pour leur dieu si j'avais bien compris ce qu'il était en train de se passer. Kian regardait toujours devant lui, captivé par ce que faisait la sainte. Elle s'arrêta de parler, récupéra le bol qu'elle venait de préparer et contourna le petit autel pour se placer devant nous. Elle demanda à Kian sa main, il lui tendit. Elle colla sa paume contre la sienne et passa le bol au-dessus de leurs mains liées. Elle récitait une chanson que je reconnu, Kian l'avait chanté à Aromas, après le bal du solstice, il me l'avait chanté. Je me retins de le regarder. Je continuais de fixer les gestes de la jeune femme. Elle passa à moi, attrapant mon regard dans ses yeux transparents. Elle m'aspirait, un court instant, j'eu peur de sombrer, mais je me rattrapais à la réalité. Je ne pouvais pas me permettre de céder, pas aujourd'hui. Elle baissa son regard et me demanda ma main droite. Je la tendis et elle colla nos deux paumes. Une étrange décharge passa dans mon avant bras alors qu'elle passait le bol au-dessus de nos mains. Kian attendait, sa main droite tendue devant lui. La sainte s'écarta et lâcha ma main, je la gardai moi aussi tendue devant moi. Elle se tourna vers la porte qu'elle avait franchie quelques minutes plus tôt en levant les bras vers le ciel. Elle récitait encore des prières, elle semblait presque avoir disparu. Je jetais un rapide coup d'œil à Kian, il fermait les yeux et récitait après elle. Je n'osais fermer les yeux complètement, de peur de rater quelque chose d'important. Toute la salle semblait communier avec la sainte, je comprenais le caractère sacré de la cérémonie, mais je n'arrivais pas à entrer dans cette trans avec eux. Peut-être était-ce la barrière de la langue ? Je restais silencieuse, respectant leur tradition même si je ne comprenais pas exactement pourquoi l'on devait faire tout cela. La jeune femme baissa les bras, se tourna de nouveau vers nous et déclara :
- Le fils vous a béni. Souhaitez vous toujours être mari et femme ?
Kian s'était tourné vers moi et me regardait dans les yeux. Il était magnifique, habillé de blanc brodé de rose pale, se racordant parfaitement avec ma robe. Il avait les cheveux mieux coiffés que d'habitude, lui qui avait pourtant les cheveux toujours si bien coiffés, je ne l'avais jamais vu avec une coiffure aussi soignée. Ses yeux étaient toujours aussi beaux, je mis perdais toujours autant, mais aujourd'hui, il était plus brillant que d'habitude. J'y sentais une étrange émotion que je n'avais jamais vu de ma vie dans les yeux de quelqu'un, surtout de quelqu'un posant son regard sur moi. Je rougis. Il dit :
- Je veux que la jeune femme en face de moi devienne ma femme.
- Je veux que le jeune homme en face de moi devienne mon mari.
La sainte nous lança un sourire franc et heureux, avant de finir :
- Je vous déclare mari et femme.
Kian sourit et se pencha vers moi, passant son bras dans le bas de mon dos. Il chuchota pour que seule moi l'entende :
- C'est la tradition, mais sachez que vos lèvres me font vraiment envie aujourd'hui.
Je rougis de nouveau alors que ses lèvres se posaient sur les miennes. Les applaudissements éclatèrent dans toute la salle, alors que j'appréciais le goût de ses lèvres. Le goût des lèvres de mon mari.
Je sortis de la salle au bras de Kian. Le sourire sur mon visage n'était pas totalement faux, il était plus vrai que tout ce que j'avais jamais pu montrer en public. J'étais heureuse. J'étais marié. Je n'osais regarder Kian, de peur de rougir encore plus. J'étais déjà bien assez rouge comme cela, mais je sentais sur mon bras, sa main se serrer. Je ne savais pas trop comment percevoir cela, mais je crois qu'il essayait de se rassurer. Il devait certainement être aussi stressé que moi. Ce n'est pas tous les jours que l'on se marie. Je n'en revenais toujours pas. Je venais vraiment de me marier ? Je me redressais un peu plus avant de descendre les marches pour traverser la foule de gens nous acclamant. Je n'entendais pas mon prénom, ils ne devaient surement pas le connaître ou, ne pas s'en souvenir. Mais j'entendais celui de Kian et des gens hurlant "princesse". A leur yeux, j'étais devenu leur princesse, plus seulement la princesse d'Aromas, non, maintenant, j'étais la princesse d'Itéria. La femme du futur roi. Le carrosse se rapprochait plus lentement que ce que j'espérais. J'avais besoin d'un court moment de calme pour remettre mes idées en place. Je saluais et je souriais au plus de gens possible, rencontrant la plupart du temps des visages heureux. Un mariage royal devait être synonyme d'une grande fête pour eux également, j'espère qu'ils en profiteront. Enfin, nous arrivâmes proche du carrosse. Un jeune homme m'ouvrit la porte et Kian m'aida à monter avant de rentrer lui aussi. Il s'assit en face de moi et je vis enfin son visage. Je ne l'avais pas regardé depuis le bref baiser que nous avions échangé dans le temple. Il était peut-être aussi rouge que moi, mais il avait cette expression distinguée au visage qui faisait douter de ce qu'il pensait vraiment. Il croisa mon regard et aussitôt, rougit de nouveau. Il tenta de cacher ses joues avec sa main en tournant la tête mais je riais déjà de sa gène. Je l'étais tout autant que lui, gêné, mais je ne pensais pas qu'il aurait tant de mal à le cacher. Il grommela quelque chose avant que le carrosse ne commença brutalement à avancer, le déséquilibrant. Il tomba sur moi, se rattrapant de justesse au haut du siège sur lequel j'étais assise. Nous étions proches, trop proches. Je sentais sa respiration chaude sur mon visage. Je rougis, ne sachant pas comment réagir. Je voyais ses joues se teinter de rouges, mais il ne bougeait pas. Une nuée de papillons volaient dans mon ventre, une sensation étrange m'envahit. J'avais envie de l'embrasser, j'avais envie de sentir ses lèvres sur les miennes. La phrase de la reine me revient en tête "Des petits enfants me plairaient bien". Je rougis de plus belle. Kian s'écarta, se rasseyant. Je voyais le trouble dans ses yeux, le rouge sur ses joues. Peut-être qu'il y avait, entre nous, plus qu'un simple mariage arrangé ?
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Les roses sont en feu
FantasyMusa est la princesse d'Aromas, mais cela ne lui a pas toujours facilité les choses. Enfermée dans le palais de son père depuis toute petite, elle rêve de liberté. Le jour où l'occasion se présente, elle saisit sa chance, quitte à devoir se marier a...