Chapitre 34

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— Doucement...

Si j'avais reconnu la voix de Quhuang, ce n'était pas ses mains qui me touchaient et leur sensation me fit m'agiter, gronder de mécontentement. J'avais mal. Je ne voulais pas que l'on me manipule. Mais les mains persistaient encore.

Doucement, mes yeux s'ouvrirent, laissant place à une vision trouble et surtout l'absence de Quhuang. J'avais pourtant entendu sa voix, j'en étais sûr.

— Restez calme, Lysanthir, murmura la voix douce d'Aedra, la guérisseuse de la famille royale. 

— Quhuang... balbutiai-je, cherchant à travers la brume de mes sensations.

— Je suis là.

Sa voix me parvint de nouveau sans que je n'arrive à le voir réellement. Comme enveloppé de brouillard, une silhouette avait pourtant avancé du fond de la pièce et... Sa main. Elle attrapa la mienne, je la reconnaissais. La chaleur de sa main contre la mienne m'apaisa instantanément, m'arrachant un soupir de soulagement alors que mon corps se détendait enfin.

— Aedra !

Le soulagement fut de courte durée. La voix rugissante de mon père me fit gronder. Mais la sensation de vide lorsque la main du Démon fut remplacée par celle de ma mère encore plus. Elle s'agenouilla à côté de moi, son visage marqué m'apparaissant par l'inquiétude. Ses doigts effleurèrent mon front avec une douceur dont elle n'avait plus fait preuve depuis mon enfance, lorsque les cauchemars me réveillaient.

— Lysanthir, chuchota-t-elle, sa voix tremblante. Tout va bien...

Je secouai faiblement la tête, quittant sa main pour chercher de nouveau la main de Quhuang. Le vide laissé par son absence était insupportable, une douleur qui surpassait toutes les autres.

— Quhuang... répétai-je, ma voix se brisant.

Le regard de ma mère se leva vers le Démon. Elle sembla hésiter un instant, les sourcils froncés. Ce n'était pas étonnant... Mais cela ne changea rien alors que le Prince s'agenouillait à nouveau près de moi, sa main glissant dans la mienne pour la caresser.

— Je ne te quitte pas, affirma-t-il, sa voix ferme mais douce.

Ma mère, elle, ne prononça aucun mot, se contentant de caresser mes cheveux, lentement, alors qu'Aedra reprenait enfin parole en se tournant vers mon père.

— Il est en train de perdre son énergie vitale. Si nous n'agissons pas rapidement, il mourra.

— Alors agissez ! s'emporta mon père.

 — Je vais utiliser mes compétences pour stabiliser son état, mais cela ne sera qu'une solution temporaire...

Le silence se fit. J'allais donc mourir... C'était là sa conclusion... Et elle ne me plaisait pas, évidemment. Je serrai doucement la main de Quhuang. Plus que cela, j'avais peur.

— Pourquoi est-ce que ça arrive ? demandai-je faiblement, ma voix tremblante.

La guérisseuse reporta son regard sur moi avant d'observer Quhuang.

— Si j'en crois ce que m'a raconté ce démon et Sa Majesté le Roi, votre chaîne éthérée vous a permis de le protéger. Ce lien vous a permis de décupler votre force. Mais vous souvenez-vous de ce que je vous ai appris ?

— Chaque force à sa source... soufflai-je le regard perdu dans le vague.

— La chaîne éthérée prend sa source de l'énergie la plus pure et la plus puissante qui existe dans une fée : son coeur. 

— Il a... commença Quhuang.

— Pour vous protéger de l'énergie de votre adversaire, Lysanthir a puisé dans son coeur de sorte à ce qu'il ne puisse plus se régénérer. Au vu de l'état de son esprit, il devrait être mort à l'heure qu'il est.

Les Quatre RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant