Chapitre 5

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Dusan avait perdu ma trace de toute façon, je préférais être seule. Je m'avançais dans la nuit, la lune rouge lançait ses reflets sanglants sur les pavés. La place était vide de vie, tout le monde devait faire la fête en ce jour particulier. Je me dirigeais vers le jardin, il pouvait sembler menaçant sous la lumière, mais pas pour moi. J'entrais par un petit passage entre deux haies. La fraîcheur de la nuit et du jardin me fit frissonner. Je serais mes bras contre mon corps et me dépêchais d'aller trouver mon Ian. Je m'assis sur l'herbe humide et appelait Lux. Avant qu'il ne sorte de l'eau, j'entendis des pas. Il s'enfonça tout de suite sous la surface, ne laissant dépasser que ces petits yeux bruns. Kian s'approcha, lentement. Il déposa sur mes épaules sa veste rouge sang et s'assit à côté de moi. Je levais les yeux vers le ciel, comme lui. La lune rouge n'arrivait qu'une seule fois dans l'année et, à chaque fois, elle était plus magnifique que la dernière. Elle trônait comme un œil rouge sang au milieu du ciel, nous rappelant la marche à suivre.

- Vous savez, chez nous, la lune rouge est synonyme de malheur...

Kian venait de parler. Je détendis mes épaules et lui dit :

- Nous, elle nous rappelle au droit chemin, elle nous rappelle de croire en la vie et au renouveau. J'ai toujours apprécié ces bals plus jeunes, et plus tard, ces soirs, car même si je ne pouvais participer aux festivités, je savais que je comptais tout de même parmi les protégées de la lune.

- Vous êtes une fille de la lune ?

- Pas de la lune rouge, de la pleine lune, je suis née pendant la pleine lune d'Atrésis.

Il sourit, lâchant un petit rire.

- Il y a encore tellement de chose que je ne sais pas sur vous.

Je lui rendis son sourire et regardais de nouveau les étoiles. Elles étaient si lointaine... Mais si proche en même temps... Comme Kian. J'avais l'impression de le connaitre de puis un long moment, pourtant, je ne savais rien de lui. Lointain et proche à la fois, voilà ce que nous sommes... Le jeune homme se mit soudain à chantonner. Sa voix chaude emplie la nuit, récitant une chanson dans une langue qui m'était inconnu, surement un dialecte Itérien. C'était calme et doux. Je n'avais plus froid, un petit vent chaud c'était installé. Ca voix me berçait et je fermais les yeux. Tout était calme, tout allait bien, pour le moment... J'inspirais profondément. Je n'avais envie que d'une chose, oublié, oublier pour aller mieux rien qu'un instant. Le stress, la peur, toutes ses émotions négatives, je souhaitais les effacés, ce soir, je ne devais plus y penser. Je laissais aller ma tête vers l'arrière, lâchant un petit rire non contrôler. J'avais tellement besoin de faire redescendre la pression que c'était tout ce que j'avais trouvé à faire, rire doucement. Le jeune homme a côté de moi se rapprocha, m'offrant un peu de chaleur en plus. La petite étendu d'eau devant moi était parfaitement calme, parfaitement plate, pourtant je savais que mon Ian n'était pas très loin. Kian posa sa main sur la mienne, il avait arrêté de chanter. Je tournais la tête et mon regard plongea dans le sien. Ses yeux couleurs glacier m'agrippèrent et je coulais à l'intérieur de ses deux pupilles. J'ouvris grand les yeux, j'étais sous l'eau. La panique me prit à la gorge, je perdais le peu d'air que j'avais. La surface n'arrivait pas, mes yeux s'éteignaient petit à petit, un grand voile noir me tombait dessus. Comment-étais-je arrivé là ? Alors que je laissais tomber et que j'acceptais mon étrange sort, une voix sortie d'outre-tombe me hurla de respirer. Prise d'une peur encore plus grande, j'ouvris la bouche en grand pour prendre une inspiration. Ma gorge s'emplit d'eau, je suffoquais. Une ombre passa au-dessus de moi, agrippant mes bras pour me tirer à l'extérieur. J'ouvris les yeux, j'étais assise dans le jardin du palais d'Aromas, Kian me fixait. Que s'était-il donc passé ? Il avait l'air normal, comme si rien ne s'était passé, peut-être que tout cela n'avait été que dans ma tête ? Et cette voix que j'avais entendue... Je secouais légèrement la tête, j'y penserais plus tard, je ne voulais surtout pas que le prince pense que je n'étais pas normal. Je ne voulais pas qu'il pense comme eux. Je retins les larmes qui menaçaient de couler sur mes joues. Je crois qu'il le vit. Il passa sa main sous mes yeux, écrasant les perles d'eau qui s'échappaient. Il se rapprocha et me murmura à l'oreille :

Les roses sont en feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant