- C'est pas trop tôt ! S'exclame t-elle.Je la dévisage quelques secondes. Je réitère ma question: Elle est folle ou bien ?
- T'es sûre que tu vas bien ? Lui demandé-je
Elle me regarde surprise. Je soupire
- Je veux dire. Qu'est-ce que tu me veux ? Je te suis reconnaissante de m'avoir aidé mais ça s'arrête là. Pourquoi tu t'acharnes sur moi ?
- Ça dépend de comment on voit les choses. Tu sais, je ne vous ai pas volé Kyô. Les choses se sont faites naturellement. On s'est regardé, on s'est approché, ensuite rapproché puis on s'est donné une chance.
Je me fige. Il sort avec elle
- Je ne voulais pas qu'il vous abandonne. Je l'ai d'ailleurs supplié plusieurs fois de retourner vous parler mais il a refusé. Têtu comme il est. Je ne pouvais pas supporter le fait que vous vous fassiez du mal par ma faute.
- Qu'est-ce que tu veux vraiment ?
- Je te l'ai dit. Je veux que vous fassiez la paix. Que vous vous réconciliez. Je refuse de voir le garçon que j'aime souffrir comme ça alors que j'ai la possibilité de l'aider.
Les larmes refont surface.
- Je...je...je te demande pardon. Je n'aurais pas dû être aussi méchante et te parler comme je l'ai fait.
- Ne t'en fais. Et puis c'était prévisible. L'un de tes meilleurs amis vient de t'abandonner. C'est un peu normal que tu sois sur les nerfs. J'aurais dû choisir un autre moment
Je souris tristement en essuyant mes larmes.
- Et qu'est-ce que tu proposes ?
- Je vais vous organiser une sorte de rencontre où vous pourrez vous expliquer.
- Bonne idée mais s'il apprend que c'est pour me parler, il va se défiler.
- T'inquiète. Je gère. Fais moi confiance. Rendez-vous ici même à la fin des cours. Viens avec vos autres amis.
- Bien. Mais attends un peu...
- Et aussi. Je ne suis pas spécialement amie avec le trio des D. Danielle c'est juste ma cousine.
Ah d'accord.
Je souris, elle me sourit à son tour avant de s'en aller. La sonnerie retentit. Je rentre en classe.
La sonnerie annonçant la reprise des cours retentit. Le professeur d'orientation fait son apparition. Je vous épargne les détails.
Il parle toujours et encore de la même chose: séries, objectifs, métiers, et tout le tralala. Ça fatigue à force.
Comme vous l'aurez deviné, je ne suivais absolument pas ce cours. Par conséquent, mon esprit s'est mis à divaguer. Tantôt à propos de mon "avenir" si je peux dire ça comme ça, il faut bien que je commence à me dire que je vais bientôt partir, que mon compte à rebours a été lancé dès ce fameux jour où j'ai appris pour mon état;
Tantôt à propos d'Evan et de Kyô, pour Evan je m'imagine que mes sentiments sont réciproques, je nous vois sortir ensemble, être un couple heureux et uni, dans notre petite bulle jusqu'à ce que la réalité la fasse éclater. Je me suis même surprise à fantasmer sur une vie à ses côtés où nous aurions quatre enfants, deux de chaque sexe. Nous passerions des jours heureux à voir nos enfants grandir et quitter le nid. Ensuite, nous écoulerions le reste de nos vieux jours dans un fauteuil sur la terrasse recouverts par une couverture, blottis l'un contre l'autre jusqu'à ce que la mort nous emporte un soir d'Aurore boréale où nous nous serions échangés pour la dernière fois nos serments d'amour. Oui, je sais, j'ai beaucoup d'imagination.
Pour Kyô, je repense sans cesse à notre discussion de toute à l'heure. Non pas que je pense qu'Amira ne tienne pas parole, mais je crains franchement sa réaction. J'ai peur qu'il ne parte sans que l'on ne discute, qu'il ne brise le peu d'espoir que je garde en moi...“ Mon chemin est celui des rudes sentinelles,
Celui des bâtisseurs du monde de demain.
J'ai juré de donner mon cœur au genre humain
J'ai choisi le chemin des tombes immortelles.* ”La sonnerie de fin des cours résonne. Aussitôt, je ferme mon recueil de poèmes et je me mets à ranger mes affaires.
Une main se pose sur mon sac. Je lève les yeux et croise ceux malicieux d'Evan.
- Je te débarrasse. Me lance t-il
- Et que me vaut cet élan de charité ?
- Disons que je veux me racheter pour les absences et les manquements.
Je lâche un petit rire.
Anissa et Noëlle nous rejoignent.
- J'espère qu'on ne dérange pas. Dit Ani
- Non, t'inquiète. De toute façon, j'avais à vous parler à tous.
Un léger silence prend place.
- On aura une discussion avec Kyô
Encore, le silence.
- Et il a accepté ?
- Disons qu'il n'est même pas au courant
- Et comment s'est supposé marcher ? Me demande Noëlle, soucieuse.
- Vous vous souvenez de la fille avec qui il traîne ?
- Amira, je crois. Répond Evan
- Oui, c'est sa copine et elle a proposé de nous aider.
- Bon. Mais on est bien sûr que ça va marcher ?
- Faisons lui confiance.
- Et puis, on a pas vraiment le choix.
- Ils arrivent. Les voilà !
Nous sommes déjà dans la cour du collège. Et Kyô et Amira s'approchent de nous.
Une fois tout près, Kyô ne semble pas surpris. Il a l'air de s'y être attendu.
Face à face, nous nous fixons dans un silence complet. Les mots nous manquent. Visiblement, on lui avait beaucoup manqué aussi.
Amira se racle la gorge. Nous incitant sûrement à parler.
Je me lance en premier.
- Écoute Kyô, je...enfin...nous....
Je n'arrive plus à articuler. Les mots se mélangent, ma vision se brouille. Soudain, je sens une main se poser sur mon épaule et m'entraîner jusqu'à un torse. Je reconnais celui d'Evan.
- Kyô, on sait que tu nous en veux mais sache que nous n'avons jamais voulu te blesser ou t'énerver. Si nous sommes là, c'est pour sauver notre amitié. Et si tu estimes que nous ne pouvons plus nous considérer comme amis, sache nous respecterons ta décision.
Un nouveau silence s'installe. Silence pendant lequel je ne cesse de pleurer.
- Eh bien...
Là, c'est Kyô qui parle.- ...vous savez que je ne suis pas doué pour ce genre de choses. Mais je vais être bref. Je n'ai jamais voulu qu'une telle chose arrive. Et c'est à moi de vous présenter mes excuses, je vous devais des explications, j'aurais dû savoir que je vous abandonnais. Je vous demande pardon. J'ai aussi réagi de façon exagérée. C'était juste pas mon meilleur jour. C'est tout.
- Alors, je propose que tout redevienne comme avant. Lâche Noëlle sûrement enjouée.
- Adjugé vendu ! Déclare Kyô avant d'éclater de rire.
Tout le monde le suit sauf moi car mes sanglots ont redoublé. Le pauvre Evan fait de son mieux pour me calmer.
- Maintenant qu'on a remis les points sur les i. Commence Ani en s'approchant calmement de Kyô. Vas falloir que tu m'expliques. D'où t'as une petite amie sans m'en parler !!!!!
Le pauvre Kyô ne sait pas quoi dire surtout que Noëlle a rejoint le délire.
Je parviens à lâcher un léger rire en m'échappant des bras d'Evan pour me retourner vers Amira qui observait la scène.
Je m'approche d'elle et la prend dans mes bras. Elle resserre mon étreinte et mes larmes reprennent leur course.
- Merci, lui dis je la voix brisée. Merci infiniment.
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Le peu de temps qu'il nous reste
Ficțiune adolescențiZoé, élève en troisième dans une école privée, menait une existence enviée. Elle avait des parents géniaux, un frère et une sœur attentionnés et des amis loyaux: en clair, elle avait une vie parfaite. Mais tout son rêve prend fin le jour où elle déc...