Chapitre 23

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La porte d'entrée produit un bruit sec, me faisant sursauter.

Par-dessus mon épaule, j'aperçois Elizabeth dans le corridor. Elle tire Chris par le col de sa chemise et l'embrasse avec fougue. Celui-ci referme la porte derrière lui avec la même violence avec laquelle elle s'est ouverte.

Le corps pressé contre le sien, il la coince entre lui et la rambarde des escaliers pour approfondir leur baiser.

D'où je suis, c'est-à-dire depuis le canapé, je vois des mains féminines se faufiler sur un postérieur, puis disparaître sous une ceinture.

Gênée d'assister à une telle scène, je détourne le regard sur Amour. Celui-ci dort sur mes jambes. Il ne se soucie pas des gémissements et des murmures haletants qui proviennent du hall d'entrée. Dégoûtants. Ils me donnent la nausée.

Il est tard. Je devrai probablement m'en aller si je ne souhaite pas assister à leurs ébats sexuels.

Jamie est déjà couché. Il dort à poings fermés, même s'il a lutté contre l'attraction de Morphée. Il voulait que ses parents reviennent plus tôt du restaurant pour le border.

Toutefois, ces derniers ne sont pas près d'enfiler leurs pyjamas, ni de chanter une berceuse !

Le chignon d'Elizabeth appartient au passé. Ses longs cheveux retombent dans son dos. Quant à sa robe, elle tient encore sur ses épaules, bien que les premiers boutons soient déboutonnés et laissent entrevoir un soutien-gorge noir. Délicat, mais sexy. La dentelle transparente dévoile sa poitrine généreuse.

Un énième gémissement.

Je suis à bout de patience. Je me racle la gorge pour leur indiquer ma présence. Enfin, ils me remarquent.

C'est pas trop tôt !

Chris, les joues rougies, s'excuse et boucle sa ceinture, avec une grimace. Mes yeux louchent sur son inconfort.

Encore un peu, et j'assistais à quelque chose d'indécent. On dit que nous, les Anglais et Écossais, sommes tous puritains. Pour une fois, je respecte les préjugés historiques !

Quant à Elizabeth, elle tire sur sa robe dont l'ourlet était remonté sur ses hanches. Son teint, pourtant si pâle en général, s'empourpre alors qu'elle balbutie des excuses. Son rouge à lèvres a aussi bavé. D'ailleurs, la bouche de son mari en porte les traces.

Tous les deux me regardent avec embarras.

— Je récupère mes affaires et je ne vous dérange pas plus longtemps !

Après que Amour ait retrouvé le confort de sa cage, je récupère ma veste au portemanteau.

Chris et Elizabeth n'ont pas bougé d'un poil. La jolie brune a tout de même reboutonné son vêtement. Dire que je la croyais frigide ! La démonstration m'a prouvé le contraire.

— Merci d'avoir gardé Jamie. Il vous apprécie beaucoup.

— Avec plaisir ! C'est un petit garçon très sage.

Elizabeth ne soutient pas mon regard, encore mal à l'aise. Elle s'éclipse à l'étage, nous laissant seuls Chris et moi.

— Quelqu'un vient te chercher ? me demande Chris.

Ses cheveux sont toujours ébouriffés. Heureusement, il a essuyé la traînée de rouge après avoir aperçu son reflet dans le miroir de l'entrée.

— Je reprends le métro jusque Finsbury Park. Je ne sais pas si tu connais...

— C'est un quartier malfamé, non ?

— C'était.

— Je te ramène quand même ! insiste Chris.

Victoria Line (T1 de Thistly Heart)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant