01. Atterrissage

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Temps de lecture : 10 minutes.

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𝐋e choc contre le sol est brutal.

Je laisse échapper un grognement en ressentant une profonde douleur dans mon poignet, comme si quelqu'un l'avait tordu de toutes ses forces. Je suis obligée de me retourner sur le dos pour me relever, m'asseyant tout en saisissant mon poignet de ma main gauche. Ce n'est toutefois pas la seule affliction dans mon corps, et bientôt ma tête commence à me faire exploser de douleur, me forçant à lâcher un autre gémissement de souffrance.

J'ai du mal à comprendre ce qu'il vient de se passer. Mes yeux parcourent rapidement les environs ; je me trouve dans le parc derrière mon appartement, là où les enfants du quartier passent tous leurs après-midis et où les jeunes organisent leurs soirées. Ce soir, cependant, il n'y a personne. Je n'entends aucun bruit et n'aperçois absolument aucune âme autour de moi. Tout ce que je peux voir, ce sont ces arbres qui m'obstruent la vue.

Avec difficulté, je me remets sur pieds en maintenant fermement mon poignet. J'essaie de plonger dans mes souvenirs, mais la dernière chose dont je me souviens est un lever de soleil. Pourtant, il fait déjà nuit. Je ne comprends absolument rien, mais ça n'a pas beaucoup d'importance quand je me retrouve seule dehors la nuit. Je n'ai qu'une possibilité : rentrer rapidement chez moi et fermer la porte à double tour.

La peur s'installe peu à peu en moi, prenant des proportions auxquelles je ne m'attends pas. Sans plus attendre, j'avance droit devant, en direction de mon appartement. Je me sens soulagée de ne voir personne, mais cela m'inquiète aussi. Ça signifie que je serai seule, sans personne à appeler si jamais il m'arrivait quelque chose ; je déteste ce sentiment d'insécurité, surtout quand j'ai probablement un poignet cassé.

Rapidement, j'atteins l'entrée, cherchant mes clés dans ma veste avec panique. Il me faut au moins une minute pour les retrouver et une autre pour réussir à ouvrir la porte tellement j'ai du mal avec ma main gauche – tremblante, en plus de ça. Toutefois, une fois que j'y parviens, je n'attends pas une minute de plus avant d'entrer et de refermer brutalement la porte derrière moi.

L'ascenseur, éternellement en panne, me contraint à prendre les escaliers. Je sens la fatigue peser sur moi, comme si le poids de plusieurs années pesait sur ma conscience. Je fronce les sourcils, peinant à maintenir les yeux ouverts. Cet épuisement me prend d'un coup, m'empêchant de grimper les marches comme je le voudrais.

Il me faut bien trop de temps avant d'arriver enfin à la porte de mon appartement. Je n'ai pas l'impression d'être là, je n'ai pas l'impression de me trouver dans l'instant présent.

Je ne parviens pas à comprendre ce sentiment ; je n'essaie même pas de l'interpréter. Sans plus attendre, j'enfonce mes clés dans la serrure puis entre dans mon appartement, impatiente de retrouver mon lit. L'habitation est plongée dans le noir et je ne prends pas la peine de l'allumer, sachant déjà que la lumière m'éblouira.

À la place, je me déplace à l'aveugle, me guidant avec ma main indemne et ma mémoire pour avancer jusqu'au fond. Comme d'habitude, tout est vide. Mes parents ne sont pas là. J'aimerais ne pas être affectée, mais je n'y parviens pas. Comme à chaque fois, ça serre mon cœur dans ma poitrine. Je suis piquée en plein organe.

J'aimerais rentrer dans un endroit où je me sens en sécurité, où je me sens entourée. Mais ça fait des années que ce n'est plus le cas. Ça fait des années que le sentiment de solitude me dévore les tripes.

Je serre le poing et continue d'avancer jusqu'à apparaître devant ma porte. Elle est fermée, ce qui est inhabituel, mais je ne m'en préoccupe pas plus que ça. Je suis suffisamment épuisée pour ça. J'ouvre la porte d'un coup et retire mes chaussures au bord de mon lit avant de me laisser tomber contre le matelas.

A Life Without MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant