Chapitre 12

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Bras dessus bras dessous, nous entrons dans un bistrot de Camden, celui où j'ai l'habitude de déjeuner avec Scott le vendredi. Il ne désemplit pas un dimanche. Toutes les tables sont presque occupées ou réservées, mais nous avons de la chance. Un couple d'amies règle l'addition.

Depuis que nous avons quitté mon appartement, Betty me décrit en détails son nouveau quotidien à Édimbourg. Elle qui a toujours vécu en Angleterre s'est retrouvée propulsée à la capitale écossaise. Elle n'a pas hésité à saisir une opportunité professionnelle, ce que ses parents ont fortement désapprouvé.

Ceux-ci abhorrent tout ce qui se rapproche de près ou de loin à l'Écosse. Moi y compris ! Comme d'habitude, Betty n'a pas pris en considération leur avis. Elle a plié rapidement ses bagages pour déménager et entrer en fonction dans une école privée.

— Vu que t'es très bien payée, c'est toi qui paies l'addition ? lui proposé-je, taquine.

— Dans tes rêves, poulette ! Je ne suis pas Rothschild !

Je la rejoins dans son rire.

Nous nous installons à une table. Après avoir consulté la carte, nous commandons toutes les deux un hamburger accompagné de frites et crudités. Les plats tardent à arriver en raison de l'affluence de clients, mais le temps s'écoule à une vitesse folle. Je ne le vois pas passer en la compagnie de Betty.

Elle me raconte sa rencontre avec le professeur de sport de l'établissement où elle est éducatrice. Ce Joshua ne la laisse pas aussi indifférente qu'elle ne le prétend.

Les hamburgers servis, nous mangeons dans la bonne humeur. Je lui résume ma vie de ces derniers mois. Elle m'écoute attentivement. Elle est triste d'entendre que la dispute entre Scott et Lola a provoqué un raz-de-marée. Je lui confie ensuite le défi que je me suis donnée. Celui de séduire Chris.

— T'as toujours eu le don de te mettre les hommes dans la poche. Alors pourquoi tu n'arriverais pas avec lui ? m'interroge-t-elle, curieuse.

— Peut-être parce qu'il est différent des autres et qu'il est, en plus, marié et papa.

— Jooo... J'accepte que tu te tapes tout type de mecs, mais tu es certaine de vouloir faire ça ? Marié et papa, me dit-elle en appuyant sur les derniers mots.

Accusatrice, elle pointe sa fourchette dans ma direction. Je baisse la tête. Je n'aime pas quand elle utilise ce ton empli de reproches. Surtout quand aucune explication raisonnable ne me vient en tête pour justifier mon comportement.

Dès que je lève les yeux, mon regard croise un éclair bleu violacé. Chris.

Je déglutis difficilement. Que fait-il ici ?

Il avance dans la salle sans me quitter des yeux. Pourtant, il n'est pas seul. Une magnifique femme aux longs cheveux noirs se tient à son bras. Elle arbore une expression de resting bitch face sur le visage, mais n'en demeure pas déplaisante à regarder. Je me rends compte qu'à côté d'elle, je ne fais pas le poids. Impériale et gracieuse, sa silhouette mise en valeur dans une robe fourreau me nargue.

Elle forme avec l'avocat la paire parfaite. Un couple uni par les liens du mariage.

Betty décèle mon trouble et se retourne vers celui qui en est l'auteur. Je l'entends chuchoter entre ses dents : « C'est pas vrai ! ». Elle a compris l'origine de mon malaise.

Je décide de reporter mon attention sur les frites qui refroidissent dans mon assiette. Je ne souhaite tout simplement pas rencontrer sa femme. Celle que j'ai méprisée en embrassant son époux et qui s'affiche fièrement à ses côtés.

Victoria Line (T1 de Thistly Heart)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant