CARMEN
🇪🇸 Madrid, 5 août 2023, 18h18
Il fait terriblement chaud. L'air humide et lourd semble s'écraser contre ma peau à chacune de mes respirations. Je secoue à rythme régulier un éventail vert que j'ai acheté au Brésil.
Il porte toujours l'odeur sucrée de ce pays qui me manque quelque peu à cet instant. La nostalgie envahit la pièce brûlante. Les volets sont fermés. Le seul son que je puisse entendre est le bruissement électrique du ventilateur à quelques mètres de moi.
On a enlevé climatiseur du plafond de ma chambre lorsque je suis partie. Mon père a déjà passé un coup de fil pour le remettre en place. En attendant, je dois me contenter d'un vieux ventilateur vascillant.
Je me lève finalement après avoir reçu un texto impatient d'Adrian, qui souhaite que je me joigne à eux pour accueillir les invités. Comme chaque fois, mon père organise des dîners auxquels il invite tous ses amis de Madrid.
C'est la même tradition qu'autrefois. Sauf qu'aujourd'hui ceux qui sont à la table enfants ce sont mes neveux et nièces, ce que je trouve assez perturbant.
Je descend les escaliers en faisant attention de ne pas trébucher avec mes talons à aiguille blancs. Leurs reflets mats sont plutôt assortis à ma robe, sans manche, avec des couches de dentelles qui constituent la jupe.
Adria est adossé contre le dos du sofa, il porte un pantalon rose en lin que je l'ai supplié d'acheter il y a de cela quelques semaines et une chemise blanche entrouverte. Je souris et il lève un sourcil suspicieux.
– Sympa la robe, il grommelle sans réel enthousiasme.
Mes lèvres s'étirent en un rictus satisfait alors que je m'approche au rythme des talons qui claquent sur le parquet.
– Sympa la chemise, je me demande qui l'a choisie pour toi... Je le taquine, les yeux rieurs et il roule des yeux, cachant un rictus amusé.
Antonio entre dans la pièce, sa petite fille d'à peine 4 ans et demi assoupie sur son bras, agrippée à son biceps. Je souris, attendrie à la vue de sa petite robe rose. Antonio ne semble pas dérangé d'avoir ce poids constant sur son bras.
– Où est Amélia ? Demande Adrian d'un regard distrait.
– Elle coupe le melon dans la cuisine. Vous faites quoi ? Antonio demande, calmement, mais gardant son masque autoritaire habituel qui me donne presque l'impression de voir Papa.
Puis Paulo à son tour apparaît furtivement par la porte fenêtre qui donne sur la terrasse. Je me souviens avoir décidé de ma boîte de mannequinat sur cette table même, griffonnant des numéros sur un calepin rouge.
– Antonio j'ai besoin de toi pour les couverts, il ordonne d'une voix claire et pressée.
Antonio ne perd pas une minute et le suit immédiatement vers le jardin, où la table aux couleurs vives commence à prendre vie. Les premiers invités arrivent, tout souriant malgré la chaleur plombante qui règne sur Madrid et même sur le continent.
VOUS LISEZ
BEYOND LOOKS, 𝑐𝑎𝑟𝑙𝑜𝑠 𝑠𝑎𝑖𝑛𝑧 𝑗𝑟
Hayran KurguCarmen et Carlos étaient autrefois meilleurs amis, si proches que leurs parents les voyaient déjà mariés. Pourtant, cela n'a pas duré. Après des années séparés l'un de l'autre, ils tentent de réparer les liens cassés de l'époque, sans vraiment savoi...