Des retrouvailles inattendues

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     La porte s'ouvre. Dévoilant ainsi un spectacle des plus surprenants. C'était un appartement tout ce qui y a de plus normal.

Ma mère entre et je la suis avant que la porte ne se referme avec un grincement inquiétant. On se croirait dans un film d'horreur. Je m'explique: la porte vient de faire un bruit effrayant, ça sent le renfermer et je peux même sentir des regards sur moi.

- Rassure moi, maman. On est pas dans la maison d'un vampire tout de même ?

- Mais biensûr que non. C'est dans cette maison que j'ai vécu. Où ta grand mère vivait plutôt.

- Ahhh...

- Je voulais me rappeler le bon vieux temps. Avant que je ne perde le contrôle, quand je vivais encore dans la joie et dans l'insouciance.

L'entendre dire ça me fait mal. Mais d'un autre côté, je suis heureuse qu'elle parle avec joie de sa vie d'avant et des souvenirs qu'elle y gardent.

Il doit être 15 h et nous montons dans la voiture. Ça m'a fait plaisir d'en apprendre plus sur le passé de ma mère. Là, je ne sais pas où on va même si en principe on doit rentrer. Le ciel est couvert et noir. Triste.

D'habitude, ses émotions sont en accord avec mes sentiments. Quand je suis triste, quelques gouttes tombent. Quand je souris, le ciel s'éclaire. Quand je pleure, il pleut fort. Quand je suis en colère, il y a beaucoup de vent, on dirait qu'il y aura une tornade. Quand je ris, il neige, mais uniquement en hiver. Même si des fois y a de petits bugs ou des interférences. J'ai pas le pouvoir de contrôler la météo quand même.

La voiture se gare près d'un cimetière. Maintenant, je vais rendre visite aux morts en espérant qu'il n'y ait pas de revenants.
Malgré le fait que ça fasse environ vingt minutes qu'on roule, la pluie tombe toujours aussi fort.

- Il pleut alors qu'on a même pas de parapluies

- On aurait mieux fait de rentrer. Tu ne penses pas ?

- Si mais je pensais qu'entre temps la pluie s'arrêterait.

- Franchement, t'es inc....

Quelque chose fait du bruit, sur la vitre. Je tourne la tête et m'aperçois que c'est mon oncle, Léon. Ça faisait super longtemps que je ne l'avais pas vu à cause de son travail aux États-Unis. La dernière fois que je l'ai vu je devais avoir quoi ? Dix ans ?

Ma mère déverrouille la voiture et lui fait signe de monter. Il s'installe sur la banquette arrière.

- Désolé de m'incruster dans une sortie mère-fille comme ça.

- Ne t'en fais pas Léo. Tu sais que tu ne déranges jamais.

- Alors comment va ma nièce préférée ?

- Je vais quand même faire comme si c'était vrai parce que tu dis la même chose à toutes tes nièces.

- Ah, s'offusqua t-il faussement, je vois que tu m'as percé à jour. Tu n'es plus la gamine naïve de 10 ans qui adorait sourire et qui aimait ce surnom.

- Ne me dis pas que tu croyais que je resterais la même.

- Mais oui. Dit-il en affichant un air faussement blessé

- Désolée cher oncle mais j'ai 15 ans aujourd'hui. Chuis plus une gamine.

- Bon changeons de sujet tu veux ?

- Espèce de trouillard

- Vous êtes venues la voir ?

Ma mère se crispa surplace. De qui il parle ? Et pourquoi on devrait la voir ?

- Oui, répondit-elle. Mais malheureusement la pluie nous en empêche. Je pense qu'il serait préférable de rentrer à la maison. Et puis t'es tout trempé, mon pauvre Léo.

Je souris. J'ai toujours admiré la façon dont ma mère et ses frères se démontraient leur amour. Je me demande si dans dix ou quinze ans, Rhyter, Régina et moi serons capable de nous parler comme ça.

Nous venons d'arriver à la maison. Le trajet était tout sauf silencieux entre l'immaturité de mon oncle, son comportement enfantin et la musique que jouait le lecteur de la voiture.

Une fois à l'intérieur, ma mère me demande d'aller chercher des vêtements secs et neufs dans la penderie de Rhyrhy.

Enfaite il n'est pas si vieux que ça tonton Léo. Il doit avoir entre 23 ans ou 25 ans. C'est le petit dernier de la fratrie. Et puis chuis pas sa mère pour connaitre son âge exacte mdrrr.

Je reviens avec les vêtements et les lui donne. Il va dans la chambre des invités pour se changer. Pendant ce temps ma mère fait du thé vert avec des cookies.

Tonton Léo vient de redescendre.

- Quelqu'un aurait vu mes lunettes ?

- Non. Mais...ils sont sur ta tête tonton

- Oh. Quel idiot je fais.

- Ne t'en fais pas t'es plus qu'un idiot.

- Eh. Je vois que le respect a sauté dans un puits.

- Non, je dirais plutôt qu'il a sauté d'une falaise parce que dans le puits on peut le faire remonter. Ironisai-je

- Ah. Je contaste que trop de familiarité engendre le mépris. Dit-il en s'asseyant.

- Zoé, ce n'est pas une façon de s'adresser à son oncle.

- Désolée tonton. Je plaisantais juste

- Hn. Fit il en tournant la tête de l'autre côté.

On dirait bien qu'il m'en veut. Il se conduit comme un enfant

- Allez Léo. Dit ma mère. T'es quand même beaucoup trop vieux pour bouder.

- Hn

- Tonton ?

- Je veux un gâteau au chocolat avec des rayures dessus. Finit-il par lâcher.

Ma mère me regarde et je hoche la tête. Je vais le faire même si c'est chelou de me dire que c'est pour quelqu'un qui a au moins huit ans de plus que moi. En plus j'ai pas le choix. Mais il a six ans ou quoi ?

Je vais dans la cuisine et ouvre les placards. Il y a des œufs, de la farine, du sucre, de la levure, du beurre, de l'huile. Je sors aussi la poudre de cacao. J'ouvre le réfrigérateur et en sors un pot de yaourt. C'est bon, je peux m'y mettre.

Je vaque à ma tâche en chantonnant des refrains de quelques chansons que j'ai retenus ou tout simplement des sons qui me traversent l'esprit.

J'ai terminé la pâte et le moule est beurré. Je la verse donc dans le récipient avant de le mettre dans le four préchauffé. Je baisse la température. Bon, je dois plus qu'attendre quelques minutes.

Je vais dans le salon et tombe dans un fauteuil. Ma mère et mon oncle me regardent.

- T'en es où ?

- Il est dans le four.

- Oui ! Je vais manger un gâteau avec des rayures de zèbre. Youpiii! Jubila mon oncle.

- Léo, arrête de t'agiter tu vas finir par tomber.

- Dis sœurette ?

-Hum ?

- Je peux te faire un câlin ?

- Si ça te fait plaisir.

Mon oncle se lève et s'assoit près d'elle. Il dépose sa tête sur son épaule en l'entourant de ses bras. Elle fait pareil.

- Je t'aime petit frère

- Je t'aime aussi grande sœur

Le peu de temps qu'il nous resteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant