Vengeances

Chapitre 21

Pietro

Je me suis réfugié dans ma chambre, comme quand j'étais gosse, quand j'ai croisé Bella dans le couloir, Jérôme à ses côtés en train de porter ses bagages.

Je n'arrive pas y croire, Fabio l'a vraiment mis dans la seule chambre à côté de la mienne. Dans celle de ma sœur.

Je déballe ma valise jusqu'à voir l'heure. Celle du diner. Alors je finis de ranger plusieurs chemises dans mon armoire, avant d'aller dans la chambre où se trouvait Bella, et sûrement Fabio.

Il doit sûrement jouer au psychologue encore une fois.

A cette pensée, je sourie avant de poser mon oreille sur la porte. Il doit sûrement lui dire ce que je lui ai dit tout à l'heure.

Pourtant quand j'entends ce que Bella lui dit, je me fige alors que mes yeux commencent à devenir mouiller. J'avale ma salive, attendant qu'elle soit finie son discours sur mon frère.

Ils parlaient pas du tout de moi.

Je rentre d'un coup dans la chambre où ils se trouvaient, assis sur le lit qui occupait presque l'entièreté de l'espace.

Je ne me retourne même pas après leur avoir dit ce que je pensais et me dirige directement vers le garage du manoir. J'enfourche directement la moto que je laisse toujours ici au cas où j'aurais besoin de me barrer. Et c'est exactement ce dont j'ai besoin là tout de suite. Je mets mon casque sur ma tête et la démarre avant de prendre la route.

Je ne pense plus à rien à part aux paroles de Bella.

Elle ne m'a jamais répondu. Ne m'a jamais dit qu'elle m'aimait. Alors que dès qu'elle l'a rejoint, elle lui l'a dit. À lui et pas à moi.

Tout ça c'est ma faute. Je n'aurais jamais dû lui dire. Jamais retourner la revoir après toutes ces années et essayé de refaire ma vie avec une autre, comme elle me l'a si bien dit dans l'avion.

Ce n'est pas la seule perle de mon répertoire. Comme dirait Nekfeu.

Mais elle est la seule que je veux vraiment.

Mes yeux sont toujours troublés par quelques larmes de colère, mais sont toujours fixer sur ma route.

Je continue de rouler, vers le seul endroit où j'ai envie d'aller. La seule chose que j'ai envie là tout de suite est de parler à ma sœur. Ou ce qui s'en rapproche le plus.

Arrivé à l'entrée du cimetière, je pose ma moto avant d'enlever mon casque et me diriger vers la tombe de ma sœur. Quand j'arrive devant celle-ci, je m'agenouille devant.

"-J'aimerais tellement que tu sois encore là Eden. Je... Bella est revenu dans ma vie, elle est ici, à Milan. Je t'ai toujours dit que je l'aimais mais que je n'avais jamais pu lui dire, et aujourd'hui je l'ai fait. Mais elle ne m'aime pas en retour. J'ai entendu ce qu'elle a dit à Fabio. C'est lui qu'elle aime. Pas moi. Mais je dois rester ici, avec eux deux dans les parages. On va retrouver Estéban et s'en débarrasser, je te le promets. Pour toi Eden. Tu me manques tellement." Au moment où je dis ça, toutes les larmes que j'avais gardé pour moi coulent. Ce sont en même temps des larmes de colère et de tristesse.

Putain j'aimerais tellement que tu sois là, que tu puisses m'aider, que je puisse te serrer dans mes bras...

Après au moins trente minutes à me lamenter en pleurant, je me relève et rentre. L'heure du diner était passé depuis longtemps et je sais qu'ils ont déjà manger, mais honnêtement la conversation que j'ai entendue m'a coupé l'appétit.

Je monte directement dans la chambre que j'occupais quand j'étais adolescent et me change pour une tenue bien plus confortable : un caleçon, avant de m'allonger, près à regarder un film ou lire un peu.

Il est hors de question que je ne sorte de cet endroit, il est hors de question que je crois l'un d'entre eux.

Je reprends le livre que j'avais commencé avant d'aller au cimetière pour essayer de me replonger dans l'histoire.

Sans succès étant donné que la porte de ma chambre s'ouvre, sur Fabio.

Putain.

"-Pietro ?

Je ne réponds même pas, je ne tourne même pas mon attention vers lui, mais je ne lis pas pour autant.

-Je voulais te dire qu'Estéban as appelé...

Je me retourne presque d'un coup.

Il a toute mon attention.

-Il vient de nous inviter à un gala. Il dit qu'il veut nous présenter à certaines personnes comme ses "collaborateurs".

J'écoute mais je ne réponds pas. J'attends qu'il termine.

-Demain. On doit être présent tous les trois. Vers les vingt-deux-heures." M'informe-t-il en insistant sur "tous les trois".

Elle sera là aussi. Super.

Je continue de faire comme si de rien était avant qu'il ne parte. Mais au moment où je crois qu'il ferme la porte, il chuchote, celle-ci à moitié fermé.

"Ce n'est pas ce que tu crois. Tu devrais l'écouter Pietro."

Mais de quoi il parle ce con ? S'il veut remuer le couteau dans la plaie, il l'a fait.

Je fais comme si je n'avais pas entendu et me rassis dans la même position pour terminer mon livre.

Je suis allongé, je veux dormir. Mais je n'y arrive pas. Vraiment pas. Alors je me lève, prends une clope dans ma valise avant de sortir sur le balcon de ma chambre.

Je l'allume avant de tirer la première taffe et de la souffler, toujours accouder à mon balcon.

Je me rappelle toujours avoir aimer cet endroit, je l'ai toujours trouvé reposant. La vue que j'avais sur le jardin était digne d'un château et d'ici je voyais la lune à cette heure-ci tellement bien.

La lune, putain qu'est-ce que j'aimais cet astre. Je trouvais ça tellement incroyable qu'une étoile comme le soleil puisse faire briller la lune comme ça. Alors qu'elle n'a pas de lumière propre à elle.

C'est comme si on rencontrait une personne tellement heureuse, tellement souriante, qu'elle pourrait nous rendre heureux aussi. Sans rien faire. Juste en rayonnant d'elle-même.

"-Toi aussi t'aime observer la lune ? J'entends une vois presque à côté de moi me demander.

Bella.

Je ne réponds rien et continue de fumer.

-T'aurais une cigarette pour moi ?

Je soupire. Elle me fait chier.

-Tu comptes vraiment arrêter de me parler ?

Je tourne enfin mon visage vers le balcon, par lequel ma sœur avait l'habitude de me parler.

-Parce que tu penses vraiment que je vais te parler et te féliciter pour ton couple ? Arrête de faire comme si tu ne lui avais pas dit ce que j'ai toujours attendu que tu me répondes. Parce que si tu attends que je sois heureux pour toi, tu peux toujours rêver. Je ne suis absolument pas heureux, j'ai envie de tout foutre en l'air et de ne plus jamais vous voir. Tous les deux. Mais on a encore une mission qui nous relies. Puis plus rien. Vous pourrez refaire votre vie, et moi aussi." Je souffle en essayant de garder mon calme.

Quand je finis de lui dire ce que je pensais d'elle. D'eux. J'écrase mon mégot sur le rebord du balcon et le balancer pour enfin partir et m'enfermer dans ma chambre.

Je m'allonge à nouveau. Je sais que je n'arriverais pas à dormir mais j'essaierais. Et peut-être qu'avec la nichotine dans mon corps, je dormirais au moins une heure.