Chapitre 45

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Vendredi, 26 mai 2017

Des coups retentissent à la porte mais je ne bouge pas.

Mes muscles tremblent. Je suis paniquée par le bruit que provoque la main qui tambourine un rythme incessant. Je regarde tout autour de moi comme si la personne derrière cette porte pouvait me voir. Je me ratatine sur moi-même.

Assise sur le parquet, je suis coincée dans un coin entre mon lit et le mur qui donne sur la rue. Mes bras s'enroulent autour de mes jambes et je pose ma tête sur mes genoux. Je ferme les yeux et essaie de m'imaginer étendue sur le cresson en train d'écouter le bruit que fait le ruisseau en contre-bas de ma maison d'enfance mais cela ne me rassure pas le moins du monde.

J'attends que la personne s'en aille pour me lever, mais elle persévère et les coups se font entendre plus fortement.

Amour est logé entre mes bras et tremble, alerté par le bruit. Je tente du mieux que je peux de rassurer ce petit froussard en le caressant et en lui murmurant des paroles rassurantes derrière l'oreille, mais ce dernier est tellement tendu que ses griffes me rentrent dans les cuisses.

À vrai dire, je suis tout aussi crispée.

— Chut, Amour... ça va aller. Ça va aller, je te promets.

Ma voix se brise dans ma gorge si bien que les grands yeux d'Amour s'agrandissent et ce dernier, nullement rassuré par mon ton peu convaincant, me file entre les doigts pour se réfugier sous le lit.

Le bruit se fait de nouveau entendre, me faisant sursauter si bien que je décide de suivre la boule de poils dans sa cachette.

— Amour, viens ici !

Pourtant, celui-ci, d'habitude si affectueux et obéissant tel un canidé, se réfugie un peu plus loin et sort ses griffes. Je tends une main hésitante pour l'attraper mais il est si craintif. Sa patte s'abat sur ma main pour me griffer. C'est le geste de trop qui me fait craquer !

Je retombe sur le dos et fixe les lattes de mon sommier. Pour la énième fois, les vannes sont ouvertes : je pleure à chaudes larmes en silence. Un froid glacial s'empare de mon corps. Je ferme les yeux et me place en position fœtale, seule manière de me protéger de tout ce qui m'entoure. Et les souvenirs me reviennent en tête.

Les eaux du ruisseau coulent entre les rochers, tantôt grisâtres, tantôt avec des teintes bleutées. Les mini cascades émettent une mélodie qui a le don de me détendre. Bercée par les sons aquatiques, je me sens emportée dans les bras de Morphée. Le soleil brille et a le don de me réchauffer. Le vent frais souffle et agite l'herbe qui chatouille mon épiderme.

Je m'endors ainsi en pleine nature, ou plutôt recroquevillée sous mon lit.

Il doit être dix-neuf heures si j'en juge la lumière du soleil couchant qui perce à travers les rideaux filtrants dans la pièce. J'ai terriblement faim et mon frigo est vide.

Je rampe pour quitter ma cachette. Amour a finalement trouvé un moyen de s'excuser en venant se coller tout contre moi pendant que je somnolais.

Je décide finalement de me lever pour me servir un bol de céréales puisque les coups ont cessé. Soit c'était Max, le voisin du dessus qui avait encore besoin de sucre comme il le prétend à chaque fois depuis la fois où j'ai terminé dans son lit, soit c'était Lola ou Scott à qui je n'ai toujours pas donné de réponses aux nombreux messages qu'ils m'ont envoyés.

À vrai dire, je me contrefiche de savoir qui frappait à ma porte comme un acharné. Tout ce que je veux, c'est être seule. Manger devant Netflix, sauf que je n'ai plus de quoi manger. Dormir, même si cela m'est impossible et que mon quotidien se résume à des nuits blanches. Et m'ennuyer à tourner en rond dans mon appart.

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Victoria Line (T1 de Thistly Heart)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant