Chapitre 20 - AMARIA

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J'ai toujours été douée pour jouer la comédie, alors sortir avec Sofia dans le dos de tout le monde et faire croire à une simple relation prof et élève est un jeu d'enfant. Je ne sais pas pourquoi mais l'idée d'être son secret me plaît, peut-être parce que je n'ai jamais été réellement en couple avant. D'ailleurs est-ce que nous sommes en couple ? Rien n'a été officialisé. Je ne sais pas si après 2 ou 3 parties de jambes en l'air, on devrait se considérer comme telle. Je ne connais pas grand chose d'elle après tout. J'ai l'impression d'avoir plus de facilité qu'elle à me confier mais je ne sais même pas de combien de membres est constituée sa famille hormis le décès de sa mère ? Est-ce que je devrais lui demander ? Je relève mon carnet d'écriture afin de relire ce que ça donne et quitter ce genre de pensées. J'ai décidé d'envoyer mon manuscrit aujourd'hui, personne n'est encore au courant mais si j'arrivais à avoir une réponse positive afin de publier mon premier recueil de poésie, je me demande si la FAC serait encore utile. Je pense terminer au moins la licence afin de me lancer dans le monde adulte mais j'aimerais tellement avoir un avis professionnel sur ce premier essai. J'ai regroupé tout un tas de poème écrit à la main afin de faire un "recueil essai" pour me donner un ordre d'idée de la présentation. J'aime l'idée que mes poèmes pourraient réussir à parler à certaines personnes qui sont ou non dans des situations compliquées. Ce carnet qui normalement devait être une sorte de journal intime, deviendra mon futur succès. Mon père ne croyait pas à la défaite, il partait du principe que quand on veut quelque chose, il faut tout donner pour l'obtenir. La défaite est un mot inventé pour les gens qui ne persévèrent pas suffisamment pour venir à bout de leurs souhaits. C'est le genre de phrase qu'il aimait me répéter afin de m'encourager à combattre les obstacles de la vie qui pouvaient se dresser devant moi mais il ne m'a pas appris comment gérer sa propre mort. Une larme roule sur ma joue quand je referme l'enveloppe. Il ne me reste plus qu'à aller déposer ce manuscrit dans la boîte aux lettres de la maison d'édition où mon père avait postulé et écrit, des années plus tôt.


Je te promets de me battre pour suivre tes pas, je veux que tu sois fière de moi.


Mon téléphone sonne et je décide de regarder le nom de l'appelant avant de décrocher.

– Anaé ?

– Ma sœur préférée ! Comment tu vas ?

– Ca va et toi ?

– Hé bien... écoute je suis désolé de te déranger mais j'aurais besoin que tu me parles.

– Comment ça ?

– Je... je me suis prise la tête avec mon père et il refuse de m'avouer la vérité alors j'ai besoin que tu m'expliques ce qui s'est passé depuis le début.

– Anaé je ne suis pas sûre que...

– Il le faut, il est hors de question que je continue à faire comme si tout allait bien alors que ça se trouve il te fait ce genre d'horreur depuis des années.

– Mais c'est rien tu sais.

– Bien sûr que si ! C'est un monstre et son histoire de légitime défense là, j'y crois pas un seul mot. Je suis tellement sur les nerfs que maman ne dit rien.

– Je ne veux pas te mêler à tout ça.

– C'est pas ta décision mais la mienne, j'ai besoin de savoir pourquoi ma sœur a toujours été exclue des événements familiaux.

Je soupire un bon coup et m'apprête à lui révéler toute la vérité. Une boule de tristesse se coince dans ma gorge et je ravale douloureusement mes larmes, je ne dois pas lui montrer que ça m'atteint. Je suis sa grande sœur et malgré mes efforts pour la protéger, ce moment inévitable est arrivé. Quelques jours après que j'ai expliqué à Sofia que je voulais éviter ça, ironique non ? Après quelques minutes, Anaé est bouche bée et ne dit plus un mot mais ne supportant pas ce malaise, je reprends.

Perturbatrice / DARK ROMANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant