Chapitre 11 - SOFIA

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Perdue dans mes pensées, je vois sa silhouette s'installer à mon opposé. Un sourire en coin se dessine sur mon visage mais je continue de regarder au loin, une sensation d'apaisement apparaît sur mon visage et se propage en moi. C'est la même sensation qu'elle a réussi à me faire ressentir lors de notre première discussion sur le banc du campus ou alors ce soir-là. Sa simple présence m'apaise, calme les démons qui se déploient et affectent mes pensées. Nous sommes restées là un moment sans rien dire, profitant du calme et de la beauté de la nuit.


Peut-être que je devrais m'excuser ?


Mes yeux glissent quelques secondes sur le côtés puis je l'observe un instant, elle se tient droite avec un chignon à moitié défait et des vêtements décontractés. Sa main posée sur ses côtes ne me laisse pas indifférente, a-t-elle mal quelque part ? Ses lèvres charnues soupirent et elle interrompt ce silence.

– Le ciel est magnifique ce soir, n'est-ce pas ?

– Oui, c'est apaisant.

Un sourire se dessine sur son visage et je détourne le regard.


❅❅❅


– Quelqu'un voudrait nous lire sa dissertation à voix haute ?

– Je veux bien Madame, dit un élève au premier rang.

Je lui fais signe de commencer et un silence s'installe laissant le jeune homme s'exprimer. Quand il finit, je le félicite et ramasse sa copie afin de pouvoir la noter avec les autres ce soir.

– Avant que vous ne partiez, j'aimerais que vous passiez par mon bureau afin de me déposer vos copies.

Une ribambelle d'élèves défile devant mon bureau, me déposant leurs copies et me saluant avant de prendre congé. Elle passe devant moi pour déposer sa copine accompagnée de son amie et fait mine de ne pas plus me regarder que ça. Un sourire narquois se dessine sur mon visage pendant que je tasse les diverses copies pour les glisser dans mon sac.


Alors comme ça, on m'ignore petite renarde ?


– Sof alors ça roule ?

Appuyé sur la porte avec les bras croisés, Mike semble plus qu'heureux de terminer sa journée.

– Je dois te rappeler que tu as 31 ans ?

– La jeunesse c'est dans la tête chérie.

J'éclate de rire tout en récupérant mes affaires pour me diriger en salle des professeurs pour une réunion interminable.

– Alors pas trop dur la reprise ? m'interroge Monsieur Walter.

– J'ai bien cru que cette journée ne se terminerait jamais, dis-je en soupirant.

– Et vous Monsieur Walter ? demande Mike.

– Tu sais bien que les élèves évitent de me chercher des noises mon petit Mike.

Nous entrons dans la salle pour nous mettre dans un coin et attendre que le proviseur prenne la parole suivit de Monsieur Walter. C'est une réunion de formalité qui ne dure qu'une petite heure, un petit speech du proviseur ainsi que du doyen de l'université pour rappeler quelques règles pour cette reprise.


– Enfin, je commençais à avoir grave la dalle, s'exclame Mike.

– C'est vrai que rester assise pendant tout ce blabla, c'est vraiment pas mon truc.

– Ça te dit une pizza ? La pizzeria au coin de la rue est pas mal.

– Ok mais par contre je la prend à emporter, j'ai des copies à corriger et je suis claquée, dis-je en baillant.

Nous nous dirigeons donc vers la pizzeria afin de commander, j'opte pour une pizza double pepperoni et salue Mike pour prendre la direction de mon appartement. Je suis totalement à plat, cette journée à été plus longue que prévu. Je n'aurais pas dû rester aussi tard au parc hier soir mais bizarrement, j'étais incapable de décrocher un mot ou même de partir. Je baille à m'en décrocher la mâchoire et pose la pizza sur le plan de travail qui me sert de table. J'ouvris mon frigo afin d'y prendre une canette de coca et m'assieds sur un des tabourets. Afin de minimiser au mieux mon temps et rejoindre plus rapidement mon lit, je décide de prendre mes copies et de commencer à les annoter tout en dégustant ma pizza.

– Bordel, c'est vrai qu'elle est pas mal, pensé-je à voix haute.

Après avoir enchaînée une vingtaine de copie, je regarde l'heure sur mon téléphone avant de constater qu'une notification concernant le meurtre d'un journaliste du New York Times. J'ouvre la notification pour en savoir plus et d'après l'article, il semblerait que ce soit le même journaliste qui ait été chargé de la rédaction de l'article sur mon plan d'un soir démembré. Je jure et pose mon téléphone sur le côté afin de ne plus me laisser distraire. Ce taré a donc décidé de tuer toutes personnes susceptibles d'être sur son passage, pourtant au lieu de faire ça discrètement il laisse des cadavres partout.

– Si je ne le connassait pas, je jurerais que c'est un putain d'amateur, soufflé-je.

Je bois une gorgée de ma canette et décide de passer à la copie de ma petite renarde. J'observe sa copie et commence à la lire avec fluidité, son écriture est soignée et cursive. Son texte me paraît assez captivant pour que je continue à le lire et je fais une pause en constatant qu'elle a décrit ses vacances en détails, passant de son séjour chez l'inconnu qui l'a embrassé à... une dispute avec un homme ? Je deviens soudainement à la fois inquiète et vert de jalousie.


Elle a passé ses vacances chez lui et il l'a embrassé ?


Plusieurs questions se forment dans ma tête, est-ce qu'il s'est passé autre chose entre eux ? La dispute avec cet homme est-elle inventée ? Je me rappelle avoir laissé quartier libre aux élèves s'ils pensaient que ça aurait pu être pertinent pour leurs dissertations. Les détails sur cette altercation me semblent plutôt bien approfondie et les sentiments ressentis sont tout aussi complexes. Un sentiment d'inquiétude m'envahit, je récupère mon téléphone et m'empresse d'ouvrir mes mails. Je recherche aussitôt son contact et lui envoie un mail de convocation, afin qu'on puisse en parler même si je sens que je ne devrais pas m'en mêler.


Elle ne va rien te dire Sofia, tu n'es personne pour elle.


Je soupire un bon coup et dépose le tas de feuilles sur le côté. Je jette un coup d'œil à mon téléphone et constate qu'il était déjà 23h passé, je me levai de mon tabouret, en direction de la salle de bain afin de me préparer pour me laisser emporter dans les bras de Morphée.

Perturbatrice / DARK ROMANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant