Victoria Line (T1 de Thistly Heart)

Chapitre 33

L'une des mains de Chris se pose sur ma joue et en effleure la pommette, alors que l'autre s'empare de ma hanche et la compresse. Je m'écarte de lui afin de mieux le regarder.

Il paraît totalement serein bien qu'il s'apprête à tromper son épouse.

Je me sens comme le diable. Vicieuse et, de surcroît, victorieuse. Je suis parvenue à mes fins.

De mon index, je trace la pulpe de ses lèvres me dévoilant de grandes dents blanches. Celles-ci le capturent entre elles, avant que sa langue ne le titille. Chris me lance un regard plein de promesses. Qui, j'espère, il assouvira.

Il libère enfin mon doigt tandis que je butine chaque centimètre de son cou. Sa peau sent bon son eau de parfum typiquement masculine. Je le sens frissonner contre mes lèvres. Mes mains palpent ses bras dissimulés sous son blazer et sa chemise. Peu à peu, elles s'immiscent sous les vêtements.

Je le débarrasse de sa veste que je jette sur le sol, lui arrachant un éclat de rire. À son tour, il se charge de mon t-shirt qu'il envoie valser dans la pièce.

Ébahi, il admire mon body couleur lilas que j'ai acheté au souvenir des roses qu'il m'avait envoyées. Ses doigts en caressent la dentelle, dessinent des formes qui n'ont aucun sens, sillonnent l'auréole de mes seins.

Pourtant, ce que je lis dans ses yeux brise l'instant. Il doute.

Sonnée, je recule. Je ne peux pas coucher avec un homme qui regrette avant même d'avoir commencé.

Je descends du bar et attrape mon t-shirt pour le remettre, mais une main m'en empêche.

— Euh... Qu'est-ce que tu fais ? me demande Chris après m'avoir arraché mon vêtement de la main.

— Il vaut mieux que tu rentres chez toi. Je ne veux pas te forcer à faire quelque chose que tu regretterais par la suite.

J'éteins les néons du bar et attrape mon sac qui se trouve derrière.

Néanmoins, Chris me barre la sortie. Il tourne les trois verrous que Harry a installés suite au nombre grandissant d'effractions. Les sourcils froncés, je ramasse son blazer pour le lui rendre. Au lieu de l'accepter, il me ramène contre son corps. Mon souffle se répercute sur ses lèvres, tandis que je le fixe.

— Qui t'a dit que je regretterai ?

Il plaque sa bouche contre la mienne avec force.

Mon cœur s'emballe dans sa cage thoracique. J'ai dû mal à reprendre mon souffle, et il le devine puisque ses lèvres descendent le long de ma mâchoire. Ses mains effleurent mes bras dont les poils sont dressés avant de retomber sur mon fessier qu'il empoigne. Elles défont ensuite le bouton de mon jeans qui glisse à mes pieds. À genoux, Chris m'ôte mes baskets. Sa bouche m'embrasse dans l'aine, alors que je me tortille de plaisir.

Impatiente, je le saisis par le col de chemise pour qu'il se redresse. Je déboutonne, un à un, les boutons de sa chemise. Son torse m'apparaît, la peau légèrement brunie. À côté, la mienne paraît trop pâle et trahit mes origines nordiques. Mes paumes se collent à ses abdos grossièrement dessinés. Ceux-ci se contractent sous le contact froid de mon épiderme.

Mes doigts glissent sur sa ceinture que je retire d'un coup sec. Elle retombe bruyamment sur le parquet.

Nos regards se croisent, chargés en électricité.

Nos souffles haletants se mélangent.

Nos bouches se cherchent.

Nos corps s'apprivoisent.

Ce bal incessant me fait tourner la tête. J'ai l'impression de le désirer depuis une éternité. Une éternité qui a seulement duré quelques mois. Chacun de ses baisers laisse des brûlures sur ma peau.