Chapitre 33

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RAZ

– Surprise !

J'arrive à décrocher mon regard du cadavre sur le sol pour dévisager Anastasia. Je pensais que plus rien ne pourrait me déstabiliser ou me choquer. Je pensais avoir vu assez d'horreur dans ce monde pour en être blasé. Mais cette femme a reussi l'impenssable. Je suis incapable de prononcer le moindre mot, trop choqué pour penser correctement. Anastasia, elle, me sourit, comme si toute cette situation était normale et qu'elle s'en réjouissait presque. Ou peut être tente t-elle de se convaincre que tout va bien. Un déni qui engendre peu à peu la folie. L'odeur de cadavre en décomposition est insupportable et je me retiens de respirer par le nez, sinon je pense que je pourrais vomir. Je grimace et cache mon visage dans le creux de mon cou.

– Putain de merde.

Mes yeux croisent ceux d'Anastasia et c'est là que je la vois, cette lueur de démence dans son regard. Une lueur que j'ai toujours pris pour de l'impulsivité et la fougue de sa jeunesse. Il s'agit en fait de la forme d'aliénation la plus pure et la plus dévastatrice. Je me suis fourvoyé sur toute la ligne. Anastasia n'a jamais été un agneau. Elle est le loup dans la bergerie. Et je suis sur le point de me faire dévorer.

Par réflexe, je porte ma main a mon arme mais elle m'arrête dans mon geste.

– Ne fait pas ça. Tu vas tout gâcher.

Elle se lève et enjambe le corps de sa sœur comme s'il ne s'agissait que d'un objet encombrant sur le sol. Elle me tend un verre de vin mais mes mains restent figées sur le manche de mon flingue.

Elle fronce les sourcils, contrariée.

– T'en fais pas, on finit par s'habituer à l'odeur.

Elle fait un pas vers moi mais je recule. Mon esprit est encore trop choqué pour savoir si c'est la situation qui me révulse ou bien si c'est elle.

Elle remarque alors que mon expression de dégoût est dirigée vers elle et je vois que je l'ai blessé. Et même si la situation est totalement lunaire, je culpabilise de lui faire du mal.

– Je me suis doutée que tu réagirais comme ça. Mais dans le fond j'aurais espéré un peu plus de compréhension de ta part.

J'écarquille les yeux.

– De la compréhension ? Bordel Anastasia, t'as butée ta sœur.

A ces mots, elle balance le verre à travers la pièce et il vient s'éclater sur le mur, laissant une marque rouge sang sur le papier peint.

– Arrête de dire ça ! Je l'ai libéré.

Elle tourne le visage vers Olga et un sourire affectueux se dessine sur son visage.

– Regarde comme elle est heureuse maintenant.

Je cligne frénétiquement des yeux, abasourdis. Il faut absolument que je me ressaisisse et que je comprenne ce qui se passe dans cet asile de fou.

– Depuis tout ce temps... ?

Lentement elle se baisse et caresse la joue de sa sœur. Olga a le cou tranché et la plaie grouille d'asticot. Un hoquet de haut le cœur me saisit. Ses yeux sans vie sont exorbités et fixent le mur d'une manière terrifiante. C'est comme s'ils rejouaient la scène de sa mort encore et encore et qu'ils en gardaient les stigmas. Sa peau est d'une blancheur cadavérique, Seul son rouge à lèvre habituelle d'un pourpre profond dénote avec la pâleur de son visage. J'ai beau la scruter, je ne vois pas ce qu'Anastasia entend par "elle est heureuse maintenant". Tout ce que je vois c'est de la douleur, et la mort.

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⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

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