15. Opposition

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𝐋orsque nous terminons les brownies que ma mère a préparés en vitesse en guise de dessert, je lâche un long soupir, soulagée que ce calvaire puisse enfin prendre fin – et par « calvaire », j'entends bien évidemment Bailee ; les brownies, eux, sont délicieux.

J'aide ma mère à ranger les affaires tandis que Bailee est trop occupée à répondre à un message. Oui, ma mère lui a dit qu'elle n'avait pas besoin d'aider, mais quand même. Quand on s'impose comme elle l'a fait dans la vie des gens, aider est le minimum que l'on puisse faire, non ?

Je ne supporte vraiment pas Bailee et ses manières. J'ai l'impression qu'elle fait exprès de tout faire pour m'énerver. Chaque petit détail chez elle est irritant, et ça me donne envie de lui donner un coup de poing en pleine tête. Je ne suis pas du genre à résoudre les choses par la violence, mais tout ce qui la concerne me rend violente et je ne peux rien y faire.

— Alors, tu vas accepter l'invitation de son père ? interrogé-je ma mère en fermant le lave-vaisselle tandis qu'elle remplit le plat d'eau.

Elle pousse un soupir avant de lever la tête vers moi.

— Pourquoi tu me poses cette question ?

— Pour rien, répliqué-je innocemment. Je me demandais juste.

Elle se redresse pour me faire face, croisant les bras devant elle comme pour m'intimider. M'observant de haut en bas, j'ai l'impression de faire quelque chose de mal, comme si ma question l'avait touchée en plein cœur. Je me demande ce que ça signifie.

Ma mère se sentait indéniablement seule quand je suis arrivée ici, et tous ces tableaux en témoignent. Mais les choses n'ont-elles pas changé depuis que je suis là ? Ma présence n'est-elle pas suffisante ? Cherche-t-elle quelque chose de plus ? Voir mon père avec une autre femme lui a-t-il fait réaliser qu'elle pouvait, elle aussi, avoir une nouvelle relation ?

Je ne veux pas être celle qui l'en prive, mais parmi toutes les personnes sur cette terre, dans cette ville, je suis certaine qu'il existe quelqu'un de mieux, quelqu'un qui soit à sa hauteur et qui n'ait pas une fille aussi sournoise que Bailee.

— Qu'en est-il de toi ? Tu ne sais pas ce que tu veux faire après le lycée ?

Je hausse les épaules.

— Je ne vais même plus au lycée. À quoi ça servirait ?

Je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie, mais je sais que je ne veux pas retourner au lycée. Je ne veux pas retourner dans cet endroit où tout me fait peur, où tous les regards et murmures sont une source d'angoisse. J'ai besoin de garder la tête haute, et je ne peux pas le faire là-bas.

Le lycée, ce n'est pas pour moi. Les études non plus. Je ne sais pas ce qui est pour moi.

Les gens passent leurs années de lycée à se demander ce qu'ils souhaitent faire après, à chercher ce que ça pourrait être. Moi, je les ai passées à fuir. Comment alors savoir ce que je veux dans la vie ? Comment le découvrir ? Tout ce que j'ai vu de l'avenir, c'était de la douleur. Et je ne veux pas affronter ça de nouveau. Je ne pourrais pas l'affronter de nouveau. Je dois trouver quelque chose, je le sais, mais je n'ai aucune idée de ce qui est fait pour moi.

Il y a encore quelque temps, je pensais que la vie n'était pas faite pour moi. Comment voir les choses autrement ?

— Aelia... Tu ne peux pas rester ici éternellement. J'ai pensé que tu avais seulement besoin d'un peu de temps pour t'adapter avant de reprendre les cours. Tu ne peux pas rester sans diplôme.

A Life Without MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant