Chapitre 20

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2023. Genève

Le compte rendu était peu glorieux. 40 ans, en instance de divorce, enceinte de son futur ex mari. Lucie était un boulet, aucune autre conclusion possible. Elle avait appelé Pauline en larmes, faisant les cents pas dans son appartement, ne sachant plus à quel Saint se vouer.

-Calme toi Lucie ça ne sert à rien de se mettre dans un tel état. Dans le fond c'est une bonne nouvelle, Toi qui as toujours voulu être mère, et bien c'est l'occasion !
-Pauline, quand Marc-Antoine va l'apprendre il ne va plus vouloir me lâcher, c'était son excuse pour divorcer à la base.
-Déjà vas faire une prise de sang pour confirmer cette grossesse, prends rendez vous chez ton gyneco et tu aviseras après. C'est ton corps pas celui de Marc-Antoine et ce fœtus n'a rien demandé à personne.
-Oui tu as raison. Bon je vais aller m'occuper de tout ça je te laisse.

Lucie tenta de se calmer en essayant de faire un peu de méditation mais elle n'arrivait pas à se concentrer, trop d'informations se bousculaient dans sa tête. Elle appela donc le cabinet de gynécologie et pris un rendez-vous de datation de grossesse et se prépara pour aller effectuer une prise de sang.

Avec tout ça, elle avait mis de côté Benjamin. Elle se sentait trop mal. Pourtant tout son corps voulait le revoir, et rêvait de partir avec lui en Thaïlande. Comment pouvait elle redonner sa confiance à Marc-Antoine après tout ce qui s'était passé ? En plus elle devait le voir ce midi et plus l'heure approchait moins elle en avait le cœur.

Elle partit donc en direction du laboratoire, fit sa prise de sang, puis elle se rendit près du jet d'eau au bord du lac Leman pour marcher et réfléchir avant de voir Marc-Antoine. Cet endroit la relaxait et elle se sentait toujours mieux après.

Elle acheta un bagel qu elle mangea en marchant et finit par prendre un taxi pour rejoindre Marc-Antoine. Elle s'installa dans le café, demanda un café allongé et attendit qu'il arrive. Quelques minutes plus tard, son futur ex mari fit son entrée, en costume haut de gamme noir, impeccablement coiffé, il balaya la salle des yeux avant que ses yeux bleus s'illuminèrent en voyant Lucie. Il arriva rapidement vers elle en commandant au passage au café expresso au bar.

Il embrassa Lucie sur le haut de la tête avant de s'assoir en face d'elle, répandant l'odeur de son eau de toilette, il portait la même depuis leur rencontre, autour d'elle.

-Je n'étais pas sur de te revoir depuis ta fuite de l'autre jour.
-Oui, je voulais m'en excuser. Il n'aurait rien du se passer. On avait bu, ce n'était pas raisonnable.
-Personnellement je ne regrette absolument pas.
-Marc-Antoine, ton bebe va naître d'un jour à l'autre, je pense que désormais tu dois te focaliser sur ta famille.
-C'est toi ma famille Lucie.
-Fallait y penser avant.
-Lucie je t'ai déjà expliqué tout ça : je reconnais toutes mes fautes, mais je t'assure que je veux recommencer de zéro, je veux que tu me laisses une chance. On adoptera, on partira s'installer où tu veux, on fera ce que tu veux.
-Je t'ai aimé de toute mon âme, vraiment pour moi tu étais l'homme de ma vie. Je t'ai suivi, je t'ai fais confiance, et tu m'as trompée, humiliée, je ne vois pas de retour en arrière possible, il faut que tu me laisses partir.
Et puis...

Le téléphone de Marc-Antoine sonna.

-Saskia ? Je suis en rendez-vous... Ah d'accord. Quand ? Ok j'arrive.
-Je dois y aller, elle a perdu les eaux je dois la rejoindre à la maternité.
-Oui bien sûr.
-Et je peux très bien aimer cet enfant et m'en occuper tout en ne restant pas avec elle.  Je ne suis pas amoureux, je lui ai dis que je voulais la quitter, elle me fais du chantage. Elle m'a manipulé pour me mettre le grappin dessus.
-Tu n'avais pas l'air si manipulé quand tu l'as tenais par les cheveux...
-Du sexe Lucie, c'était juste du sexe.
-Vas la rejoindre, c'est plus important.
-Tu voulais me dire quelque chose avant que mon téléphone sonne ?
-On verra ça plus tard.

Il quitta la table et Lucie souffla en s'affaissant dans la banquette.
Elle regarda ses mails et les résultats du laboratoire était arrivé : elle était bien enceinte.

Elle rentra chez elle et alla dans sa chambre se réfugier sous la couette. Elle se roula en boule et pleura à chaudes larmes, elle était perdue, comment allait elle gérer cette situation ? Elle ne pourra pas éviter éternellement Benjamin et il attend une réponse de sa part.

Et maintenant ? Qu'allait elle faire ? Elle ne se voyait pas retourner avec Marc-Antoine après tous les événements des derniers mois. Elle avait évidemment des sentiments naissants pour Benjamin, mais quel homme sensé se mettrait en couple avec une femme probablement enceinte d'un autre ?

Sinon, la troisième option était de rester seule. D'élever ce bébé qui que soit son géniteur et d'être heureuse ainsi. C'était une probabilité. Elle avait rendez vous dans quelques jours chez le gynécologue et cela serait déjà plus concret, est ce que le fœtus allait s'accrocher cette fois ? C'était un peu la dernière chance, elle avait 40 ans, n'avait pas eu spécialement une très bonne hygiène de vie ses 20 dernières années, et jusqu'à preuve du contraire, était célibataire.

Elle souffla et alla se faire chauffer de l'eau dans le but de boire une énorme tasse de tisane, roulée dans un plaid sur sa terrasse. Elle regarderai le coucher de soleil sur les toits de Genève et irait se coucher devant un Netflix. Elle était crevée. Son cerveau ne s'arrêtait pas de d'actionner depuis ses dernières semaines et elle en avait plus qu'assez. Elle se sentait comme une ado de 3eme qui devait choisir son orientation...

Elle reçu un sms de Ben avec un coucher de soleil sur les toits espagnol avec un petit mot comme quoi il pensait à elle. Il n'en fallu pas plus pour qu elle se remette à pleurer. Qu'allait il penser d'elle lorsqu'elle lui avouera son état ?
Elle pensa à son amie Pauline, qui élevait sans homme à la maison ses enfants, certes grâce à sa nounou d'enfer mais elle avait aussi beaucoup de courage de mener une belle carrière très prenante tout en trouvant du temps pour eux.

***

Marc-Antoine avait nettement moins la classe en cet instant : charlotte sur la tête et protèges chaussures, ça détonnait avec le pantalon à pinces et la chemise blanche immaculée.
Saskia aussi était à son avantage, en transe, insultant Marc-Antoine de tous les noms d'oiseaux qu'elle avait en stock, elle était assise sur un gros ballon en plastique bleu et tournait son bassin dessus en tentant de maîtriser sa respiration. Cela n'avait pas l'air de trop fonctionner mais il préféra se taire. De temps en temps une sage-femme lui demandait l'autorisation pour l'ausculter mais l'affaire n'avançait pas vite.
Visiblement elle ne pouvait pas encore avoir la péridurale et cela semblait douloureux, elle était comme possédée, elle soufflait fort, était rouge, très énervée et gigotait dans tous les sens. La sage femme lui conseilla d'aller marcher dans les couloirs pour accélérer le travail, et que pendant ce temps là elle lui faisait couler un bain dans la salle zen.
Ils marchèrent, il lui tendait son bras, qu'elle écrasait de toutes ses forces à chaque contraction.
A leur retour de promenade, la salle zen était prête : musique douce, lumière tamisée, ciel étoilé, grande baignoire ronde chauffée à bonne température, tout était mis en place pour détendre Saskia. La sage femme l'aida à se mettre dans l'eau, et elle s'installa à l'intérieur. L'effet fut magique et calma rapidement Saskia, qui souffrait toujours mais plus silencieusement, au grand soulagement de Marc-Antoine.

Quelques heures plus tard le travail avait bien progressé et Saskia avait pris confiance, elle ne voulait plus de la péridurale, elle maîtrisait sa respiration et avait presque apprivoisé sa douleur, Marc-Antoine était stupéfait. On leur annonça qu'il était temps de faire naître ce bébé. Quatre poussées plus tard, le bébé naquit, hurlant à plein poumons, c'était un garçon. Quelqu'un propose à Marc-Antoine de couper le cordon, il s'exécuta d'une main tremblante. Puis On posa le bébé sur le sein de Saskia, qui essaya de lui donner une tétée d'accueil que le petit accepta. Le visage de Saskia était comme illuminé, elle observait son bébé avec admiration et Marc-Antoine fut stupéfait de la voir ainsi : belle, douce et maternelle. Il s'approcha doucement d'eux et elle tourna ses grands yeux bleus vers lui en lui souriant.

-Tu es papa.
-Oui... merci de le faire ce cadeau. Je crois que c'est le plus beau jour de ma vie.

La sage femme lui proposa de faire du peau à peau, alors il retira sa chemise et Saskia lui tendit le bébé qu'il prit tout contre lui. Il était beau, parfait, c'était son fils. Au diable les résultats du test ADN, c'était son fils, et c'est cette femme qui n'est pas la sienne, qui lui a donné ce bonheur. Et pour cela, il devrait la rendre heureuse.

Un divorce à l'amiable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant