Un divorce à l'amiable

Chapitre 24

Il était près de minuit quand l'évidence lui sauta aux yeux. Elle tournait et virait dans son lit depuis plus d'une heure. Lucie était stressée car elle avait son échographie des 12 semaines le lendemain matin. Elle espérait ne pas y avoir une mauvaise nouvelle ; normalement tout allait bien car elle avait toujours ses symptômes de grossesse avec ses nausées matinales et sa poitrine gonflée. Mais pour avoir eu bon nombre de grossesses non abouties cette échographie l'inquiétait énormément. Ce n'était que la deuxième fois qu'elle parvenait à ce but mais la première fois elle n'avait plus de symptômes depuis plusieurs jours, ce qui aurait dû lui mettre la puce à l'oreille, mais il n'en fut rien, et la déception fut très grande.

A la différence qu'aujourd'hui elle doit gérer toutes ses angoisses seule.

Pour s'endormir elle avait prit l'habitude de se remémorer de bons moments, et depuis quelques mois ses pensées se tournaient vers Benjamin. Plus précisément leurs ébats, qui lui orientait ses rêveries dans des rendez vous sensuels et érotiques qui la faisait toujours se réveiller avec un goût de trop peu... mais cela lui rappela surtout leur dernière douche commune  à Paris. Elle s'en rappelait les moindres détails, dont un, et pas des moindres, qui ne laisse aucun doute au fait qu'ils n'ont pas été, ni l'un ni l'autre, chercher un préservatif. A force de se repasser les films de leurs multiples galipettes, Lucie a eu le temps d'analyser les moindres caresses, les petits mots doux et les diverses positions qu'ils ont pu pratiquer. Et c'est bien l'unique fois où elle était certaine qu'ils ne se soient pas protégés. Du même fait qu'elle était convaincue que ce bébé ne pouvait être l'enfant de Marc-Antoine, car après toutes leurs tentatives infructueuses pour donner la vie, toutes soldées par des échecs, cela ne pouvait être un hasard que pour l'instant cette grossesse dure.
Elle avait envie de croire que ce soit un signe. Malgré tout cela faisait plus de cinq semaines qu'elle n'avait pas eu de nouvelles de lui. Silence radio total depuis son dernier message. Il était difficile de lui trouver des excuses, après elle pouvait comprendre sa déception et qu il n'ait pas envie de prendre en charge une quarantenaire enceinte de son ex mari. Car aujourd'hui elle était bel et bien divorcée. Cela a été rendu officiel il y a quelques jours. La finalité était arrivée assez rapidement, Marc-Antoine ayant joué des coudes pour que cela se termine au plus vite. Depuis la naissance de son fils il se dévouait corps et âme à sa nouvelle famille, et est en admiration devant Saskia. Elle le suspecte de vouloir lui passer la bague au doigt au plus vite. Visiblement c'est un nouvel homme, il a muté Gregory a l'autre bout de la Suisse, un déménagement rapide et pris en charge par Müller Pharmaceutics pour envoyer toute la famille de celui-ci au plus vite près de lui. D'après Pauline il n'est plus question de céder la société, au contraire, il est ragaillardi à l'idée d'avoir une succession directe pour l'entreprise.
Et dans tout ça, Lucie n'a même pas pris la peine de lui parler de sa grossesse. Pour quoi faire ? Elle voulait attendre de savoir si celle-ci était évolutive avant de l'annoncer à quiconque. Elle en saurait plus demain.

Malgré le silence de Benjamin, elle n'arrivait pas à lui en vouloir. Au contraire, peut être vivait elle dans un fantasme, mais l'idée qu'elle se faisait qu'il était le père de son enfant lui donnait le courage d'y croire et l'envie d'être courageuse pour ce bébé.
Et s'il la rejette, et bien elle se concentrera sur l'enfant et fera comme son amie Pauline, se servira des hommes uniquement pour assouvir ses envies, quand elle le souhaitera.

Pour l'heure elle ne pensait qu'à lui, dans le plus simple appareil, de ses bras forts et musclés, de son torse bronzé et sculpté, de son sourire carnassier quand il était penché sur elle. Et s'endormît.