Chapitre 42

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Samedi, 6 mai 2017

Les jours ont passé depuis le baiser que nous avons échangé Chris et moi. J'ai beau me répéter que j'ai mis un terme à la « liaison » que nous entretenions, j'ai la sensation que nous nous sommes quittés sur quelque chose d'inachevé.

Ce baiser était sûrement un adieu. Cependant, j'espère en mon fort intérieur qu'il ne l'était pas. Ce baiser a réussi à raviver la flamme qu'il avait allumée en moi la première fois que nous nous sommes touchés.

Pourtant, depuis lors, aucun sms n'a été échangé. Je n'ai pas eu l'occasion de le voir dans le métro ou ailleurs. Je n'ai eu aucun signe de vie de sa part. Rien.

Nous sommes redevenus l'un pour l'autre deux étrangers. Deux étrangers qui ont connu quelque chose d'exceptionnel ensemble, je dois l'admettre. Et cela me manque terriblement...

La routine est revenue. Je me lève. Je caresse Amour. Je me douche, je m'habille et je file pour prendre le métro et rejoindre Lola et Scott au Chocolat Chaud.

Lola trouve que j'ai changé... que je ne suis plus la même. Quant à Scott, il se tait mais il ne peut pas s'empêcher de me regarder avec ce même petit air de chien battu avec lequel on regarde les personnes dont on a pitié. Plus d'une fois, j'ai eu envie de lui fracasser le nez mais j'ai pris sur moi. Jusqu'à aujourd'hui. Pourquoi ? Je ne sais pas.

Il faut que les choses changent, que je me reprenne et que j'arrête de broyer du noir. C'est la raison pour laquelle j'ai revêtu mon short taille haute qui est si court qu'on pourrait presque voir ma culotte et le body qui moule à merveille mon buste et qui dévoile les rondeurs de ma petite poitrine. Ce soir, après mon service, je sors.

C'est décidé ! Mon lit ne restera pas vide. Fille ou garçon me raccompagnera. Je ne veux plus jamais ressentir quelque chose. Je veux juste jouir, au point de presque voir la mort de près.

Mrs. Styles me considère gravement ou plutôt reluque mes jambes dévoilées.

— Il fait beau aujourd'hui ! lui lancé-je avec un énorme sourire, par-dessus le bruit de la foule.

— Pas au point de se découvrir totalement.

Sur le moment, j'en reste la bouche grande ouverte parce qu'au grand jamais, elle ne m'a répondu de cette façon. Qu'ai-je pu faire au point de la mettre en rogne ?

Au lieu de riposter avec une de mes phrases beaucoup trop acerbes, je lui tourne le dos pour mettre un terme à notre échange.

Les arrêts défilent. Je ne le vois toujours pas. Je sais qu'il a pris la décision de m'éviter. Il ne montera pas dans la rame. Il ne me regardera pas avec ce même petit air déconcertant qu'il a toujours et il ne me sourira pas.

Après tout, c'est moi qui ai mis un point final à notre relation, et j'en viens encore à douter de mon choix.

Ça suffit ! Ce soir, c'est le grand jeu que je sors. Cheveux attachés, rouge à lèvre et décolleté !

Je vais m'amuser, je vais m'amuser... je vais m'amuser.

***

Qu'ai-je fait ? Oh mon dieu ! Tout ce sang. Il y en a partout. Mes doigts en sont recouverts. Mes phalanges sont ouvertes. Et j'ai un ongle cassé en plus de mon index qui me fait atrocement souffrir et ne tient plus droit.

Là, tout de suite, j'ai envie de m'effondrer et de pleurer.

Son corps git à mes pieds. Je ne sais pas s'il vit encore. Il ne bouge plus.

Victoria Line (T1 de Thistly Heart)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant