Perturbatrice / DARK ROMANCE

Chapitre 39 - AMARIA

Quelques minutes après l'explosion, un bruit sourd résonne dans mes oreilles. Une partie du bâtiment s'est effondrée pendant que l'autre moitié est envahie par les flammes. J'ouvre difficilement les yeux pour regarder autour de moi et tousse à répétition pour expulser la poussière et la cendre bloquée dans mes poumons. Un sensation d'irritation parcourt ma gorge, je décide de me relever et cette étape est plus difficile que prévue. Un débris qui semble provenir du toit bloque ma jambe, je la tire de toutes mes forces afin de pouvoir me dégager de là. C'était une chance que ce morceau de toit était soutenu par d'autres décombres sinon j'aurais perdu l'usage de celle-ci.

Je me relève et tourne dynamiquement la tête de chaque côté afin de trouver un signe de vie, je m'avance de quelques pas avant qu'un cri ne m'interpelle. Sans réfléchir, j'accourt vers celui-ci même si cela implique de devoir m'enfoncer dans le peu de bâtiment encore sur pied. Je me fraye un chemin parmi les ruines, avant d'apercevoir Sofia entrain d'utiliser le peu de force qui lui reste, afin de soulever un morceau de pierre provenant de l'ancien garage assez conséquent.

– Tiens bon tata, je vais te sortir de là.

Un cri d'effort suivit ses paroles. Je m'empresse de la rejoindre pour l'aider avant que le feu ne nous atteigne. La fumée irrite un peu plus ma trachée mais je continue de soulever cette pierre de toute mes force pour aider cette vieille femme à sortir. Un pilier s'effondre à côté de nous et menace de nous toucher. La femme à bout de force, tourne difficilement la tête vers moi et agrippement doucement mon bras.

– Si tu ne l'oblige pas à sortir d'ici, elle mourra avec moi. S'il te plaît protège mia piccola.

Je me tourne vers elle puis vers Sofia qui continue désespérément d'essayer de la sortir de là. Un sentiment de tristesse m'envahit, je sais que c'est sûrement la chose la plus horrible que je m'apprête à faire mais elle a raison. Je prends Sofia dans mes bras et lui chuchote doucement à l'oreille.

– C'est fini, on y arrivera pas. Je suis désolée mais il faut qu'on sorte d'ici avant qu'on se fasse à notre tour engloutir par les flammes.

Elle secoue la tête frénétiquement, les larmes débordent de ses yeux et elle continue de tenter de soulever ce rocher.

– Sofia ! Il faut qu'on s'en aille, m'écriais-je alors qu'un second pilier s'effondre, laissant le dernier mur sans soutien.

– Non, je vais la sauver !

– Piccola ! s'époumone-t-elle.

Sofia se tourne vers elle et s'empresse de la serrer une dernière fois dans ses bras.

– Tata...

– C'est fini piccola, ma dernière heure est venue.

Elle éclate en sanglot dans les bras de la vieille femme.

– Tu as été una ragazza perfetta alors ne m'oblige pas à me souvenir de toi désobéissante. Tu dois sortir d'ici et vivre une vie paisible, celle que tu auras choisie.

– Ti amo tata.

– Ti amo mia fligia.

La vieille femme repousse Sofia doucement, je l'aide à se relever et nous nous dirigeons vers la sortie du domaine. Le bâtiment s'effondre totalement et Sofia se met à genoux, avant de sangloter de plus belle. Je m'approche d'elle pour la prendre dans mes bras, c'est le seul réconfort que je peux lui apporter à cet instant. Je sais que ce n'est pas l'endroit de ses rêves mais voir tous ses souvenirs partir en fumée, ça doit faire un choc. Elle va devoir faire le deuil de son père et de la femme qui l'a élevée et même si je n'ai pas encore connaissance de toute son histoire, je serais là pour elle, jusqu'à la fin.

Attends une seconde.

Je me relève, paniquée. Ophélia, je ne l'ai pas revue depuis l'explosion. J'avance vers le bâtiment sans réfléchir mais Sofia attrape ma main et je m'immobilise. C'est impossible, elle a réussi à sortir de là, elle est sûrement partie depuis bien longtemps. Je me monte la tête, je ne sais pas si c'est un déni mais je refuse d'imaginer qu'elle soit restée là-dedans. Le visage aussi bouleversé que meurtris, je me rends compte que des larmes perlent dans le coin de mes yeux. Sofia s'avance vers moi et colle son front au mien, le visage gonflé et encore humide de larmes.

– Je suis désolée pour tout ça, ma renarde.

– Ce n'est pas ta faute, la rassuré-je.

– Si, j'aurais dû te...

Un coup de feu retentit, le corps de Sofia tombe sur moi et je la réceptionne aussitôt. Je m'assois sur le sol et pose sa tête délicatement sur mes genoux avant de relever la tête pour regarder le coupable. Mon cœur loupe un battement et je sanglote silencieusement, sous le choc. Je sursaute lorsque qu'un second coup de feu retentit suivit de Mattia portant Ophélia dans ses bras. L'homme percute le sol et son corps n'exprime plus aucun signe de vie. Je baisse la tête alors que Sofia semble suffoquer, mes mains rouges de son sang me donnent soudainement la nausée. Je sanglote un peu plus fort tout en la suppliant de rester avec moi mais elle s'évanouit bien avant que quelqu'un ne puisse venir nous secourir.