Toi !

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   Déjà deux jours que je suis allée à l'hôpital. Deux jours que la réalité m'a explosé en plein visage. J'aurais beau sourire, essayer d'oublier, vouloir passer à autre chose, je ne peux rien y faire.

  Cet après midi là, une fois rentrée, les autres ont très vite compris que ce n'était finalement pas une promenade de santé et ils se sont montrés très gentils en jouant les consolateurs. Malgré tout, je n'oublie pas que mon temps sur cette Terre est compté, oui il est défini et ça je peux pas le changer.

Là, je suis en plein cours d'Espagnol. D'ordinaire, je n'aurais pas arrêter de sautiller sur ma chaise pour être choisie pour donner la réponse à des questions ou bien pour lire des textes. Mais là, je ne suis pas d'humeur. La preuve en est que je suis affalée sur ma table en ne prêtant aucune importance au bavardage incessant de ce fichu prof.

Mes yeux se baladent sur les élèves assis sur la rangée près de la baie vitrée à ma gauche. Je scrute de tables en tables en commençant par le fond. Certains de mes camardes dorment, d'autres discutent, la plupart utilisent leurs téléphones. Donc en clair je ne suis pas la seule dans mon "je-m'en-foutisme".

Mon regard s'arrête à la deuxième table où dors Kyō. Cette image m'amuse un peu je dois me l'avouer. J'aimerais tellement qu'on arrange les choses entre nous. Qu'on se parle comme avant. Il me manque vraiment.

Je continue mon ascension visuelle vers le banc suivant qui est celui d'Evan. Je le vois, de cet angle, manipuler son téléphone. Il est vraiment douer pour pas se faire prendre. Je l'admire de là où je suis.

Dis plutôt que tu te rinces les yeux..

Tais toi idiote ! Je ne sais pas si tu l'avais remarqué mais je me portais bien avant que tu n'arrives.

Enfin bref, durant ces dernières 72 heures, j'ai eu le temps de réfléchir à ma discussion avec Noëlle et je pense qu'elle a raison. Je suis bel et bien amoureuse d'Evan. Au moins j'ai passé la phase du déni.

                                          Drii..........iiiing !!!!

  Après la sonnerie, le prof sort directement sans hésiter ni vouloir persister. De toute façon personne ne le suivait ce cours.

   Je range mes affaires avant de sortir à mon tour de la classe. Je ne sais pas pourquoi mais je veux rester seule. Passer un peu de temps avec moi-même, essayer de me comprendre, de m'aimer, de penser à l'avenir qui me terrifie tant.

J'arpente les couloirs assez pensive. Puis je me retrouve dans la cour avant d'aller à "notre endroit à nous", comme j'aime si bien l'appeler. Je m'installe donc et observe les environs.

Le ciel est bleu, l'air est frais, les feuilles et les branches des arbres s'agitent dans tous les sens à cause du vent, les élèves et les profs font aussi partie intégrante de cette scène. Marchant à pas vif, discutant a voix haute, se promenant, déjeunant, de disputant ou bien riant aux à gais. Et moi, je suis là, au beau milieu de ce spectacle, impossible de trouver mon rythme à présent. Et dire que je vais devoir partir.

À cette triste pensée, une larme ruisselle le long de ma joue et mon nez se met à renifler.

- Euh...excuse-moi. Dit une voix douce féminine.

Par automatisme, j'essuie ma larme et porte mon attention sur la fille qui m'a appelé. Je la regarde et me souvient l'avoir vu quelque part. C'est la fille qui était avec Kyō. La certaine... Amira.

  Le sourire que j'avais inconsciemment affiché sur mon visage disparait complètement quand je me rend compte que c'est vraiment elle.

- Qu'est-ce que tu veux ? Lui demandé-je froidement en contenant mal ma colère.

Elle semble gênée et hésitante.

Ne joue pas la fille fragile avec moi

- Je me demandais si on pouvait parler.

Je me garde bien de lui dire que nous sommes déjà en train de le faire.

- Je n'en ai pas envie. Lui répliqué-je.

C'est la première fois que je lui parle mais je ma trouve déjà si agaçante. Je me lève et commence à partir.

- Attends. C'est au sujet de Kyky.

Kyky ?

- Kyky ? Répété-je en faisant volte-face.

Elle pouffe légèrement.

- Kyō si tu préfères.

  Mes yeux s'écarquillent. Elle lui a donné un surnom ?

Biensûr que non ! Tu rêves idiote !

- Et pourquoi j'aurais envie de parler de lui ?

- C'est ton ami, noon ?

- Plus maintenant. La faute à qui ? Hum, laisse-moi réfléchir. Toi peut-être ? Ironisé-je avec une once de colère.

Elle soupire, semblant exaspérée.

- Pourquoi autant de haine et de colère envers moi ?

- Peut-être que c'est parce qu'il nous a laissé tomber à cause de toi et de tes amies du trio des D ?

Elle esquisse un petit sourire.

Je le savais ! Cette fille est exactement comme ces abruties d'amies. Des vipères prêtent à mordre.

- Moi qui pensais qu'on pouvait bien s'entendre. C'est raté.

- Qu'est-ce qui te faisait penser ça ? On ne se connait pas. On est pas amie. On ne s'est jamais parlé.

- Tu as tout faux sauf pour un.

J'arque un sourcil. Elle est folle ou bien ?

- Et je peux savoir lequel c'est ?

- Tu as raison. On est pas amie. Mais on se connait et on s'est déjà parlé.

  Je la regarde, ma colère grandissant. Moi qui pensais qu'elle était timide et douce ben voyons.

- Dis moi, c'est seulement avec ton bien aimé que tu joues la fleur ou ce n'est qu'une facette pour amadouer les gens ?

Elle baisse le regard et semble avoir honte. J'ai bien vu juste. Elle l'aime.

- Tu voulais qu'on parle de Kyō ? Et bien, on va parler. Dis-je en retournant m'asseoir, maintenant amusée.

-....

- Je veux savoir pourquoi ? Juste. Pourquoi tes idiotes d'amies et toi nous l'avez pris ? C'était amusant de nous voir souffrir ? De lire la douleur dans nos yeux ? De voir la tristesse sur nos visages ?! Lâché-je en m'emportant, les larmes aux yeux.

Elle ne répond pas. Baisse les yeux.

- Rien que pour ça je te déteste ! Poursuivis-je. Oui, je te hais ?! Continuai-je en pleurant de plus belle.

Elle soulève sa tête et son regard attristé rencontre le mien blessé. Je me rends aussi compte qu'elle pleure, elle aussi.

Je me retourne pour partir. S'en est assez. Je ne peux pas me comporter comme une fillette capricieuse.

Au moment où je fais deux pas, j'entends:

- Tu sais, je pensais vraiment qu'on pourrait être amies ce jour-là.

Je la fixe perdue. De quoi elle parle ?

- Tu ne te rappelles toujours pas de moi ? Demande t-elle amèrement. Tu sais, avec M. Matthews.

Je ne comprends toujours pas. Ce n'est que quand elle me montre un collier que j'ai déjà vu par le passé. Oui, sur une seule personne. La fille qui m'a sauvé quand j'ai eu mon malaise aux toilettes.

- Toi ! M'écrié-je.

Tu es vraiment conne de chez conne !

Le peu de temps qu'il nous resteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant