18. IMBÉCILE !

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CARMEN

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CARMEN

🇪🇸 Barcelone, 7 juin 2023, 13h21

Imbécile! Je gémis, étouffant mon rire désespéré alors que j'éponge d'une main tremblante le coca que Carlos vient de renverser sur mes cuisses.

Je grimace de la fraîcheur de la boisson sur ma peau brûlante lorsque je sens soudainement la main de Carlos venir tapoter mon short avec sa serviette.

Il ne retient pas son rire tout en ajoutant des excuses à moitié sincère. Je lève le regard de la table tout en bousculant son bras.

Écarte-toi tu vas empirer les choses ! Je siffle, avec un sourire que je peine à cacher.

Il le remarque et sourit à son tour, sans me lâcher du regard. Ses yeux oscillent entre mes lèvres et mon regard, me faisant tourner la tête, je me détourne.

Arrête ça ! Je le bouscule une nouvelle fois et il ne fait que rire davantage.

Nous sommes assis sur la banquettes d'un restaurant. Le repas fini depuis quelques minutes était délicieux et nous sommes sensés attendre maintenant nos desserts. Carlos a commandé un tiramisu aux framboises. Je manquais d'inspiration alors j'ai demandé la même chose.

Alors que je parvient à sécher le sucre de mon coca, je baisse le regard, embarrassée de voir Carlos interpeller une serveuse pour qu'elle vienne m'apporter une autre canette de coca.

Je n'arrive pas à croire qu'il a fait ça.

Quel imbécile secoue une canette avant de l'ouvrir ? Je soupire, avec une pointe d'amusement dans la voix.

Ça rajoute des bulles, signale Carlos innocemment et je le fusille du regard.

Il s'esclaffe.

Je t'en ai commandé un autre ! Il se défend tout en levant les mains en l'air en signe de contestation.

Je soupire tout en levant mes yeux au ciel.

Tais-toi je t'en prie.

Il mime une bouche cousue et je ne peux m'empêcher de sourire avant de détourner le regard sur nos deux tiramisus qui viennent d'arriver. Je remercie la serveuse, qui dépose une nouvelle canette de coca à ma droite.

Je l'ouvre sans attendre, remarquant le regard amusé de Carlos, prêt à reproduire la même bêtise une seconde fois.

C'est du gaspillage Carlos. On te l'a pas appris ?

Je lâche avec un rictus moqueur et il lève un sourcil.

Pas faux.

Il admet puis se tourne vers son tiramisu. Sans aucun silence embarrassant, je me tourne à mon tour vers mon dessert.

Mon cœur est étonnamment léger. Je ne saurais expliquer pourquoi je me sens si libre quand je suis avec Carlos. Nous n'avons pas reparlé de la soirée à Monaco. C'est comme si ce n'était jamais arrivé. Il semblerait que nous soyons toujours en train de réparer les liens détruits par la distance.

Seulement, est-ce qu'on ne fait que réparer ce qui était cassé ? Comment être sûr que l'on s'arrête là ? Qu'on ne tisse pas de nouveaux liens qui n'étaient pas déjà là ?

Je chasse ces questionnement de mes pensées pour me concentrer sur le moment présent, plutôt agréable.

🇪🇸 Espagne, Barcelone, 7 juin 2023, 14h15

Nous déambulons dans de fines rues de Barcelone, celles qui sont plus étroites, plus désertes. Nous passons devant un bâtiment auquel des t-shirt du club de foot barcelonais sont accrochés, pendus aux balcons comme des drapeaux.

Je souris lorsque je remarque le regard désapprobateur de Carlos et je ne peux me retenir de rire. Il se tourne vers moi, surpris, puis fronce les sourcils, un sourire se formant sur ses lèvres.

Tu te moques Cara ? Je pensais que tu soutenais le Réal ? Il se moque en levant un sourcil d'un air accusateur.

Je roule des yeux. Je ne suis pas vraiment le foot. Mais je soutiens le Réal Madrid par pur hommage à la ville dans laquelle j'ai grandis et dans laquelle je vis aujourd'hui.

Soutenir le Réal ne veux pas dire cracher sur le Barca Carlos, je me moque à mon tour, amusée par la bataille de regard que nous menons.

Je sens ses yeux s'ancrer sur ma peau, je peux presque les sentir parcourir mes paupières avant de s'aventurer sur mes lèvres. La chaleur se fait sentir soudainement, ma poitrine se soulève plus vite.

Je suis surprise mais le silence accentue notre rapprochement. Je me perds sur ses lèvres à mon tour, me demandant pourquoi j'ai soudainement si envie de l'embrasser. Et pourquoi cette option me semble brutalement envisageable ?

Embrasser Carlos ?

Il fait un pas vers moi, et pendant un instant,

Je pense que nous allons réellement nous embrasser.

Mais il recule et secoue la tête comme pour reprendre ses esprits. Je jurerai avoir entendu le craquement de mon cœur qui se brise. Il m'emboîte le pas et s'enfonce à travers l'obscurité de la rue que nous parcourons.

Mes talons s'enfonçant dans les pavés de la rue, je ne me plains pas, remarquant le silence qui s'est installé entre nous. Je serai prête à tout pour revenir à l'instant qui a duré moins d'une seconde dans lequel je me sentais capable de me pencher, et de l'embrasser.

J'aurais dû le faire.

Je me sens recouverte de regrets comme une vague qui s'écrase sur moi et me submerge brusquement. Je le suis à travers la petite avenue, parcourue par de nombreux commerçants ayant installés leur stands le long de la route. Je m'arrête devant quelques stands de bijoux et Carlos m'attend quelques mètres plus loin, ses yeux perdus dans le vide alors que certains s'arrêtent très vite pour demander une photo.

Je grimace lorsque je réalise l'attroupement qui se crée dans la rue. Nous n'aurions pas dû choisir une allée commerçante pour terminer notre petite balade.

Nous parvenons après quelques minutes d'ébats à nous enfuir. Je garde précieusement dans mes mains un bracelet acheté sur place dans un petit sachet papier. Le regard baissé sur mes genoux dans la voiture de Carlos, je constate la vue depuis le siège passager.

Il conduit calmement, le coude posé contre la vitre, son avant bras au vent, son autre main tenant distraitement le volant, je laisse mes ondulations suivre le rythme du vent tout en suivant du regard l'horizon qui se dresse devant nous, comme la métaphore de l'inconnu qui nous attend.

Il ne pourras pas tenir longtemps en faisant comme s'il ne se passait rien. Le déni de durera pas.

BEYOND LOOKS, 𝑐𝑎𝑟𝑙𝑜𝑠 𝑠𝑎𝑖𝑛𝑧 𝑗𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant