14. RDV À MONACO ?

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CARMEN

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CARMEN

🇮🇹 Italie, Emilia-Romagna, 22 mai 2023, 10h02

Je veux que tu viennes avec moi au Grand Prix de Monaco.

La voix de Carlos me parvient comme un écho à travers des montagnes et je me penche, imaginant que la distance pourrait m'aider à mieux digérer l'information.

Je te demande pardon ?

Carlos sourit et hoche la tête.

Je sais ce que tu vas dire. Mais ton père sera là. Et tu es disponible, pourquoi pas ?

Je secoue la tête avant de l'enfouir sous les paumes de mes mains. Il me propose de venir à un deuxième Grand Prix. Déjà un me semblait être un effort surhumain. J'ai cru mourir avant d'oser lui parler de nouveau.

Ses yeux me détaillent comme s'il cherchait à déchiffrer ma réponse sur mon visage recouvert d'hésitation. Je lâche un long soupir avant de regarder vaguement le plafond.

Je sais que l'idée de Carlos de déjeuner ensemble n'était peut-être pas une bonne idée et qu'il aurait sûrement quelque chose derrière la tête. Je le connais. Il est très famille, et très amis.

Mais avec lui, j'ai l'impression de ne jamais être partie. Je trouve ça très étrange. Comme si la séparation brutale que je nous étais imaginée lui était passée inaperçue.

Cara ?

Il semble attendre pour une réponse alors que mes yeux se déposent sur son téléphone, posé sur la table, écran à plat. J'hoche longuement la tête avant de croiser son regard, ses yeux d'un brun clair sous les rayons du soleil m'apaisent l'espace d'un instant.

C'est d'accord... Mais ne vient pas t'imaginer que je viendrai à chaque fois dorénavant.

Je cède, et alors que le visage de Carlos s'illumine d'un sentiment de victoire, je pense à ma mère. Au dessous de mes paupières je peux presque l'imaginer me sourire, ravie de me voir recoudre tant bien que mal le lien que j'ai moi même déchiré. Je souris à mon tour.

Je dois te laisser. On se voit une autre fois Cara.

Il me laisse avec un clin d'œil et une nouvelle vague de son parfum qui s'écrase sur mon visage. Je baisse le regard, convaincue de faire les bons choix.

🇮🇹 Italie, Emilia-Romagna, 22 mai 2023, 15h06

J'y crois pas ! S'exclame Adrian, sa bouche grande ouverte en un sourire fractionné.

Il me fixe avec surprise et amusement alors que je lui donne un léger coup de coude dans le flan, agacée. Mais un sourire gagne mon visage sans que je puisse le réprimer.

Il a réussi ! Carmen, tu es sûre que ça va ? Il se moque avec son sourire habituel et glisse sa main sur mon front, feignant de prendre ma température.

J'ôte sa main de mon visage avec un regard noir.

Oh tais-toi ou je l'appelle pour annuler ! Je grommelle avant d'accélérer le pas dans l'aéroport.

Nous rentrons quelques jours à Madrid, puis ensuite moi et Papa nous partirons pour Monaco. Un petit voyage père fille dont je n'ai pas du tout hâte.

Cependant, j'ai presque envie de retrouver Carlos encore une fois, un sentiment étrange que je refoule à l'intérieur de moi comme s'il était mauvais. Mais cela ne fait que empirer cette impatience, qui bouillonne en moi, comme une créature qui n'attendrait que lui pour s'éveiller.

Carlos doit être ravi !

Pas plus que toi, je lâche abruptement avant de lui emboîter le pas vers la file d'enregistrement.

Il me suit, toujours cet air satisfait sur le visage. Agacée, je roule des yeux et décide de l'ignorer. Il semblerait qu'il trouve son bonheur en me voyant changer d'avis comme de chemises. Il y a quelques semaines j'étais la première à refuser de voir Carlos ou même de parler de lui, trop enfoncée dans mon amertume pour comprendre que je n'avais plus de raison pour le fuir.

Maintenant je vais assister à un deuxième Grand Prix en même pas deux semaines, comme si j'étais soudainement devenue sa première fan. Cela m'exaspère presque à y penser.

🇪🇸 Espagne, Madrid, 22 mai 2023 22h13

C'est génial je vois pas pourquoi tu angoisses comme ça.

Gloria affiche son grand sourire à travers mon écran, une pile de photo en développement à sa droite et une pile d'appareils photos Sony empilés à sa gauche.

J'en sais rien, j'ai peur qu'il pense avoir affaire à la même Carmen qu'autrefois... Alors que c'est pas le cas, j'explique d'une voix distraite tout en fixant le plafond.

Mes pieds oscillent dans le vide alors que je maintiens un oreiller sur leur plante telle une équilibriste. La maison est plongée dans un silence de mort et seule moi et Gloria brisons le calme de nos voix agitées.

– Je pense qu'il sait. Crois-moi. Comme toi tu sais très bien qu'il n'est pas le même Carlos qu'autrefois.

Je hoche la tête, convaincue par son argument alors que je me perds dans la page blanche que constitue le plafond. Je suis bien contente que Carlos n'est pas le même, et je crois que je ne pourrais pas supporter qu'il soit identique.

C'est tout de même dur d'avoir l'impression de devoir tout refaire, réapprendre à se connaître comme si on avait oublié comment faire du vélo, ou parler.

À plus Glo.

Lorsque la blonde raccroche pour reprendre sa nuit occupée, le silence est si lourd que je manque de m'y étouffer. Basculant le coussin sur le matelas, je me recroqueville sur le côté, pensive.

Il semblerait que rien n'ait vraiment changé lorsqu'il s'agit de Carlos et Carmen. Autrefois, ma mère pensait que nous allions finir nos jours mariés avec plein d'enfants. Je souris en y pensant. Comment si jeune, un duo peut paraître aussi inséparable que même nos parents nous voyaient ensemble plus tard.

Ce qui n'est pourtant pas arrivé. Et qui, je le crois, n'arrivera jamais.

BEYOND LOOKS, 𝑐𝑎𝑟𝑙𝑜𝑠 𝑠𝑎𝑖𝑛𝑧 𝑗𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant