J'avais passé la nuit précédente chez mes parents. Adé et John étaient arrivés quelques heures avant moi et nous avions dîné tous ensemble, à six, dans notre maison d'enfance. C'était incroyable et j'avais hâte de voir Will le lendemain soir au putain de stade de France. Je savais que le son était pas super, mais juste connaître la capacité de l'endroit me rendait immensément fière.
Le lendemain soir... C'était ce soir. Là, maintenant.
Comme tant d'autres soirs, j'étais dans un des carrés VIP avec ma sœur et John, à attendre sous les chants des fans français, auxquels nous nous mêlions avec plaisir. Les gens avec nous étaient des gens dont j'étais fan quand j'étais plus jeune et j'adorais le fait que je pouvais discuter avec eux. Les privilèges. Le groupe de la première partie termina, nous laissant un peu attendre. De toute façon, les garçons étaient toujours à l'heure, la seule fois où ils avaient été en retard, c'était le 14 septembre. Enfin, ça, c'était quand ils avaient un management. Parce qu'honnêtement, là, c'était une question de jours avant qu'ils ne démissionnent. Ils avaient trop de fierté pour se laisser virer, Kasanov et Gaflica. Et j'avais hâte de ce jour. Qui arriverait bientôt, je le savais.
Les premières notes de « Alone » retentirent, les premières voix se firent entendre et finalement, Eze entra en scène, suivi par Zoran, puis les trois autres entrèrent et se dirigèrent de l'autre côté de la scène. Si, à toutes les autres représentations, Loam et Zoran cherchaient par tous les moyens à se voir, là, ils s'ignoraient tout bonnement. Je cachai mon sourire tandis que les chants en leur faveur montaient de la fosse. Adé se rapprocha de moi et me demanda si tout allait bien entre eux, puisque j'avais été avec le groupe, hier. Je ne répondis pas, écoutant simplement les notes de « Us » accompagner mes voix préférées.
Will se détacha du groupe et prit la parole.
« - Bonsoir Paris, bonsoir le Stade de France ! Vous êtes incroyables, vous êtes bruyants, c'est magique. Paris, laissez-moi vous présenter notre petit préféré, Loam Davies ! Aïe, mec, t'es petit mais t'as de la force ! J'ai dit que t'étais le préféré, oh. On a ensuite celui qu'on aime qualifier de brùnaidh, vous l'aurez compris, Dean Erskine ! On continue avec celui qui va détruire une nouvelle fois sa masse capillaire ce soir, Ezechiel Lindley ! Puis on a l'asperge d'entre nous, Zoran Evans ! On finit avec moi-même, William Taylor, bonsoir Paris, voici « Only Weeks » ! »
Leur petit manège dura quelques chansons de plus. Ni l'un, ni l'autre ne semblait constater la présence de l'autre, et, d'ailleurs, aucun des trois autres membres du groupe ne montrait que ce comportement était anormal. Ce qui, en soit, était anormal, puisque Will, Dean et Eze avaient montré qu'ils étaient les plus expressifs pour ce qui était du cas de Loam et Zoran.
« Only Weeks » vit les chants se tarirent, puis ils furent silencieux durant « Skies », puis ils reprirent faiblement durant « Everytime », et on lâcha bel et bien un ballon pendant cette chanson. Puis Loam chanta une de ses chansons qu'on pouvait interpréter comme allant dans le sens d'une possible relation entre lui et Zoran. Les chants étaient presque inexistants, seulement portés par une centaine de personnes. « Confuse Version Of The Truth ». Elle était bel et bien en sixième position dans la setlist, mais sa présence sonnait anormale après cette première vingtaine de minutes de concert.
Je sortis mon téléphone pour consulter rapidement Twitter et constater que quelques tweets avaient déjà été faits afin d'exprimer l'étrangeté de la situation. Pendant toute cette chanson-là, le regard de Zoran était fixé sur Loam - pour la première fois de la soirée. Les tweets les plus récents, datant de quelques secondes, en parlaient. Parce que Loam les rendait, ces regards. Il regardait clairement vers la droite, où se trouvait Zoran, et non le public en face de lui.
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Tied
Hayran Kurgu« - Je vois que vous êtes toujours des merdes en termes de communication. - Merci, Dean. - Je suis sérieux, mec. Vous devriez parler. » L'expression « rester dans le placard » désigne les personnes LGBT+ qui n'ont pas divulgué leur orientation sexu...